18 ans. Droit de vote, permis de conduire, fin de la scolarité obligatoire et de l’autorité parentale, gestion de ses finances et de ses affaires familiales… La liste est longue des changements que la majorité provoque, du jour au lendemain, chez chaque jeune.
Un passage obligé, mais pas toujours sans heurts. Pour les jeunes au parcours difficile – précarité, dysfonctionnements familiaux ou scolaires, exil, problèmes de santé mentale… –, le passage à la majorité est un moment de rupture, donc de fragilité accrue.
C’est qu’au niveau institutionnel, toute une série de dispositifs d’accompagnement prennent fin après 18 ans. Les jeunes sont jetés dans la grande profondeur, sachant parfois à peine nager (lire «Ce passage d’un monde à l’autre peut être très abrupt, mal vécu»). Les mineurs étrangers non accompagnés (Mena), particulièrement fragiles, sont évidemment concernés par cet arrêt net et soudain de l’accueil et de l’accompagnement qui leur étaient offerts (lire «Mena: la course contre le temps»). Les conséquences du passage à la majorité sont aussi très concrètes pour les jeunes délinquants: fini l’IPPJ, bonjour le casier judiciaire et la prison, où rien n’est mis en place pour accueillir les détenus à peine majeurs (lire «Entamer sa vie d’adulte derrière les barreaux»).
Une question se pose en filigrane de ce dossier: est-on vraiment adulte parce qu’on est majeur? «La majorité légale ne coïncide pas du tout avec la majorité psychique», tranche Paul Duroy, psychiatre responsable de l’unité «jeunes adultes» de la clinique Fond’Roy, créée pour accompagner cette «période critique d’un point de vue médical et psychiatrique» (lire «Transition mentale»). Alors que la majorité civile était fixée à 21 ans jusqu’en 1990 en Belgique, aujourd’hui, beaucoup s’accordent à dire qu’à 18 ans, la plupart des jeunes n’ont pas la maturité d’assumer, si brutalement, autant de responsabilités de la vie adulte.
Dans les secteurs d’aide concernés, il y a bien des tentatives d’amortir le choc, d’assurer une transition plus douce. 18-21 ans, 18-23 ans, 18-25 ans… On crée des «entre-deux», on tente d’apporter un peu de continuité à ces jeunes qui, plus que les autres, en ont besoin. L’enjeu étant d’assurer une protection durable, tout en ne négligeant pas le droit des jeunes à l’autodétermination sexuelle et affective (lire «Majorité sexuelle et consentement: que dit le nouveau Code pénal?» et «Très jeunes mamans») et à faire entendre leur voix («Voter à 16 ans aux élections européennes: une fausse bonne idée?»).