« Aujourd’hui, la supervision est à la mode ». Sur ce constat, trois opérateurs de formation ont entamé un travail de réflexion avec d’autrespraticiens de la supervision. Ils ont ensuite mené un plus large débat avec des acteurs concernés par la thématique de la supervision collective dans le secteurnon-marchand. Ils publient aujourd’hui les traces de ces échanges.
Deux formats y donnent accès. D’une part, le livre « Supervisions collectives. Croisements des pratiques, des regards et des savoirs »1 qui vient deparaître sous l’impulsion du trio (Centre de formation permanente de l’Institut Cardijn, Cesep – Centre socialiste d’éducation permanente – et Ciep –Centre d’information et d’éducation populaire du Mouvement ouvrier chrétien –). D’autre part, un cahier électronique sur le site www.labiso.be. Ce dernierintroduit la formule papier en reprenant quelques éléments de manière synthétique. Il pose le cadre en présentant les opérateurs de formationconcernés et leurs pratiques de supervision ; en évoquant les pistes de travail futur.
Supervisions dérivantes ?
Petit résumé. À l’origine de la démarche, on trouve des constats communs : ceux d’une forte demande, de la multiplicité des pratiques de supervisionet de risques de dérives. Face au coaching développé principalement dans le secteur marchand, « face aux pratiques non régulées, sauvages et parfoisdestructrices », une réflexion collective s’est alors amorcée. Elle déblayera de nombreuses questions : « Quel est le cadre éthique qui permet ledéveloppement d’une pratique de supervision où les supervisés sont dans une position d’acteurs ? Comment inscrire la supervision dans une démarched’éducation permanente ? Que met-on au travail dans la supervision et dans quelles perspectives ? Qui sont les superviseurs ? Au service de qui, de quoi travaillent-ils ? Quellesformations pour les superviseurs ?… » Autant d’interrogations qui rythmeront les débats lors notamment d’une journée de réflexion, en janvier 2005. Elles sontretracées aujourd’hui sur le papier.
Une éthique à tenir à l’oeil
On remarquera une certaine prudence à définir la supervision collective. Sans doute, les praticiens se gardent-ils ainsi d’être enfermant. Il n’en reste pas moinsque la prise de distance, de recul semble constituer le cœur de la supervision. « Sollicitations du groupe en supervision, du superviseur, le processus évolue au long desallers-retours faits, selon les circonstances, d’échanges d’expérience, d’apports plus théoriques… Pour aboutir à une idée de changement,à un enrichissement pour l’action. » Il y aurait à être attentif aux finalités. « Les raisons à l’origine de la supervision, ce qu’onentend régler par là s’apparentent parfois à des dérives. Augmenter son contrôle sur une équipe, régler des conflits internes ou de leadership ausein d’une équipe, vouloir faire constater aux autres qu’ils travaillent mal, vouloir les rallier à la « bonne parole »… Des risques à affronter,en se munissant entre autres de garanties tels qu’un temps de clarification lors d’entretiens préalables à la supervision. D’où, certainement,l’intérêt de déterminer un cadre éthique. » Les discussions proposent en ce sens quelques balises pour établir ce cadre éthique. Elles vont de lacontractualisation, à la nécessaire triangulation en passant par des notions de confidentialité des propos.
Pas de supra vision
Le compte-rendu des discussions insistera également sur la co-construction comme élément constitutif du processus de supervision. Le superviseur n’est pas ledétenteur d’une Super Vision, du savoir, de la solution ; tandis que les supervisés seraient en position de « non connaissance », de « non compétence».
Pas de conclusion. Pas de point final. La suite de la réflexion se dessine. Trois nouveaux groupes de travail réunissant des superviseurs sont en passe de voir le jour. L’association paritaire pour l’emploi et la formation (Apef)2 qui a soutenu la démarche jusqu’ici, en sera le maître d’œuvre.
1. Pour commander un exemplaire : secrétariat du Centre de formation permanente de l’Institut Cardijn – Haute école Charleroi-Europe, rue de l’Hocaille, 10 à1348 Louvain-la-Neuve – tél. : 010 48 29 62 – secretariat.cardijn@skynet.be. Prix : 10 euros.
2. L’association regroupe des fonds sociaux du secteur non-marchand. Apef, 48, quai du commerce à 1000 Bruxelles– tél. : 02 02 227 59 70