Sur la place d’Ensival – une entité de Verviers –, le conteneur de la Croix-Rouge continue d’accueillir les habitants qui ont souffert des inondations durant l’été 2021. Les stigmates restent bien visibles sur les bâtiments aux alentours, mais malgré les difficultés, l’ambiance est conviviale. Océane et Noëlla, les deux facilitatrices, y font leurs permanences une fois par semaine. C’est alors qu’Astrid débarque. La soixantaine, elle raconte sa vie aux deux jeunes femmes. «Je suis seule de chez seule, et je ne compte que sur moi-même. Et vous, vous êtes là pour quoi? Pour la santé, dites-vous?»
Noëlla et Océane lui donnent des explications sur leur métier. «On accompagne des personnes qui rencontrent des difficultés en matière d’accès aux soins de santé.» Astrid leur résume alors sa situation. N’ayant pas de véhicule, et souffrant des jambes, elle est obligée de prendre un taxi pour se rendre à l’hôpital. Elle ne connaît pas les taxis sociaux. Océane et Noëlla lui expliquent le concept. «C’est beaucoup plus avantageux et vous êtes remboursée par la mutuelle», précise Océane, en lui montrant les documents à présenter à la mutuelle et au médecin. Les facilitatrices lui demandent son numéro de téléphone. Noëlla la rappellera le lendemain pour faire le suivi nécessaire avant son prochain rendez-vous à l’hôpital. Ces problèmes de mobilité sont des problèmes fréquents, même dans une ville comme Verviers.
Avant de devenir facilitatrice, Océane faisait des études pour devenir institutrice. «J’ai toujours aimé le contact avec les gens et je voulais vraiment travailler sur le terrain. Autant dire que j’ai trouvé avec ce métier le travail idéal. Les journées ne se ressemblent pas. Il n’y a pas de routine», indique-t-elle. Noëlla, elle, a une formation d’assistante sociale. Comme sa collègue, c’est le travail de terrain qui l’a conduite à postuler pour devenir facilitatrice en santé. «L’aspect relationnel du métier est ce que je préfère, en étant en contact direct avec la population, et ce, au sein même de leurs divers lieux de vie. C’est ce qui fait la particularité du projet: nous devons aller à la rencontre du public», raconte-t-elle. Et d’ajouter: «Ensuite, l’idée que j’avais et qui a été très vite confirmée lors de mes accompagnements est que la santé n’est pas toujours la priorité des personnes. Pour y avoir accès, il faut souvent traverser un labyrinthe. Il existe de nombreuses barrières: numérique, administrative, linguistique, socio-économique, etc. Notre travail est donc de les identifier et de trouver des solutions.»
Toutes les situations ne se valent pas évidemment, mais ce «labyrinthe», comme l’appelle Noëlla, reste néanmoins assez fréquent dans les situations rencontrées sur le terrain. La facilitatrice évoque alors un cas emblématique, celui d’une dame âgée qui rencontre de nombreux problèmes de santé. «Elle a un très bon réseau de soins, un médecin traitant et des infirmières à domicile chaque jour. On pourrait croire que tout va bien pour cette personne. De plus, elle a eu la possibilité de demander des aides matérielles et financières pour la soulager dans ses soins de santé. Cependant, il a fallu entamer des démarches administratives. Chaque papier qu’elle recevait était une source d’angoisse. La situation n’était pas complexe, mais j’ai soulevé un épuisement et une grande détresse. Cela a fait émerger d’autres problèmes plus profonds et je me suis rendu compte que cette dame avait besoin de soutien et de l’écoute d’un professionnel. Actuellement, elle voit une psychologue.»