« Mon P’tit Café de Quartier »1 est un lieu de rencontre et d’intégration au travail unique au Québec. Il favorise l’inclusion et laparticipation sociale des personnes vivant avec une déficience intellectuelle (d.i.). En plus d’offrir des formations dans le domaine de la restauration, ce café, initiative duParrainage civique les Marronniers2 (PCM), est un endroit convivial de libre expression, d’implication et de conscientisation. Mais malgré son succès, les fondateurs duprojet ont encore quelques défis à relever.
La naissance du café
Le PCM, un organisme à but non lucratif, permet à des personnes présentant une déficience intellectuelle de développer une relation d’amitié etd’entraide, en étant jumelés avec des citoyens bénévoles, les parrains. Au cours des années, les membres de l’organisme, qui existe depuis 1980, ontconstaté que les filleuls se sentent seuls ; en effet, ils ont peu d’opportunités pour rencontrer des amis et développer des relations significatives avec d’autrespersonnes. «Ces personnes souffrent des conséquences de leur différence : l’isolement, le rejet, voire même l’indifférence », nous explique VirginiePaquin, directrice générale du PCM. Peu à peu est apparue l’idée d’un lieu de rencontre informel qui permettrait aux filleuls de s’intégrer dansla communauté, de manière satisfaisante et valorisante. Depuis février 2004, Mon P’tit Café de Quartier permet aux personnes vivant avec une déficienceintellectuelle de participer activement, de diverses façons, à la mise en place du café.
Une intégration à tous les niveaux
Ce qui fait le cœur du café, ce sont les stages de formation de trois mois qui procurent aux personnes ayant une déficience intellectuelle, des outils pour intégrer lemarché du travail dans le milieu de la restauration. Ce stage leur permet de développer des habiletés au niveau du service à la clientèle. « La formationpermet aux personnes présentant une déficience intellectuelle d’acquérir des compétences, mais surtout la confiance, explique Michael Plamondon, formateur et agentd’intégration. Ils apprennent à travailler en équipe et à gérer les situations de stress. »
L’endroit se veut d’abord convivial ; un lieu de libre expression, d’implication et de conscientisation. Les clients ayant une déficience intellectuelle sont bienaccueillis dans cet endroit chaleureux et adapté. Les menus, faciles à consulter avec photos couleur et cases à cocher, offrent des produits biologiques et équitablesà prix modiques. À l’approche du temps des fêtes, les clients peuvent acheter des cartes de Noël ainsi que les tableaux accrochés aux murs, touscréés par des artistes ayant une déficience intellectuelle. Ensuite, les personnes présentant une déficience intellectuelle peuvent être membres des «Amis du café ». Le groupe se rencontre une fois par mois pour organiser des activités afin d’amasser des fonds. Enfin, pour conscientiser les citoyens, des messagesd’information démystifiant la déficience intellectuelle sont affichés un peu partout à l’intérieur du café. À éviter : le terme « déficience mentale », trop souvent confondue avec les problèmes de santé mentale qui n’ont rien à voir avec la déficience intellectuelle. Àéviter aussi, parler d’une personne « atteinte » ou « souffrant » de déficience intellectuelle, car celle-ci n’est pas une maladie dont on souffre, et certainement pas contagieuse!
Les défis du quotidien
Au niveau de l’intervention, gérer les incompréhensions entre stagiaires, trouver des outils aide-mémoire et l’approche individuelle d’apprentissagepermettant à chaque stagiaire d’assimiler l’information constituent des défis quotidiens pour M. Plamondon. « Ils n’acceptent pas leur déficience.C’est la plus grande difficulté à surmonter. Puis, le plus important est d’établir un lien de confiance avec eux, car un nouveau milieu de travail est une grandesource de stress et d’insécurité », raconte-t-il.
Et au niveau de la gestion du café? « Et bien je suis seul à tout faire!, répond du tac au tac Michael Plamondon. Le manque de ressources fait que les plus petitestâches, par exemple faire les commissions, deviennent compliquées. » En effet, le café survit surtout graâce aux subventions ; les ventes ne suffisent pas pour fairerouler la boîte. « Le café n’a pas de financement récurrent suffisant ; en fait il n’en a pas du tout. On sait tous que la recherche de financement épuiseénormément les groupes », nous confie Virginie Paquin, qui est aussi la coordonnatrice du café. C’est beaucoup de travail pour elle et pour l’agentd’intégration qui supporte 200 membres, les activités, le recrutement de bénévoles, les entrevues pour les stages, les jumelages, le journal, etc. Heureusement, uneéquipe de bénévoles soutient leur travail. « Nous sommes confiants, et convaincus que nous y arriverons, conclut Virginie Paquin. Car les résultats sontdéjà là, dans la démystification de la déficience intellectuelle, l’intégration de plus d’une vingtaine de personnes, un sentiment de fierté pour nosfilleuls, un plus grand rayonnement de l’organisme dans son ensemble et une plus grande reconnaissance de la cause. »
1. Mon P’tit Café de Quartier, rue Rachel Est à 3870 Montréal – tél. : 514/253 86 08 – Contact : Michael Plamondon. Entrevue radiophonique permettant de découvrir le P’tit Café de Quartier (extraitsaudio sur le site de Radio Canada)
2. Parrainage civique les Marronniers, rue Dandurand à 3958 Montréal – tél. : 514/374 90 50 – courriel :pcminfo@bellnet.ca – Contact : Virginie Paquin.