Les bourses d’immersion linguistique sont l’un des dispositifs de mise à niveau des (futurs) travailleurs adoptés par le plan Marshall. Principale nouveauté par rapportau plan langues du Forem : elles s’adressent désormais aussi aux élèves diplômés du secondaire. Mais les organismes de placement àl’étranger, partenaires de l’opération, voient parfois leur projet initial un tant soit peu dénaturé.
Le Forem organisait déjà des bourses d’immersion linguistique pour demandeurs d’emploi, à l’exclusion des autres publics. En 2006, le plan Marshall dégage desmoyens1 qui permettent d’élargir les catégories de bénéficiaires. Désormais, les jeunes détenteurs d’un diplôme du secondaire, ainsi que lesenseignants, peuvent se porter candidats et bénéficier d’une bourse qui couvre jusqu’à 100 % des frais d’une immersion d’un an. Le Foremétablit un partenariat avec la Communauté française et gère la demande et l’octroi de la bourse tandis que des organismes partenaires, agréés, se sont vusconfier le soin d’organiser l’immersion. D’autres mesures complètent le dispositif : stages en entreprise, des chèques formation et des formations intensives.
Depuis le lancement de l’opération en 2006 jusqu’en mars 2009, « 2 000 élèves et 1 000 enseignants ont bénéficié d’une boursed’immersion linguistique, estime le Forem dans un communiqué. Rien qu’en 2008, ce sont 2 462 personnes qui ont bénéficié d’un séjour ou d’une immersionlinguistique, dont 1 152 jeunes. Objectifs à atteindre pour 2009, en immersion, dans la catégorie élèves : 1 500 bourses. »
L’expérience et les réseaux dont disposent les organismes partenaires justifient amplement ces partenariats. Quitte à voir leur projet initial un tant soit peudénaturé par la logique dont le Forem est garant, à savoir : apprendre les langues et, de préférence, les « langues de proximité »(néerlandais, allemand) dans une perspective d’insertion. Ainsi, d’AFS Belgique, une asbl spécialisée dans les programmes interculturels d’immersion, chez quil’on observe une diminution des candidatures pour d’autres destinations que celles privilégiées par les bourses du plan Marshall. « Or notre projet, c’estd’ouvrir à toutes les cultures, et pas seulement aux langues directement utiles », rappelle Dominique Moret2, directrice de la communication chez AFS.« Cela dit, il y a 10 ans, nous avons encadré un étudiant parti vivre un an en Russie, poursuit Anne Sokal, la directrice. À son retour, avant même d’avoirterminé ses études supérieures, il avait reçu quatre propositions d’emploi ! »
Effet d’aubaine et renforcement des relégations
Les organismes partenaires ont l’oreille du Forem. Le dispositif a déjà évolué depuis son lancement. Ainsi, les bourses à destination des pays anglo-saxonsont été réduites entre 50 % et 75 % (en fonction du revenu des parents) et conditionnées à la connaissance préalable soit du néerlandais,soit de l’allemand. Les demandes de bourses pour ces destinations, déjà élevées, ont en effet connu une forte augmentation. « Le rêve américainreste important chez les jeunes, constate Anne Sokal, il n’est pas tellement nécessaire d’offrir des bourses pour susciter des vocations anglophiles. » Faut-ils’étonner, avec un parrain comme Marshall, que tant de jeunes cèdent aux sirènes de l’oncle Tom ? Blague à part, il fallait limiter l’effetd’aubaine, d’où les adaptations précitées.
Une autre adaptation pointée dans le rapport de suivi du plan Marshall de mars 2009 concerne l’octroi de bourses d’immersion aux élèves de l’enseignementqualifiant. Le rapporteur signale que « les mesures prises n’ont toutefois pas permis d’avancées substantielles. »
Et l’avenir ? Il semble trop tôt pour lire dans la boule de cristal les lignes de force de la programmation 2010-2011. Ni les opérateurs ni le Forem ni les cabinets du ministreJean-Claude Marcourt (PS) ne sont en mesure, en ce tout début de législature, de fournir d’information à ce propos.
1. La ventilation par public bénéficiaire des bourses d’immersion n’était pas disponible au Forem, mais leur budget global (diplômés du secondaire,enseignants, chercheurs d’emploi) s’élevait en 2008 à 10 217 500 €. L’ensemble du Plan langues, dont font partie ces bourses, s’élevait la mêmeannée à 21 256 000 €.
2. Dominique Moret, directrice de la communication, AFS Programmes interculturels asbl :
– adresse : Place de l’Alma, 3/11 à 1200 Bruxelles
– tél. : 02 743 85 47
– courriel : dominique.moret@afs.org
– site : www.afsbelgique.be