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Santé

Maison Vésale: visites et voyages

Le 8 mars dernier, le CPAS de la Ville de Bruxelles a ouvert sa nouvelle maison de repos: la maison Vésale, qui propose un accompagnement adapté aux personnes atteintes de maladies neurodégénératives.

Madame Mosselmans dans sa chambre de la maison de repos. Crédit : VB@alter "Vésale".

Le 8 mars dernier, le CPAS de la Ville de Bruxelles a ouvert sa nouvelle maison de repos: la maison Vésale, qui propose un accompagnement adapté aux personnes atteintes de maladies neurodégénératives.

Après sept ans de gestation et de travaux, l’ancien bâtiment de la maison de repos des Fondations réunies a laissé place à la maison Vésale, qui pourra accueillir 128 habitants. Sa structure d’origine a été revisitée par l’architecte Stéphane David. L’essence même de la démarche était d’ouvrir les espaces vers l’extérieur.

Ces ouvertures se concrétisent par de grands espaces communs où le personnel et les habitants évoluent dans ce qui est appelé les «unités de vie». L’objectif: favoriser la rencontre des seniors au sein de plusieurs ambiances. Un salon «cosy» devant une fausse cheminée alterne avec une cuisine-cantine à laquelle les habitants peuvent participer. Le local du personnel s’ouvre sur cet espace de vie via une rambarde vitrée.

Les nouveaux règlements en la matière ont rendu les visites bien plus flexibles.

Rosa Mosselmans est l’une des nouvelles habitantes de la maison Vésale. Cette charmante nonagénaire est plutôt enthousiaste de son nouveau lieu de vie. Le contact semble facilité avec les membres du personnel, tous habillés dans des couleurs vives. Sa nièce, Christine Mosselmans, décrit la différence: «La précédente résidence était plus sombre, plus renfermée et moins moderne. Ici, elle est beaucoup plus libre de ses déplacements. Ce n’est pas pour autant tous les jours facile pour elle. Il faut du temps pour s’habituer. Ça arrive que d’autres habitants soient plus agités, chacun va à son rythme.»

Dans la cantine, plusieurs sont accompagnés d’un proche. Les nouveaux règlements en la matière ont rendu les visites bien plus flexibles.

Thérapie par le voyage

L’une des étonnantes nouveautés de la maison Vésale est son espace «Stib». Dans un couloir longeant des fenêtres, une rangée de sièges colorés, typique du service public, attendent leurs patients passagers. Parmi tous les soins apportés à la signalétique, à la décoration «cosy», aux rapprochements entre personnel et habitants, cet espace peut surprendre. Florence Flamme, neuropsychologue et référente pour la démence, explique la démarche: «Ce sont souvent des Bruxellois qui viennent ici. Il y a un aspect réminiscence. On peut imaginer qu’ils ont souvent pris le tram. Ça peut leur rappeler des souvenirs. C’est intéressant pour stimuler leur mémoire. Et lorsque des habitants ont des problèmes de déambulation, qu’ils veulent partir, aller voir des parents, etc., les amener dans cet endroit est une manière transitionnelle de les calmer, de les concentrer vers un voyage possible.»

Près de 44% des résidents en maisons de repos du CPAS de Bruxelles présentent des signes de désorientation avec différents niveaux de gravité.

Michaël Artisien, directeur de la maison Vésale, précise à son tour l’origine du concept: «L’idée nous est venue du docteur Cilesi, un professeur italien de l’Université de Milan, spécialiste des maladies neurodégénératives. Par contre, proposer une immersion totale, des effets sonores et plus encore, on trouve qu’on y perdait la sobriété qu’on recherchait dans l’effet ‘comme chez soi’. On verra comment on fera vivre cet espace.»

De plus, la démarche pourrait avoir des effets bénéfiques en limitant les fugues, ce que Michaël Artisien tient pourtant à nuancer: «Concrètement, il est beaucoup trop tôt pour estimer que cela fait diminuer les fugues. Le mot fugue n’est d’ailleurs pas adéquat, c’est infantilisant pour nos habitants. Vouloir sortir des locaux, aller au magasin, c’est naturel.»

Près de 44% des résidents en maisons de repos du CPAS de Bruxelles présentent des signes de désorientation avec différents niveaux de gravité. Le problème touche tous les pays industrialisés et mobilise des recherches internationalement. «Nous sommes partis d’une page blanche pour concevoir cette nouvelle pédagogie. On a composé avec les apports de nombreux professionnels», expliquait Pascale Peraïta, présidente du CPAS de la Ville de Bruxelles lors de l’inauguration de la maison. «Nous sommes allés jusqu’au Canada pour rencontrer les pionniers en la matière, par exemple la maison Carpe Diem, l’une des inspirations dans la lutte contre les maladies neurodégénératives.»

En savoir plus

«Hébergement non agréé: pas si sweet home…», Alter Échos n° 431, Sandrine Warsztacki, octobre 2016

 

Vincent Balau

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