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Regard critique · Justice sociale

Migrations

Maison BaBel: l’accueil
des «bientôt plus MENA»

Depuis peu, la Maison Babel, située à Forest, accompagne deux MENA. Particularité de ces jeunes: bientôt majeurs, ils vont basculer dans le monde des adultes.

Depuis peu, la Maison Babel, située à Forest, accompagne deux MENA. Particularité de ces jeunes: bientôt majeurs, ils vont basculer dans le monde des adultes.

«Les jeunes sont de sortie», prévient Marie Henrotay, coordinatrice à la Maison BaBel. Rien de plus normal lors d’une après-midi ensoleillée. Rien de plus normal aussi pour cette maison, inaugurée en janvier dernier, qui héberge des mineurs étrangers non accompagnés (MENA), peu avant leur majorité, afin d’assurer une transition entre les dispositifs d’accueil et une prise en charge individuelle et autonome du jeune. «On est parti du constat que beaucoup de jeunes se retrouvaient exclus à 18 ans d’un système d’aide, mais ils n’étaient pas prêts du tout à l’autonomie, ne serait-ce que dans le suivi administratif», explique la jeune femme.

Pour la plupart des MENA, le passage à la majorité implique toute une série de changements (logement, formation…) auxquels ils ne sont que très peu, voire pas du tout préparés. Face à cet enjeu majeur, la Maison BaBel propose une manière un peu plus douce d’aider ces garçons à prendre leur envol, en les préparant à devenir autonomes. Actuellement, deux jeunes de 17 ans vivent au sein de la maison. Ils sont arrivés en février. «On a des critères d’éligibilité: les jeunes doivent avoir au moins 17 ans. Parce qu’on est dans un cadre de semi-autonomie. On n’est pas là tous les jours pour les surveiller, les réveiller pour aller à l’école… Il faut qu’ils soient un minimum autonomes. On a décidé de ne pas faire une maison mixte, étant donné qu’il n’y a qu’une seule salle de bain. Du coup, on accueille des garçons, vu leur nombre important parmi les MENA.»

«Après quelques mois d’existence, il y a tout de même cette frustration de ne pas être suffisamment présentes pour eux.» Marie Henrotay, coordinatrice à la Maison BaBel

La Maison BaBel peut en accueillir quatre en tout. Ils pourront rester jusqu’à leur 20 ans, le temps de trouver leur voie, de préparer leur projet d’insertion socioprofessionnelle, notamment. «Les jeunes accueillis ont un profil plus vulnérable, n’arrivant pas à vivre en collectivité comme dans un centre Fedasil ou ayant des besoins psychosociaux plus importants en termes d’écoute, par exemple. Un cas n’est pas l’autre. L’un de nos jeunes revendique une volonté forte d’autonomie et se projette déjà dans sa vie d’adulte, tandis que l’autre a besoin d’un accompagnement plus fort, en nous interpellant énormément. Mais, dans l’ensemble, ils ont des facultés d’adaptation remarquables, d’autonomie pour vivre, se débrouiller…», ajoute Krysia Kowalski, autre coordinatrice de la maison.

Demande importante, ressources limitées

Dans l’organisation, deux permanences ont lieu le mercredi et le dimanche après-midi avec les jeunes et l’équipe des six bénévoles (toutes des femmes), toutes ayant l’habitude de travailler avec un public jeune en proie à l’exclusion sociale. Mais surtout elles concilient leur vie professionnelle avec l’accompagnement du projet. «Ces permanences sont les seuls moments où les jeunes ont l’obligation d’être à la maison afin de régler tout ce qu’il faut avec eux. Pour le reste, on est joignable par GSM en cas de problème ou s’il faut prendre un rendez-vous administratif, scolaire ou médical», poursuit Krysia Kowalski. «Après quelques mois d’existence, il y a tout de même cette frustration de ne pas être suffisamment présentes pour eux, en devant tirer beaucoup sur notre propre corde pour faire vivre ce projet», admet Marie Henrotay.

Seul soutien public: le logement mis à disposition par le CPAS de Forest. Il est loué aux jeunes qui sont inscrits au CPAS et bénéficient du revenu d’intégration. De ce dernier est prélevé un loyer. «Notre implication est forte symboliquement, mais assez simple aussi. On est surtout des facilitateurs», reconnaît Stéphane Roberti, président du CPAS de Forest. «Il faut être honnête: on ne peut pas porter un projet de qualité, tel que celui de Maison BaBel, parce que le nombre de demandes est important… Cela dit, il y a moyen, même avec des ressources limitées, de pouvoir prendre ses responsabilités au niveau local face à la réalité des migrants.» Quant à la Maison BaBel, elle reste à la recherche de dons ou de soutien de bénévoles pour organiser des activités avec les jeunes ou pour les accompagner en journée.

 

 

En savoir plus

«Accueil de Mena: ‘C’est une lucarne sur le monde’», Alter Échos n°434, Cédric Vallet, 30 novembre 2016.

Pierre Jassogne

Pierre Jassogne

Journaliste

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