Le réseau international de Médecins du monde vient de publier son rapport sur l’accès aux soins des personnes vulnérables en Europe durant l’année 2015. Une année marquée par la crise de l’accueil des réfugiés et des migrants. «La vraie déception est venue de la plupart des gouvernements européens, qui ont été incapables de transformer (la) solidarité en une réalité, incapables de s’accorder sur des règles communes permettant de fournir une réponse positive et respectueuse des besoins des personnes fuyant des guerres, des conflits et des situations menaçant leur vie», peut-on lire d’entrée de jeu.
Véritable photographie de l’accès aux soins des personnes vulnérables dans 31 villes issues de 12 pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Royaume-Uni, Suède, Suisse et Turquie), le rapport met en lumière, «une fois de plus», l’exclusion de toute une série de personnes des systèmes de santé de droit commun.
Parmi les personnes qui ont été interrogées afin de rassembler la matière nécessaire, 94,2 % sont des ressortissants étrangers, dont 69,5 % des migrants ressortissants de pays hors de l’UE. De nombreux obstacles dans l’accès aux soins ont été observés. Parmi eux, le manque de couverture médicale pour 67,5 % de ces personnes (97,7% en Belgique !), le besoin d’interprétariat (40,8 %) ou encore les difficultés financières (24,3 %).
Conséquences? Au cours des douze mois précédents, 21,5 % du public interrogé dit avoir renoncé des soins ou à des traitements et 9,2 % se sont vu refuser des soins dans une structure de santé. Le rapport pointe la fragilité particulière des femmes enceintes (43,6 % des femmes enceintes interviewées n’ont pu accéder à des soins prénataux avant leur arrivée dans un centre de MdM) et des enfants (avec un taux de vaccination particulièrement peu élevé).
En plus de montrer les faiblesses de l’accès aux soins, une série de recommandations sont élaborées.
Outre la nécessité «d’offrir des systèmes universels de santé publique fondés sur la solidarité et l’équité, ouverts à toute personne vivant dans l’UE», le rapport recommande de «démonter les murs» construits entre les pays, «en priorité ceux pouvant infliger des blessures»; d’assurer des conditions d’accueil appropriées en accord avec les normes minimales de l’intervention humanitaire ; d’assurer les droits des enfants et des femmes enceintes; mais aussi de protéger les étrangers gravement malades d’une expulsion vers un pays où l’accès effectif aux soins ne peut être garanti.