Organisée depuis fin 2008 par la Régie des quartiers citoyenneté1, située à Mouscron, la formation Treiz’Prop permet aux stagiaires de se formerà la confection de produits d’entretien naturels ainsi qu’à leur vente. Le projet est novateur, mais peine à se faire connaître.
Lorsque l’on pénètre dans le magasin Treiz’Prop, dans le quartier des Blommes à Mouscron, le ton est très vite donné. Disposés le long des murs, diversrécipients contenant un panel varié de produits d’entretien naturels donnent une ambiance écolo à l’endroit qui bientôt s’anime avec l’arrivée d’EricDelattre, médiateur social. Actif à ce titre depuis huit ans, notre homme ne se fait pas prier pour expliquer la teneur d’un projet qui depuis sa création a accueilli huitstagiaires (sur la quarantaine de stagiaires dont la Régie s’occupe par an) issus de Mouscron et qui s’inscrit plus globalement dans une démarche de réflexion menée par laRégie concernant le développement durable et le « consommer autrement ».
« L’idée est venue suite à une formation donnée par Elea [NDLR une asbl active dans le domaine de l’habitat durable, de l’éco-construction] à laquellenous avons participé. Nous y avons vu matière à quelque chose qui pouvait inclure divers aspects, qu’ils soient sociaux, techniques ou encore pédagogiques »,nous dit-il. Et en effet, les stagiaires semblent bel et bien présents d’un bout à l’autre du processus puisqu’outre une « relation client » mise enœuvre le mercredi après-midi lors de l’ouverture du magasin, ils s’appliquent également à la confection des produits, à la gestion de la comptabilité, desstocks, du budget, ou encore à la recherche du matériel nécessaire.
« J’ai tout appris ici »
Si la mise à l’emploi suite aux formations données par la Régie miroite toujours à l’horizon, l’objectif de Treiz’Prop semble néanmoins souvent d’un autre ordre.Extrêmement éloignés de l’emploi (« Notre public, ce sont ceux que la Mirho [Mission régionale du Hainaut occidental] et Lire et écrire nousenvoient », précise Eric Delattre), les stagiaires doivent quelquefois presque tout reprendre de zéro, comme Valérie, une des « historiques » duprojet puisqu’elle faisait partie des premières stagiaires. « J’ai tout appris ici, même à prendre le bus. Je ne m’en remets d’ailleurs toujours pas, nous dit-elle dansun sourire visiblement ému. Ici, on vit ensemble, il y a du lien social. »
Impliqués par périodes de trois mois, éventuellement renouvelables trois fois (pour un total de douze mois), les stagiaires se voient donc pris en charge, soutenus.« Il ne s’agit pas de formations qualifiantes, précise Annie Staelens, formatrice. Nous développons plutôt une approche où nous essayons d’aborder ce quipourrait intéresser les stagiaires dans différents domaines. Nous essayons aussi de leur faire prendre conscience de leurs capacités. Quelquefois certains d’entre eux arriventchez nous et disent : « Je ne sais rien faire, je n’ai aucune capacité ». Nous leur disons : « Oui, tu as des qualités, tu dois juste les trouver ». »
Avec des effets palpables, si l’on en croit les travailleurs. Des effets qui peuvent aller jusqu’à la mise à l’emploi. « Nous constatons en effet souvent une plus-valuepour les stagiaires, note Eric Delattre. Qu’il s’agisse de la gestion de leur budget, de leurs problèmes de famille ou d’alcool. Mais il y en a aussi qui trouvent du boulot. Si un stagiaire deTreiz’Prop peut prendre cinq commandes, pourquoi ne pourrait-il pas le faire également dans d’autres domaines ? A ce niveau, nous avons d’ailleurs une certaine frustrationpuisqu’après les stages, il n’y a pas grand-chose que l’on puisse encore faire. Nous ne pouvons pas pousser le travail jusqu’au bout en engageant les stagiaires comme travailleurs, commeles Régies des quartiers en France le font par exemple. »
Trop peu de soutien ?
Au registre frustration, Eric Delattre en pointe une autre : la difficulté pour la Régie, mais aussi pour le projet Treiz’Prop, de se faire connaître. « Noussommes constitués en asbl paracommunale, ce qui induit certaines lourdeurs dans le travail, déplore-t-il. Cela fait par exemple près d’un an que nous avons rédigéun dépliant toutes-boîtes pour faire de la pub pour le projet et que nous attendons qu’il nous soit renvoyé après supervision. C’est un peu dommage de voir qu’un projetd’insertion axé sur la création de produits naturels [plutôt dans l’air du temps, NDLR] est ignoré par le politique… » A bon entendeur…
1. Régie des quartiers citoyenneté, Treiz’Prop :
– adresse : rue des Horticulteurs, 13/1 à 7700 Mouscron
– tél. : 0493 51 79 49
– courriel : treizprop@gmail.com