« Nous lançons un produit original : des vêtements adaptés pour personnes handicapées ! » L’annonce, enthousiaste, était lancée par MarcLafontaine, échevin (PS) du Redéploiement économique, de l’Emploi et de la Formation de Flémalle lors d’une conférence de presse le 19 févrierdernier. « Nous », c’est plus précisément l’atelier de confection textile de l’entreprise de formation par le travail (EFT) Mobitex, dontl’échevin est aussi président. Un nouveau créneau qui signe la relance de l’atelier et la volonté d’ancrer davantage l’expérience desstagiaires dans les réalités économiques.
La confection et la vente de vêtements de mode pour personnes handicapées, totalement négligées par le marché wallon, constitueraient une véritable nicheéconomique prometteuse, d’après Marc Lafontaine. Ce qui en fait une belle opportunité de relance de l’atelier textile abrité par l’EFTMobitex1.
Intégrer une dynamique commerciale
C’est que l’atelier de formation en couture revient de loin. « Jusqu’il y a peu, on a eu tendance à maintenir nos publics dans le social, reconnaîtl’échevin flémallois. Aujourd’hui, il s’agit de les mettre en adéquation avec les pourvoyeurs d’emploi. » Comment ? En les confrontant le pluspossible avec l’ensemble des logiques qui sous-tendent l’activité des entreprises classiques. Donc notamment en renforçant la dynamique commerciale de l’atelier deconfection de Mobitex. Outre les nouveaux produits, Mobitex offre désormais des services en ligne et d’achat par correspondance, assortis d’un service de livraison àdomicile. Les activités de retouches et les commandes spécifiques sont bien entendu maintenues, mais le vêtement adapté fonde une véritable logique d’expansionde l’atelier de confection. Avec l’espoir que l’activité devienne suffisamment rentable pour permettre, à terme, l’embauche d’une seconde formatrice, cequi éviterait de solliciter un nouveau subside.
Les personnes handicapées ont des besoins particuliers en matière vestimentaire. Une personne en chaise roulante, par exemple, aura besoin de pantalons plus hauts àl’arrière, plus bas à l’avant et disposant de poches sur les jambes. Identifier ces besoins spécifiques et les rencontrer à travers la création devêtements qui soient beaux tout autant que fonctionnels, tel est le défi inédit que s’est lancé l’équipe de stagiaires et la formatrice del’atelier de confection de Mobitex. Une expérience particulière, basée sur le « sur-mesure », qui constituera un atout dans leur future recherched’emploi, estiment Claudel Guitard, directrice de Mobitex, et Marc Lafontaine.
Pour inaugurer sa nouvelle ligne de vêtements, baptisée « Printemps ‘60 », l’atelier de confection a préparé un défilé,présenté lors de la soirée d’ouverture du salon Autonomies2, le 20 février dernier. Les stagiaires étaient associés à toutes lesétapes de la production : dessin des modèles, confection des tenues, répétitions avec les mannequins, etc.
Ex-stagiaire devenue formatrice
La redynamisation de l’atelier de confection repose notamment sur une rencontre : celle de Nathalie Bourgeois, l’actuelle formatrice. D’abord éducatrice socioculturelleactive dans le monde associatif, elle abandonne ce secteur avant de s’adonner en autodidacte à la couture et à la confection, avant de reprendre une formation chez Mobitex. Durantcelle-ci, elle décroche un stage chez le styliste Tom Göbbels. Très rapidement, celui-ci l’encourage à présenter une première collection personnelle dansun défilé liégeois. Qui sera suivi d’un défilé parisien où elle paraît encore étonnée aujourd’hui d’avoirremporté le 1er prix, pourtant confirmé par d’autres succès. La quarantaine décomplexée, la jeune femme s’est rapidement fait un nom dans lemonde du stylisme. Et consent à se laisser rattraper par ses premières amours lorsque Mobitex la re-contacte pour dynamiser son atelier textile. Sa passion et ses réseaux dans lemilieu de la confection en font un profil idéal pour renforcer l’articulation entre l’EFT et les employeurs potentiel.
Mobitex et la confection textile
Mobitex est une entreprise de formation par le travail (EFT) créée en 1996 par le CPAS de Flémalle et agréée par la Région wallonne depuis 1998. Ellecompte aujourd’hui huit salariés et une cinquantaine de stagiaires s’y forment chaque année dans trois filières : menuiserie et rénovation de mobilier, coutureet création textile, blanchisserie. Les personnes en formation ont parfois jusqu’à dix ou quinze ans d’inactivité professionnelle. La première tâche,dite de resocialisation, consiste souvent à les amener à respecter des horaires liés à une organisation collective. D’après Claudel Guitard, la directrice, untiers des personnes trouvent un emploi ou accèdent à une formation qualifiante à l’issue des six à dix-huit mois de stage. Une proportion qui monte à 60 % sixmois plus tard. Accessible aux non-flémallois, l’entreprise compte en moyenne 20 % de stagiaires domiciliés dans la commune elle-même.
La section « textile » de Mobitex forme actuellement cinq stagiaires, dont un homme d’origine marocaine, retoucheur de métier mais rencontrant des difficultésà faire valoir ses compétences en Belgique notamment à cause de sa méconnaissance initiale du français. Les quatre autres stagiaires sont, comme la plupart de ceuxqui passent par cet atelier, des « femmes rentrantes », selon l’inélégante expression consacrée. « À l’issue de leur stage, elles sontrelancées soit directement sur le marché du travail (pour la plupart), soit en accédant à une formation qualifiante», explique Claudel Guitard, directrice del’EFT.
1. Mobitex
– adresse : Grand’Route, 572 à 4400 Flémalle
– tél. : 04 231 09 53
– courriel : claudel.guitard@mobitex.be
– site : www.mobitex.be
2. Salon bisannuel, consacré à tous les aspects de la vie des personnes handicapées, de leur entourage et des associations qui s’y consacrent.
Site : http://www.autonomies.be