Action Ciné Médias Jeunes1 est une organisation de jeunesse d’éducation aux médias. Elle donne une boussole aux jeunes sans jamais les prendre de haut.
Ce n’est pas la foule des grands jours à la maison de jeunes de Rebecq ce mercredi après-midi. Il est vrai que le temps est beau, propice aux balades. Une poignée de jeunes,des pré-ados, encore des enfants, regardent une vidéo. C’est un reportage réalisé par des jeunes de la MJ « Le point de rencontre ». Les images sontpeu cadrées, les questions posées sont hésitantes. Mais au final, on rigole bien, on interpelle des passants, on leur parle de sport, on leur tend le micro. Un animateur prodiguequelques conseils. « Il y a trois choses auxquelles faire attention quand on interviewe quelqu’un en filmant : il faut faire en sorte qu’on entende bien, que l’image ne bouge pas etfaire attention au cadre. Il faut que cela soit agréable à regarder. »
Nous assistons à l’une des cinquante animations de l’organisation de jeunesse Action Ciné Médias Jeunes (ACMJ) spécialisée dans l’éducation auxmédias, à tous les médias. Le travail que cette organisation de jeunesse abat n’est pas négligeable. Chaque année, plus de mille jeunes sont touchés parcette entreprise de conscientisation et de création. Éloïse Rouard, la coordinatrice d’ACMJ, explique en quelques mots le travail quotidien de son organisation :« Nous avons une perspective d’éducation aux médias pour les jeunes avec acquisition d’un esprit critique. Nous décortiquons les mécanismes médiatiqueset nous favorisons l’expression et la créativité des jeunes. Enfin, notre dispositif pédagogique amène toujours à une production médiatique. »
« On veut retirer le mot « problème » »
A l’heure du tout numérique et de l’omniprésence de l’écran, ce travail d’éducation aux médias est essentiel. Mais pour les animateurs, pas question de prendrede haut ces jeunes consommateurs d’info et de pub. « C’est vrai qu’on nous appelle pour jouer les pompiers, dit Jonathan Manzitto, animateur à l’ACMJ, notamment dans lesécoles par rapport au web ou à la pub. Mais nous, nous voulons retirer le mot « problème ». Dans ce cas, nous transformons cela en animations visant à la réflexion etau débat, c’est notre but. Sur la publicité, par exemple, nous ne partons pas de l’idée que la pub est un problème. Nous attirons leur attention sur certains points :pourquoi il y a-t-il des spams ? pourquoi des pubs apparaissent-elles en haut à droite de l’écran sur l’ordinateur ? pourquoi affichent-ils cette fille plutôt jolie,etc. L’objectif est que ces jeunes ne soient pas des consommateurs sans réflexion. »
De grands donneurs de leçons sur la publicité ou sur ce qu’il faut voir ou ne pas voir, ils ont dû en voir défiler, les jeunes que côtoie l’ACMJ ! C’est pourquoil’approche de l’association est de se garder de « tout jugement de valeur », comme dit Jonathan Manzitto, sans jamais diaboliser ces médias ni les jeunes qui lesutilisent, car les animateurs eux-mêmes en sont friands. « On aimerait que les jeunes réfléchissent un peu plus à ce qui se passe, lance Jonathan Manzitto,qu’ils aient les clés pour savoir comment l’info a été construite et pourquoi. Ensuite, ils consomment ce qu’ils veulent, mais l’idée est qu’ils le fassentvolontairement. » Jonathan Manzitto est sans cesse étonné, notamment par ces jeunes « qui savent tout de suite de quoi on parle, qui savent directement monter desimages ».
A l’analyse critique de la publicité visant à faire de ces jeunes des consommateurs avertis succèdent parfois des débats enflammés. C’est ce que raconte JonathanManzitto : « Quand on parle de publicité, on peut discuter de campagnes de sensibilisation des maisons de jeunes ou d’associations ou, à l’autre extrême,évoquer les techniques de propagande de certains régimes. » Une fois les échanges essoufflés, c’est la créativité qui est à l’honneur.« On peut terminer la discussion par la réalisation d’une publicité, car c’est dans ce domaine aussi que se développent des techniques trèspointues. » Même si la qualité finale de ces productions n’est pas la priorité de l’ACMJ, elles sont tout de même mises en valeur lors d’expositions, deprojections, de vernissages. « C’est un des axes que nous avons développés, affirme Héloïse Rouard. Il s’agit de la mise en réseau de ces jeunes au traversde leurs productions. »
1. ACMJ :
– adresse : rue Muzet, 12 à 5000 Namur
– tél. : 081 74 29 19
– courriel : info@acmj.be
– site : www.acmj.be
