Pour attirer davantage de bénéficiaires, le dispositif des chèques-langues, financé par la Région de Bruxelles-Capitale pour améliorer les compétences linguistiques des demandeurs d’emploi, a été revu en profondeur. Paradoxe: les frais liés à ce dispositif ont diminué.
«Sur une période de trois ans, les dépenses pour les chèques-langues d’Actiris ont été réduites d’un tiers, passant de 5,7 à 3,8 millions d’euros. Alors que la demande de travailleurs bilingues est grande sur le marché de l’emploi bruxellois. Ce qui nécessite précisément davantage d’investissements dans des cours de langues, et non moins», déplore la députée bruxelloise sp.a Hannelore Goeman.
Du côté d’Actiris, son porte-parole Jan Gatz affirme que le nombre de chèques n’a pas diminué, tout comme le nombre de bénéficiaires qui, entre 2014 et 2016, a même augmenté, passant de 8.071 à 8.775 personnes. «Ce qui a changé, par contre, c’est le format des cours. Avant, ils étaient individuels. Désormais, pour favoriser l’assiduité aux cours, on travaille en groupe de trois à six apprenants», explique Jan Gatz. Sans surprise, c’est pour la connaissance du néerlandais – qui se révèle être le plus grand frein dans l’accès au marché de l’emploi à Bruxelles – que la majorité des chèques sont délivrés avec 77% contre 4% en français, 18% en anglais et moins de 1% pour l’allemand.
42% des offres d’emploi reçues chez Actiris nécessitent la connaissance du néerlandais.
En 2015, le dispositif des chèques-langues avait pourtant été évalué négativement. «Les chèques bénéficient principalement aux chercheurs d’emploi qui disposent déjà de connaissances linguistiques suffisantes pour décrocher un emploi et ne concernent donc pas ceux qui en ont le plus besoin», relevait alors l’évaluation faite sur le dispositif pour le ministre bruxellois de l’Emploi, Didier Gosuin (Défi). Le système a donc été revu de fond en comble l’an dernier afin d’élargir le spectre des bénéficiaires des chèques. «Mais le budget consacré aux chèques n’a pas diminué», précise le ministre. «Ce qui diminue, par contre, ce sont les frais liés aux cours individuels au profit des cours collectifs, moins onéreux à organiser», poursuit-il. Le budget total pour le dispositif avancé par Gosuin étant de 7,6 millions en 2017, il reste donc une partie du budget non utilisé.
«Avant la réforme, de nombreux demandeurs d’emploi optaient pour ces cours individuels, mais ils n’étaient pas toujours adaptés à leurs compétences avec un niveau exigé trop élevé, ce qui créait une démotivation, puis un abandon des cours», ajoute, de son côté, Jan Gatz d’Actiris. «Selon le niveau d’études, on constate depuis la réforme que les profils des bénéficiaires correspondent davantage à celui des demandeurs d’emploi inscrits chez Actiris. Il en va de même si on analyse l’âge et la durée d’inoccupation des bénéficiaires de la mesure», continue le ministre Gosuin.
Du côté du ministre comme d’Actiris, on rappelle aussi que d’autres dispositifs ont vu le jour et ont été étendus, à l’instar de la plateforme d’apprentissage linguistique en ligne, Brulingua qui compte plus de 32.000 inscrits.
Malgré ces changements, la députée socialiste flamande s’étonne que le nombre de cours collectifs n’ait pas davantage augmenté. «C’est d’autant plus nécessaire que 42% des offres d’emploi reçues chez Actiris nécessitent la connaissance du néerlandais et que seuls 22,3% des demandeurs d’emploi indiquent disposer d’une connaissance moyenne du néerlandais. La seule réponse est d’augmenter le nombre de ces cours d’autant plus que le budget libéré pour ces chèques n’est pas entièrement dépensé», reproche Hannelore Goeman.
En savoir plus
«Pas d’emploi pour les jeunes», Alter Échos n° 429-430, 28 septembre 2016, Julien Winkel