Venue de France où elle existe depuis 1985, l’association Habitat et Humanisme a été fondée en Belgique en 2004. Depuis, elle a acquis, construit ou rénové une centaine de logements, dont une trentaine en Région wallonne. Son principal projet immobilier au sud du pays se situe à Hautrage: 26 unités y accueillent des familles dans un souci de mixité et de convivialité. Un modèle qui fonctionne plutôt bien grâce à des propriétaires conscientisés et avec la collaboration d’une agence immobilière sociale.
Hautrage, un village de l’entité de Saint-Ghislain dans le Hainaut. Quelques centaines d’habitants, une jolie petite place plantée d’un kiosque et un couvent de franciscaines. « C’est l’un de nos tout premiers projets, retrace Julie Rondier, directrice d’Habitat et Humanisme. En 2006, les religieuses propriétaires du site voyaient la taille de leur congrégation s’amenuiser; elles se sont retrouvées face à la question de leur avenir et de celui de leur patrimoine. Elles ne souhaitaient clairement pas vendre, mais que leurs bâtiments continuent à servir dans une vocation sociale, d’accueil et de formation. Leurs supérieures sont basées à Lyon et elles connaissaient de longue date le fondateur d’Habitat et Humanisme en France, Bernard Devert, promoteur immobilier devenu, à l’âge de 40 ans, prêtre bâtisseur de logements à destination de familles à revenus modestes. Nous avons travaillé avec elles pendant deux ans, au terme desquels nous leur avons exposé notre projet de redéploiement du site qui visait à y ramener des habitants tout en conservant les activités existantes, dont l’école. Pendant ces deux ans, nous avons rencontré tous les acteurs, essayé de bien comprendre ces bâtiments qui fonctionnaient en mode collectif avec un seul propriétaire tandis que nous étions tenus, en créant du logement, de diviser les lots afin que chacun ait, par exemple, son propre système de chauffage. »
Finalement, en 2008, les sœurs ont cédé la totalité du site à Habitat et Humanisme pour un euro symbolique. En contrepartie, elles conservent pleinement l’usage de la partie conventuelle des lieux. « En vertu d’un commodat, la congrégation garde le droit d’y exercer toute activité religieuse, spirituelle culturelle ou sociale », précise la directrice. Les 3.000 mètres carrés de terrain et les dépendances hors couvent, en revanche, ont été réaffectés. Techniquement et humainement, il a fallu accompagner cette transition. « Nous sommes dans un village et nous sommes venus avec un programme de 26 logements qui vont héberger plus de cent personnes sur le site. Nous avons créé les logements petit à petit au cours de ces dix dernières années. Nous cherchons aussi à garantir une mixité en réunissant des locataires sociaux et quelques propriétaires occupants. »
Habitat et Humanisme défend son pluralisme aussi dans son programme d’acquisition. « Effectivement, un certain nombre de biens d’église nous ont été proposés, dit-elle. Un de nos principaux enjeux, c’est de trouver du foncier à un prix suffisamment bas; nous recherchons donc très largement. » Dans son parc immobilier, on trouve aussi des terrains mis en vente via des appels d’offres publiques par des communes et d’autres issus du marché privé. À Melreux par exemple, en province de Luxembourg, l’association a acheté l’ancien hôtel de la gare en 2011 pour y réaliser un projet social global en partenariat avec différents acteurs locaux. Le bâtiment principal a été rénové en un local associatif et quatre logements, l’un d’entre eux ayant été vendu à une famille à revenus modestes dans la capacité de contracter un emprunt auprès du Fonds wallon du logement; deux sont restés propriété d’Habitat et Humanisme et sont loués via l’agence immobilière sociale (AIS) locale. Le CPAS d’Hotton a racheté le local associatif et le quatrième logement, qui peut accueillir depuis 2013 un couple ou une personne seule avec un enfant se retrouvant dans une situation d’urgence (logement reconnu inhabitable, violence familiale, victime de catastrophe naturelle, sans-abri, etc.). Le bâtiment annexe a été vendu à l’asbl Le Miroir vagabond qui le loue également à des familles à revenus modestes.