Le jeudi 15 mai, une opération de police a permis l’arrestation d’un marchand de sommeil. Ce dernier est fonctionnaire à la Direction générale de la Justice et del’Intérieur de la Commission européenne. Il louait au prix fort des logements insalubres à quelque 60 clandestins, dans des immeubles situés à Bruxelles,Koekelberg, Saint-Josse et Schaerbeek. Après audition par la police, les personnes en séjour illégal devraient être mises à la disposition de l’Office desétrangers pour être rapatriées.
Suite à cela, le Syndicat des locataires1 a lancé un appel à « tous les responsables politiques (fédéraux, régionaux, communaux) pourqu’ils mettent en œuvre dans les plus brefs délais le permis locatif. Ce permis de louer n’est octroyé qu’aux propriétaires dont le bien est en bonétat et adapté à la composition du ménage. Seule cette mesure est de nature à stopper radicalement la honteuse exploitation de la misère humaine par despersonnes sans scrupules. En effet, les illégaux ou les personnes se trouvant dans l’extrême précarité n’iront jamais porter plainte contre l’exploiteurbailleur. » Le syndicat demande aussi une révision de la fiscalité immobilière actuelle (basée sur le revenu cadastral), qui favoriserait les propriétairesindélicats.
Pour sa part, le secrétaire d’État bruxellois au Logement, Alain Hutchinson2, a rappelé son intention de lutter contre les marchands de sommeil à travers leCode du logement. Ce texte touche, entre autres, « à la sécurité et à la salubrité des logements tant privés que publics mis sur le marchélocatif. Les petits meublés, principale source de revenus de ces marchands de sommeil, sont particulièrement visés ».
Et le relogement ?
Reste la question du relogement des personnes une fois le marchand de sommeil démasqué. Si les pouvoirs publics semblent ne pas se poser la question pour les clandestins (cesderniers risquant surtout l’expulsion) ; rien n’est prévu non plus en matière de relogement pour des personnes en situation régulière. C’était d’ailleurs un desconstats établis lors d’un midi du logement social consacré au Code du logement, en avril dernier.
Frédéric Degives, du Service Logement du ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, admettait qu’avec les marchands de sommeil « le relogement est unproblème-clef. Cela explique sans doute la frilosité des bourgmestres à user de leurs pouvoirs pour fermer des logements insalubres. » Et d’ajouter : « Afin definancer une politique de relogement, la Région prévoit un Fonds bruxellois de solidarité, alimenté par les amendes payées par des propriétaires frauduleux.» Côté wallon, Charles Mertens, responsable de la Division logement, au ministère de la Région wallonne, reconnaissait aussi qu’aucun relogement n’étaitprévu lors la fermeture de logements insalubres : « Néanmoins, dans le cas de l’ancrage communal, les communes sont encouragées à créer des logements detransit et d’insertion pour le relogement. »
À l’Observatoire du logement d’Etterbeek, la question du relogement s’est aussi posée plus d’une fois. L’outil permet de détecter les logements insalubres, mais la commune neprend pas en charge le relogement des personnes. Tout au plus, l’administration laisse un délai de trois mois aux personnes pour trouver un autre logement ailleurs.
1. Syndicat des locataires, square Albert Ier, 32 à 1070 Bruxelles, Tél. : 02 522 98 69, fax : 02 524 18 16,
e-mail : syndicatdeslocataires@swing.be
2. Cabinet d’Alain Hutchinson, bd du Régent 21-23 (1er étage) à 1000 Bruxelles, Tél. : 02 506 34 11, fax : 02 511 88 59.