Pour Christine Schaut, sociologue à l’ULB, il y a des parallélismes forts entre la crise des inondations et la crise du Covid: «Ce sont des populations plus vulnérables qui ont été davantage touchées. Autre parallélisme: dans les deux cas, le logement est l’épicentre de la question.»
Un constat partagé par David Praile, du Rassemblement wallon pour le droit à l’habitat (RWDH). «Le phénomène de relégation sociale, soit le fait que les populations plus fragilisées se retrouvent davantage dans des environnements plus à risque ou moins bien desservis, commence petit à petit à être pris en compte par les politiques publiques. Ça bouge, mais cela reste très compliqué d’avoir une approche globale et intégrée du logement, qui regroupe une série d’enjeux (urbanisation, environnement, droit à la ville…)» (lire «Mal-logement, aussi hors des murs»). L’ambition du gouvernement de Wallonie pour affronter cette «crise du relogement» se veut pourtant ambitieuse, comme l’explique le ministre Christophe Collignon dans nos pages (lire «Nous étions dans une crise du logement. Nous sommes dans une crise du relogement»).
À Bruxelles, la Région a sorti son plan d’urgence Logement avec «plus de 15.000 solutions pour les ménages en attente d’un logement social». Mais cela suffit-il? «Ce sont hélas des solutions sparadraps, je dirais même plus qu’on est dans du palliatif. Quand on regarde la situation du logement à Bruxelles, c’est un pas en avant, trois en arrière», déplore Anne-Sophie Dupont, du RBDH (lire «Crise à tous les étages dans la capitale»).
Comme le rappelle aussi Christine Schaut, philosophes et sociologues considèrent le logement comme l’abri absolu, le siège de l’intimité, là où l’individu se repose. Le lieu de protection ultime. «Or, face à ces crises, il s’est avéré être un lieu qui ne protège plus, voire un lieu risqué.» Risque face aux catastrophes climatiques, risque auquel il faut préparer les esprits et les territoires. «Nous vivrons ce genre de phénomène extrême plus souvent et les infrastructures et maisons seront plus fréquemment endommagées, voire détruites, notamment dans les zones inondables», indique Frédéric Rossano, urbaniste. Ainsi le logement du futur sera peut-être aussi… plus régulièrement détruit. Et, selon les experts, la population doit s’armer pour être plus résiliente (lire «Logements détruits: préparer les esprits et les territoires»).
Et si la résilience se trouvait dans le logement solidaire? C’est une piste avancée dans plusieurs de nos articles. Justement, à Bruxelles, les Associations d’insertion par le logement (AIPL) constituent un levier essentiel en période de crise, en ouvrant des brèches à travers des projets novateurs et des solutions alternatives en matière de logement, à partir des besoins rencontrés sur le terrain (lire «L’insertion par le logement à Bruxelles: au plus près des victimes de la crise»).