Flawinne. 17 heures pétantes, tout le monde est en ordre de bataille. La distribution de la cinquantaine de commandes va commencer. 3, 2, 1, partez.
Tout l’après-midi, une équipe d’une petite dizaine de bénévoles s’est activée dans ce local à ranger les produits livrés de la centrale de Floreffe: les légumes dans les bacs, les fromages, les yaourts et la viande dans les frigos. Sans oublier les saint-nicolas en chocolat, c’est de saison!
Les clients affluent, à pied, à vélo ou en voiture. Des vieux, des jeunes, des familles. Ils viennent pour «soutenir les producteurs de la région», pour «la qualité et la cohérence des produits» ou aussi pour «la chaleur humaine», «parce qu’ici, on n’est pas qu’un numéro». «C’est aussi une façon de faire de l’intergénérationnel. Les bénévoles peuvent rencontrer la jeunesse du village, et vice versa», confie une cliente, qui fait toutes ses courses via la boutique en ligne de Paysans-Artisans, et complète son panier à la ferme du coin.
«Des carottes jaunes, v’là que je cherchais après», s’enthousiasme Dominique, membre de la joyeuse troupe, qui s’assure que tout roule. «Aujourd’hui, on a des oignons en trop. Il y a parfois des erreurs, on essaye de les retrouver», explique-t-il. Jacques est à la caisse. Au «froid», campée devant ses frigos pour ne pas trop malmener son vieux dos, Rose sirote sa bière entre deux clients. Ici, comme chaque jeudi, on travaille, mais on prend aussi du bon temps.
«Les légumes ne sont pas toujours bien calibrés ou parfois carrément bizarres, on a déjà eu des radis gros comme des tomates», explique Dominique, qui s’est bien rendu compte à force d’avoir le nez dans les légumes locaux plutôt que dans les rayons des supermarchés «que la terre ne produit pas des choses parfaites». Son coup de cœur à lui? Les moules! «11 euros le kilo, oui c’est pas rien, mais t’en manges une fois t’en veux plus d’autres!», dit-il en me servant une rasade de Maitrank 100 % ardennais que Paysans-Artisans a fait remonter jusqu’aux contrées namuroises.
Flawinne est l’un des 18 points de R’Aliment – un terme qui désigne les lieux de dépôts hebdomadaires où les consommateurs peuvent venir retirer leurs commandes effectuées en ligne – que compte la coopérative, active sur dix communes, bien nommée La République (voir encadré).
C’est Marc Poppe, ancien militaire très actif dans la commune qui a lancé celui-ci il y a environ quatre ans. Pour lui, c’est une façon de s’impliquer dans son village, mais aussi une histoire de famille puisque sa fille, artisane glacière, fait partie de la centaine de producteurs de la coopérative.
«On a commencé doucement. Aujourd’hui, on est bien rodé. On est un des points de R’Aliment qui fonctionne le mieux: entre 50 et 60 commandes par mois, avec un record de 95 en plein Covid, explique Marc, pour qui ce que ce projet vise est bien plus large que la distribution. On va faire des visites chez les producteurs avec les bénévoles pour pouvoir donner des réponses aux clients, on organise des micro-marchés, et on crée du lien social dans le village.»
Il est bientôt 19 heures. Les bacs bleus sont presque vides. Les verres, moins. Entre fin de marché et brocante du dimanche, l’ambiance ici est bon enfant, assurément.