À côté de l’accueil des enfants, le Bébé Bus se veut aussi un projet qui soutient les différences sociales et la mixité culturelle, en étant accessible à tous, sans conditionnalité. Le Bébé Bus n’applique pas de critères d’admission, contrairement à une halte-garderie classique. Le Bébé Bus ne demandera pas non plus aux parents pourquoi ils y inscrivent leur enfant. L’objectif du réseau est simple: la lutte contre l’exclusion sociale, en donnant les mêmes chances aux parents et à leurs enfants, quel que soit le milieu dont ils sont issus. Pour y parvenir, le Bébé Bus est là pour donner une journée de liberté pour se rendre à une formation, un entretien d’embauche ou simplement pour souffler un peu. «On a vraiment dans chacun des Bébé Bus une mixité de parents, mixité qu’on rencontre moins dans les crèches classiques. Certains travaillent, d’autres pas», explique la puéricultrice, Laëtitia Duret. «Les groupes changent beaucoup aussi. Tantôt il y a la moitié des parents qui ne travaillent pas, tantôt le contraire…», complète Déborah Denis, coordinatrice du Bébé Bus de Namur. «On est là pour répondre aux besoins de toutes les familles. On a vraiment une réponse à apporter à chaque famille, à chaque situation, une réponse facilitée par la souplesse de notre dispositif qui fait que tous les profils peuvent être touchés», renchérit la directrice Sophie Ramet. «C’est vrai que le réseau a une attention plus particulière pour les familles plus vulnérables, mais il faut bien garder à l’esprit que la précarité est multidimensionnelle. On a dans le public des familles qui viennent d’horizons divers, allant de familles monoparentales aux grands-parents…», continue la directrice. «Par contre, il s’agit tous d’enfants qui n’ont pas forcément de place dans un autre milieu d’accueil et qui sont gardés par les parents, les grands-parents. Ceux-ci commencent à s’épuiser, ont besoin de temps pour faire autre chose ou pour des rendez-vous médicaux», ajoute Océane Coyette, coordinatrice du Bébé Bus de la Basse-Sambre, de Sombreffe et Floreffe. En tout, ce sont près de 350 familles qui sont aidées chaque année par le réseau des Bébé Bus.
Si le public est varié, les besoins évoluent également d’un Bébé Bus à un autre. «À Namur, le Bébé Bus est implanté au sein des maisons de quartier. On rencontre principalement une population qui ne travaille pas, des familles monoparentales et des parents qui ont besoin de prendre du temps pour eux pour être autre chose qu’un parent 7 jours sur 7», constate Déborah Denis. «À Walcourt, il s’agit de grands-parents qui gardent leurs petits-enfants tous les jours de la semaine et qui s’octroient un répit d’une journée, tandis qu’à quelques kilomètres de là, à Florennes, ce sont des familles monoparentales avec des mamans qui ont un, deux, trois enfants et n’arrivent plus à suivre…», renchérit Valérie Fesler, coordinatrice du Bébé Bus de Mettet, Florennes et Walcourt. «De notre côté, en Haute-Meuse, il y a une demande de plus en plus importante de parents qui veulent suivre une formation», ajoute Laetitia Dujardin. «Il y a aussi des parents qui cherchent un lieu de socialisation pour leur enfant afin de préparer la rentrée à l’école maternelle», continue-t-elle.
«Le projet pédagogique du Bébé Bus est simple : il se fait par la découverte de nouveaux lieux, de nouvelles personnes, de nouvelles règles, soit, en un mot comme en cent, la découverte pour l’enfant du monde qui l’entoure.» Sophie Ramet, directrice du Réseau des Bébé Bus de la province de Namur.
Près de 62% des familles bénéficiant des services du réseau des Bébé Bus sont des ménages où au moins un des deux parents n’exerce pas d’emploi. Pour les aider, le prix revient au maximum à 6 euros, et, pour les petits budgets, la contribution est fixée à 2 euros pour les familles monoparentales, les bénéficiaires d’un revenu de remplacement… Un prix qui fait toute la différence. En 2019, sur l’ensemble du réseau, sur les 322 enfants inscrits, près de 50% ont bénéficié du tarif à 2 euros. «Sur le plan financier, le Bébé Bus est tout à fait abordable», raconte Laetitia Duret, puéricultrice au Bébé Bus de Namur. «En tant que puéricultrice, j’y ai moi-même mis mon enfant quand il était en âge d’y aller. Je suivais alors une formation, et, au niveau des tarifs, c’était très accessible en tant que maman sans emploi.»
Elodie a découvert le Bébé Bus quand son fils avait un an. Elle venait d’emménager dans la région dinantaise et ne connaissait personne: «Je devais chercher un boulot et, avec un petit garçon, ce n’était pas possible…» Elodie souhaitait faire garder son enfant, mais elle se disait que c’était hors de prix. «En appelant le Bébé Bus, la coordinatrice m’a expliqué leur politique tarifaire.» Son fils commence par faire une journée au début, et, désormais, il vient deux fois par semaine, tant Elodie a accroché au projet. «C’est loin d’être une garderie où on parque ses enfants pour la journée. Le projet est très réfléchi avec chaque jour une activité.» Cela lui a permis aussi de faire le point sur sa situation personnelle. «J’en étais arrivée à ne plus avoir de temps pour penser, en ayant tout le temps mon petit garçon avec moi. Je n’avais pas le temps de me poser, de prendre du recul sur ce que je voulais faire, ou de postuler… Avoir accès au Bébé Bus m’a permis d’avoir du temps pour moi et de trouver un emploi.»
Sounya a fait aussi appel au Bébé Bus de la Basse-Sambre. «J’étais épuisée. Mon petit garçon ne faisait pas ses nuits… J’en ai parlé à l’ONE, qui m’a expliqué le concept. Je me suis dit ‘pourquoi pas?’…» De fil en aiguille et comme le contact se passe bien, tant pour elle que pour son fils, elle se lance dans l’aventure. «J’ai commencé par laisser mon fils un jour, puis très vite, il y a passé deux jours.» Au début, c’était pour souffler, s’occuper de son père malade, mais, bientôt, la mère de famille se lance à la recherche d’un emploi. Sounya suit alors une formation d’aide-soignante. «Sans le Bébé Bus, je n’aurais pas pu suivre les cours, faire les évaluations ou les stages tranquillement. J’étais totalement dépendante du Bébé Bus n’ayant pas d’aide extérieure.» Sounya a inscrit aussi son fils dans une crèche classique, «un cadre plus formaté», selon elle. «J’avais l’impression que c’était plus un endroit où on déposait son enfant, alors que je n’ai jamais eu ce sentiment avec les équipes du Bébé Bus. On peut parler de tout et de rien, on vous écoute, on vous soutient…»