Le vote concernant le tram liégeois a déraillé ces 17 et 24 novembre à Namur, non sur le tracé mais après demande de précisions budgétairesde la part du ministre André Antoine (CDH). L’asbl UrbAgora1, partisane d’une boucle supplémentaire de tram en rive droite de la Meuse, d’une desserte aucœur des quartiers et d’un maillage avec le futur REL (Réseau Express Liégeois), y voit « une opportunité pour améliorer un projetmédiocre ».
La ligne du tram, pour lequel il existe un accord politique, sera longue de 17,6 km avec 27 arrêts entre Jemeppe et Herstal. La voie passera par Sclessin, les Guilllemins(l’esplanade devant la gare TGV), le centre liégeois, le quai Saint-Léonard (en bordure du quartier), Coronmeuse, et le boulevard Zénobe-Gramme (tangentiel au centre deHerstal). Un tronçon supplémentaire de 1,2 km via le pont Atlas desservira Bressoux avec dépôt et maintenance.
Pour UrbAgora, fer de lance d’une revendication pour un itinéraire alternatif, le report du vote ce 17 novembre implique qu’il n’est « pas troptard ». Selon son président François Schreuer, « le gouvernement a la possibilité de modifier son projet tant qu’il n’est pas avalisé. Letracé actuel va à Basse-Campagne, très au nord en bordure d’autoroute à Herstal, mais ne passe pas par le Longdoz, en rive droite, ni à Sainte-Marguerite, maldesservi par les bus en rive gauche. Il est possible de réinjecter des bouts de lignes peu fréquentées pour amorcer un réseau au centre-ville. Le projet actuel estmédiocre. Tant que la décision wallonne n’a pas été prise, nous continuerons à marteler ce point de vue. »
UrbAgora défend les principes d’intermodalité avec le futur REL, avec même titre de transport, et d’un réseau maillé desservant les quartierssaturés (Leman/Saint-Lambert, place des Déportés/Coronmeuse, Val Benoît, Sainte-Marguerite, Longdoz). François Schreuer : « Notre idée estd’aller là où il y a le plus de monde : le tram n’a pas pour but d’être une ligne unique dorsale de l’agglomération sur laquelle serabattraient des lignes de bus. »
L’asbl revendique un premier centrage d’ici 2017 (date de l’Exposition internationale à laquelle Liège est candidate, « levier pour faire avancer ledossier ») au centre-ville, du Val-Benoît à Coromeuse, avec extension vers le dépôt de Bressoux et boucle en rive droite avant la pose de rails enpériurbain au-delà de Sclessin et Coronmeuse « après 2017 ».
L’association concède les cinq franchissements de la Meuse (au lieu d’un seul pour le projet wallon) pour « son » réseau « d’oùun surcoût de quelques millions d’euros, mais les ingénieurs sont payés pour résoudre ces problèmes », mais dément la subordination à« son » itinéraire d’expropriations en rive droite : « C’est faux, dit François Schreuer. Ce sont des rumeurs nonétoffées d’études pour affoler les riverains. Notre tracé implique quinze expropriations en rive gauche à Saint-Léonard (il y en a eu 500 auxGuillemins) pour desservir 5 000 personnes supplémentaires. Cela se justifie par l’intérêt public. » UrbAgora compte encore une desserte de 13 416 logements parla ligne wallonne, contre 30 456 pour le même kilométrage sillonnant le centre avec boucle en rive droite. L’asbl cite « le vecteur d’urbanisation du tram sur lafriche Bavière en Outremeuse et à Fontainebleau à Sainte-Marguerite. »
« Je t’aime, moi non plus »
Pourquoi un tel aiguillage sur les rails ? François Schreuer soupçonne les bourgmestres de la périphérie de Seraing et Herstal d’une relation avec le tram sur lemode « je t’aime, moi non plus ». « C’est-à-dire que, par principe, ils veulent l’investissement, mais ne sont pas prêts à entirer parti. Ils veulent donc un tram en bordure de leur commune, sans bouleverser le mode de vie par des changements de stationnement impopulaires et par des expropriations – surtout àla veille du scrutin communal. Il y a aussi cette échéance de 2017 qui fait que tout le monde se presse dans un projet bâclé. Et puis, il y a une certaine «urbaphobie » : des protagonistes du dossier n’aiment pas la ville et veulent un tram pour le périurbain. Le tram serait alors conçu pour desservir des parkings-relaisen périphérie et non pour la mobilité des citadins. Ces protagonistes vivent à 10, 20 ou 30 km en périphérie verte et le tram doit permettre àleur public et à leurs électeurs d’aller à Liège. C’est un clivage de fond peu exploré qu’on va prochainement mettre en avant »,dit-il.
1. UrbAgora:
-adresse : 19/21 rue Pierreuse à 4000 Liège
– courriel : urbagora.be
– site : www.urbagora.be