A l’occasion du sommet Africités, ONU Habitat présentait à Dakar « l’initiative pour la prospérité des villes », un réseau de villes qui ambitionnent de mesurer leur développement à l’aune d’un indicateur alternatif de croissance.
Le PIB ne fait pas le bonheur. Pour mesurer la richesse autrement que de façon strictement pécuniaire, des indicateurs alternatifs de croissance se mettent en place. C’est dans cet état d’esprit qu’ONU Habitat, le programme des Nations-Unies pour l’urbanisation, qui publie tous les deux ans un rapport sur l’état des villes dans le monde, a créé l’indice pour la prospérité des villes. « L’indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) se base sur le PIB, l’éducation et la santé. D’autres indices ont été développés plus tard en prenant en compte l’écologie. Mais la plupart de ces indices se situent toujours au niveau national. L’indice de la prospérité des villes a d’abord l’avantage d’être un indice urbain. Ensuite, il va au-delà de l’IDH en prenant en compte les infrastructures, l’environnement et surtout les inégalités », se félicite Gora Mboup, directeur de l’Observatoire urbain mondial. Pour mesurer l’ampleur du phénomène d’urbanisation, rappelons que, selon les estimations, presque trois habitants sur quatre dans le monde vivront en ville d’ici 2050. « L’accent disproportionné mis sur la prospérité purement financière a conduit à des inégalités croissantes entre riches et pauvres, généré de graves distorsions dans la forme et la fonctionnalité des villes et causé de graves dommages à l’environnement », souligne le directeur exécutif d’ONU Habitat, Joan Clos.
Un indice qui roule
Pour illustrer ce nouvel instrument de mesure, ONU Habitat a dessiné une roue. Chaque rayon représente l’un des cinq critères pris en compte pour jauger la prospérité urbaine : la productivité mais aussi les infrastructures, la qualité de vie, l’environnement et l’équité sociale. « Si un rayon est cassé, la roue ne peut pas tourner », prend le directeur de l’Observatoire urbain mondial comme image. Ainsi, des villes comme Cape Town ou Johannesburg, qui affichent une belle croissance économique, se retrouvent soudain classées au rang des mauvais élèves en raison de leurs inégalités économiques et du taux de criminalité qui en découle.
Par ce travail, ONU Habitat entend aussi attirer l’attention sur la problématique croissante de la privatisation de l’espace public. « A l’origine des villes, les routes n’étaient pas qu’un moyen de transport. C’était aussi un endroit où les gens se rencontraient. Aujourd’hui, dans beaucoup de villes, la mobilité a pris le dessus sur les fonctions sociales, culturelles ou politiques. Il faut revenir à ces aspects et pour cela, il faut de l’espace. Au moins 50 % de la ville devrait être alloué à l’espace public. Ce qui n’est possible qu’en densifiant la ville. On ne peut pas parler de prospérité s’il n’y a pas une communauté. Et l’on ne peut pas parler de communauté s’il n’y a pas d’espace pour se rencontrer », conclut Gora Mboup, directeur de l’Observatoire urbain mondial.
Pour passer de l’indice à la pratique, ONU Habitat lance un Forum. Les villes qui participeront s’engageront à se faire évaluer sur base de ce nouvel index et à suivre une feuille de route.
A l’occasion du sommet Africités, ONU Habitat présentait à Dakar « l’initiative pour la prospérité des villes », un réseau de villes qui ambitionnent de mesurer leur développement à l’aune d’un indicateur alternatif de croissance.
En savoir plus
ONU-Habitat, Bureau de liaison avec l’Union européenne :
– adresse : rue Montoyer, 14 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 503 35 72
– courriel : unhabitat.support@skynet.be
– site : http://www.unhabitat.org
– Revoir le docu web de notre collègue Arnaud Grégoire sur le Bonheur brut : http://www.lebonheurbrut.be
– Alter Echos n° 305 « https://www.alterechos.be/index.php?p=sum&c=a&n=305&l=1&d=i&art_id=20834 Iweps : le bonheur c’est combien ? »