Le numéro 49 des Échos du crédit consacre son dossier aux difficultés de travail des médiateurs de dettes par rapport à la charge de travail, à l’optique dans lequel le travail social doit se faire aujourd’hui et aux conséquences de tout cela sur la prise en charge des bénéficiaires.
«C’est un secret de polichinelle et un scandale auquel il faut mettre fin. En ces temps de disette budgétaire, les CPAS s’en sortent bien. Leurs équipes attendent le “client” et leurs moyens financiers sont plantureux. Et les cris d’orfraie de leurs présidents n’ont comme unique raison que de chercher à tout prix à préserver leur tranquillité et leur pré carré. Les gouvernements fédéral et des entités fédérées se doivent de réagir fermement et rapidement pour mettre fin à cette exception budgétaire. Cinq minutes de courage politique et le problème sera réglé.»
Telles étaient les quelques phrases d’introduction d’une communication datant du mois d’août 2015. Une communication pour le moins provocatrice de Philippe Defeyt, président du CPAS de Namur, intitulée de manière ironique: «Les CPAS ont trop de moyens et pas assez à faire!» Pour cet homme politique engagé, qui a décidé de raccrocher les gants début juillet de cette année pour laisser la place aux jeunes, il est urgent de stopper la «CPAS-isation» de l’action publique car ces institutions étouffent sous le poids des demandes légitimes des personnes qu’ils accueillent en nombre croissant. Parce que les CPAS sont inégaux en moyens humains et financiers, tout simplement parce beaucoup de communes sont pauvres, les effets pervers d’un transfert de responsabilités vers les CPAS apparaissent au grand jour: d’une part, des citoyens ne sont pas ou plus traités de manière équitable suivant le CPAS dont ils dépendent. D’autre part, alors que le CPAS est en principe une institution «refuge» de dernier ressort, il est de plus en plus une institution plus «accueillante» que les autres institutions de l’État-providence. Pour Philippe Defeyt, le CPAS doit rester, ou plutôt redevenir, une institution de dernier recours, non une ambulance qui ramasse tous ceux – de plus en plus nombreux – que le peloton et la course abandonnent.
Nous évoquions dans un dossier des Échos du crédit, paru au premier trimestre 2015, l’impact du manque de moyens rencontré par de nombreux CPAS, avec la décision prise par certains de supprimer leur service de médiation de dettes, en déléguant cette mission vers l’associatif ou en la rapatriant vers les services de première ligne.
Dans un tel contexte, il va sans dire que les conditions de travail pour les travailleurs sociaux et plus spécifiquement pour les médiateurs de dettes ne sont pas optimales. Au point de se poser la question si leur dignité humaine, tout autant que celle des usagers, est bien respectée.
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>> Le prochain numéro d’Alter Échos consacrera son dossier aux difficultés actuelles rencontrées par les CPAS.