Afin de promouvoir les pratiques du logement durable auprès de ses membres, l’Union des villes et communes de Wallonie1 (UVCW) organisait trois rencontres ces 15, 16 et 22 marsderniers. « Si le concept de développement durable a été bien assimilé, il reste encore à faire en termes de pratiques », souligne Philippe Van Wersh,responsable Formation à l’UVCW. Et la commune a un rôle à jouer en ce domaine.
Prérequis
Le Code wallon du logement a consacré la Commune comme opérateur immobilier au travers des programmes communaux du logement. Dans ce cadre, elle rénove ou construit deslogements de transit, d’insertion, sociaux ou moyens à destination de populations diverses.
Ce qui n’est pas sans soulever quelques questions basiques, mais indispensables : « Quel type de logement construire pour accueillir des personnes âgées, handicapées, desjeunes ménages, des isolés ? Comment intégrer la notion de durabilité dans de tels projets ? Comment équiper les bâtiments de manière économiquetout en garantissant le bien-être des occupants ? Quels sont les paramètres socio-économiques et urbanistiques à prendre en compte dans les logements publics ? Quels sontles impacts à long terme de ces choix ? »
La rencontre ambitionnait de répondre à ces différentes questions. Un exposé rappelait la base décrétale des programmes communaux du logement qui visentà mettre en œuvre le « droit à un logement décent en tant que lieu de vie, d’émancipation et d’épanouissement des individus et des familles ».Pour les communes qui renâcleraient à concrétiser ce droit sur leur territoire, le gouvernement réfléchit à un incitant de poids – inscrit dans ladéclaration gouvernementale : ainsi, « les communes qui ne rencontreront pas les objectifs définis en matière de création de logements seront responsabiliséespar une réduction des dotations du fonds des communes. » Il est également prévu d’encourager les partenariats publics-privés (PPP) pour créer du logement. Unecellule plurisciplinaire a été créée au sein du Cabinet du ministre André Antoine, afin de faciliter la mise sur pied de PPP.
Évolution du logement et du public
Charles Mertens, inspecteur général de l’Administration du Logement de la Région wallonne, a axé son intervention sur la nécessité d’intégrer lesaspects sociologiques et économiques dans la production de logements sociaux. Il a renvoyé à la définition du logement durable adopté en 2002 par le Conseilinformel des ministres européens du Logement à Genval2. Pour lui, la notion de bâtiment durable qui consiste « à considérer les impacts du logementsur son milieu environnant doit être complétée par une approche qui tient compte de l’importance du logement pour le mieux-vivre de ses occupants. »
Le logement se doit « d’évoluer en fonction des mutations de la société dans laquelle il s’intègre, voire même de les anticiper afin de répondre auxdesiderata des générations futures. » Par exemple, le logement social n’accueille plus des ouvriers ou des petits employés, mais des personnes sans emploi. Dès lors,le logement est devenu un « lieu permanent d’existence ». Il ne faut donc pas l’isoler de son environnement, afin que l’occupant puisse s’épanouir dans son milieu de vie.
Autre évolution, l’augmentation du nombre de ménages, en particulier de petites tailles (familles monoparentales, isolés…), qui implique de créer plus de logements desurface réduite abordables financièrement. Dans cette optique, il convient d’être attentif à la densification du logement, d’autant plus que « la superficieconsommée au sol par les logements n’a fait qu’augmenter au cours de ces dernières années ». Or, « le sol constitue une ressource non renouvelable. » «À mon sens, déclare l’intervenant, il revient aux décideurs et aux concepteurs de logements sociaux de s’inscrire dans une démarche de gestion parcimonieuse du sol.»
Des charges abordables
Concernant le caractère soutenable du logement public, il faut qu’il soit éco-efficient. Un intérêt sous-jacent est que « la réduction des charges peutégalement avoir un impact en termes de réduction des arriérés de loyer puisqu’il n’est pas rare que des locataires sociaux en difficulté de paiement s’acquittent dumontant des charges plutôt que du loyer. » La proximité de transports publics est aussi une condition pour que le logement soit soutenable, tout comme le fait que le logement soitaccessible aux personnes à mobilité réduite ou adapté aux besoins des seniors. L’intervention de l’asbl « Le Bien Vieillir » portait d’ailleurs sur levieillissement de la population et au recours à l’habitat groupé comme réponse.
Impact économique
La construction de logements a également un impact reconnu de longue date sur l’économie et l’emploi. En 2002, pointe Charles Mertens, « le secteur de la constructionreprésentait en Région wallonne 53.595 emplois, soit 6,4 % de l’emploi total et 9,3 % de l’emploi salarié privé, pour un total de 7.365 entreprises. » Par ailleurs,les programmes d’investissement traditionnels dans le secteur du logement social et le Programme exceptionnel d’investissement (PEI) visant à réhabiliter le parc de logements sociauxprofitent aux PME et aux entreprises locales. À ce sujet, l’architecte Pierre Blondel a pour sa part évoquer les possibilités de reconversion de bâtiments en logementssociaux (ex. : la piscine de la Broucheterre à Charleroi). Ou encore les difficultés d’adapter des logements sociaux classés aux réalités actuelles (VictorBourgeois à Berchem).
Enfin, le secteur du logement social contribue à la réinsertion socioprofessionnelle des habitants des logements sociaux, entre autres via les Régies de quartier.
1. UVCW, rue de l’Étoile 14 à 5000 Namur – tél. : 081 24 06 11 – fax : 081 24 06 10
2. Le logement durable doit être pérenne et adaptable, soutenable et éco-efficient. La définition est consultable sur ce site (rubriques « Réunions »): http://mrw.wallonie.be