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Regard critique · Justice sociale

Santé

Lifting prescrit pour la coopérative des patients de Seraing

Le projet « Sentiers de la santé » ambitionne de donner du sang neuf à la coopérative de patients de la Maison médicale de Seraing.

03-04-2011 Alter Échos n° 313

La maison médicale Bautista Van Schowen1, à Seraing, compte une des plus vieilles coopératives de patients du pays. Le projet « Sentiers de la santé» ambitionne de donner du sang neuf à cette dynamique participative.

Nées dans l’enthousiasme du mouvement soixante-huitard, les maisons médicales ont historiquement fait la part belle à la participation des patients. La forte culturesyndicale à Seraing a favorisé, plus encore qu’ailleurs, l’émergence d’une coopérative de patients. Répondant à l’appel de l’équipe soignante, le 24juin 1977, une cinquantaine de patients se réunissaient pour fonder un collectif qui deviendrait plus tard la Coopérative des patients. Si les objectifs ont quelque peuévolué entre-temps, une des premières actions fut d’aider les coopérateurs à financer les soins non couverts par la sécurité sociale. En 1981, lacoopérative lance son journal, toujours distribué quatre fois par an à ce jour. « Dans la conception de l’époque, les médecins étaientconsidérés comme ceux qui savent et imposent leur point de vue. Mais en matière de santé, c’est quand même les patients les premiers concernés ! C’està eux aussi de prendre en charge leur propre santé », commente Jacques Lange, membre de la coopérative depuis 25 années.

Quatre décennies plus tard, les militants des débuts ont pris de l’âge. Mai 68 est déjà loin dans les mémoires. « Alors que jadis, 32 % des patientsinscrits au centre cotisaient à la Coop, ils ne sont plus aujourd’hui que 17 % à le faire », révèle André Crismer, un des généralistes del’équipe, dans un mémoire consacré à la coopérative2. Quand l’occasion de répondre à un appel à projet de la Fondation Roi Baudouins’est présentée, la Maison médicale et la Coopérative ont sauté dessus pour tenter d’insuffler une nouvelle dynamique à ce processus participatifvieillissant.

Lancé il y a un an tout rond, le projet Sentiers de la santé a pour objectifs : de renforcer la coopérative, l’autonomie et la participation des patients, développer lasolidarité et mieux accorder l’offre de soins et les besoins de la communauté. Des grandes idées qui se traduisent sur le terrain par des « petites » actions concrètes : lacréation d’un groupe de réflexion, des promenades en forêt, des fiches d’information… Ce n’est sans doute pas un traitement de choc, mais les premièresaméliorations sont déjà visibles. « Les participants se rajeunissent un peu. La génération des 30 à 50 ans revient doucement. Mais le renouvellementreste quelque chose qui n’est pas facile, observe Jacques Lange. Il faut de l’énergie pour former un groupe, passer de la parole individuelle à la parole collective, sans que cecollectif ne devienne écrasant. Tout en trouvant sa place et son plaisir en tant que bénévole. »

Dans la salle d’attente

Dans le microcosme de la salle d’attente, des patients de toutes origines sociales et culturelles se croisent. Pour la coopérative, c’est le lieu à investir pour faireconnaître leur action aux autres patients, les informer du fonctionnement de la maison médicale et recueillir leurs commentaires. Pendant des années, un militant y a tenu unepermanence. Mais là aussi, le dynamisme des débuts a fini par faiblir. Un jour, le militant a abandonné sa chaise parmi les patients pour passer derrière le guichet dubureau d’accueil. Aujourd’hui, une des ambitions du projet Sentiers de la santé est de remettre sur pied cette permanence. « Lors de notre récente recherche-action(2008), note André Crismer dans son mémoire, 68 % des patients interrogés connaissaient l’existence de la Coop mais beaucoup ne pouvaient préciser sesactivités. »

Dans le cadre de Sentiers de la santé, la coopérative a par ailleurs la volonté de travailler avec les publics illettrés, analphabètes, ou qui maîtrisentmal la langue française. Ces dernières années, les campagnes de prévention se sont multipliées. Mais les patients les plus fragilisés sont parfoislaissés en marge de ce flux d’information. « La salle d’attente, c’est un passage obligé pour le patient. Mais toutes ces affiches, ces dépliants, est-ce vraiment ce quenous voulons comme vitrine ? », s’interroge Jacques Lange.

Un groupe de travail a planché sur la création de fiches d’information adaptées qui seront préalablement testées par le personnel soignant auprès depatients qui éprouvent des difficultés avec la langue. L’idée d’installer une télé dans la salle d’attente pour diffuser des messages concernant la Maisonmédicale, la coopérative, ou la santé en général fait aussi son chemin.

1. Centre de santé intégré Bautista Van Schowen :
– adresse : rue de la Baume, 215 à 4100 Seraing
– tél. : 04 336 88 77

2. Une association de patients, acteur collectif de promotion de la santé. André Crismer. Texte disponible sur demande à la Fédération des maisonsmédicales, boulevard du Midi, 25 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 514 40 14 – site : www.maisonmedicale.org

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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