En collaboration avec la Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la société wallonne de logement (SWL) vient de publier le premier volume d’unesérie d’ouvrages consacrés au logement public. Porté sur les aspects architecturaux et sociaux, il s’intitule Habiter l’espace rural.
« Le logement public est parmi les outils majeurs d’une politique qui tend à réduire les inégalités afin d’offrir aux populationsles plus précarisées l’un des droits fondamentaux, inscrit à l’article 25 de la Déclaration des droits humains de 1948 : le droit au logement (…)Certains éléments de composition architecturale sont de nature à produire un dispositif propre à créer un espace à vivre de qualité et reconnu commetel par ses occupants. » Tels sont les mots utilisés par Alain Rosenoer, directeur général de la SWL, dans la préface de cet ouvrage. Celui-ci présenteune série de réalisations architecturales dans le secteur du logement public rural, en en soulignant toute la dimension sociale. Un challenge pas si évident ! Comme lesouligne Alain Rosenoer, « l’espace rural n’est en effet pas le lieu de l’émergence naturelle d’une architecture pleinement assumée. La tradition,mais aussi la marginalisation de ce type de logement sur le plan quantitatif, sont autant de facteurs qui rendent la lecture des caractéristiques du logement social ruralparticulièrement ardue tant elles sont diverses. »
Diversité ? Les auteurs de l’ouvrage s’emploient à démontrer ici qu’en dépit des clichés, bien des logements publics sont synonymes derespect du caractère villageois. On est à mille lieues de l’image des HLM et des cités surpeuplées. Grâce à des volontés politiques efficaces etau talent d’architectes, les exemples exposés ici s’inscrivent parfaitement dans des préoccupations esthétiques, environnementales, sociales, fonctionnelles ou encorede mobilité et de pouvoir d’achat… autant de thèmes qui concernent autant les habitants de ces logements que la collectivité dans son ensemble. Sophie Dawancearchitecte et urbaniste, en charge de la direction scientifique de ce premier volume, ne dit pas autre chose : « Les projets présentés dans cet ouvrage répondenttous, partiellement au moins, à ces défis contemporains. C’est sur cette base s’ils ont été choisis (…) Huit projets de logements publics relativementbien répartis sur le territoire wallon (…) montrent différents types d’intervention, de la rénovation d’une petite grange à Lixhe à celled’une ferme en carré à On, de la construction d’une poignée de maisons neuves à Pontaury ou à Libin à l’aménagement de nouveauxquartiers comme à La Calamine ou à Nothomb. »
Dans ses conclusions, l’ouvrage n’élude cependant pas certaines carences liées au logement public rural. Dans un langage quelque peu convenu et un style d’écrituremanquant de simplicité et de clarté, on peut notamment lire cette prose tout à fait pertinente sur le fond : « Les frontières administratives(l’entité « commune ») ne se superposent pas toujours aux réalités du terrain. Autrement dit, une forme de solidarité, d’entraide entreentités, reposant sur un constat objectif des services disponibles et générateurs de potentiel d’accueil de nouveaux habitants aux ressources limitées, suppose uneinversion du processus trop souvent observé qui consiste à analyser une situation confinée aux frontières de l’entité, aux enjeux politiques locaux etimmédiats, et cela afin que contraintes et plus-values soient équitablement réparties. »
Soulignons que cet ouvrage de cent-trente pages est richement illustré, à la fois par des plans architecturaux des logements mis en exergue, mais aussi par des photographiesoù ces demeures apparaissent dans leur dimension vécue, avec leurs habitants à l’avant-plan. Cette dimension humaine se retrouve aussi dans le choix qui a étéfait de donner la parole à des habitants. Certains témoignent, souvent avec fierté, de l’image valorisante de leur habitat, mais aussi de la responsabilitéqu’ils ont à en faire bon usage voire à l’entretenir.
Photo : Logement publics à On (Marche) © Véronique Vercheval