Le nombre d’immigrés qui viennent en Belgique pour se marier ou dans le cadre d’un regroupement familial est en constante augmentation. L’année dernière, ils étaientofficiellement 31 342, selon la réponse de Patrick Dewael, ministre de l’Intérieur à une question parlementaire de la députée anversoise d’origine marocaine NahimaLanjri. Celle-ci a calculé, l’ampleur du phénomène aurait plus que doublé en trois ans à Anvers (de 1 751 cas en 2002 à 4 348 en 2005).
En cause, l’absence d’homogénéité entre les législations européennes : la « filière belge » serait notamment de plus en plus prisée par lesimmigrés résidant aux Pays-Bas. Une mise en garde peu « politiquement correcte » mais qui a le mérite de soulever une question relativement taboue…
Cas type cité par Nahima Lanjri : un immigré de nationalité néerlandaise fait venir sa future partenaire, par exemple de Turquie, en Belgique, où celle-ci peutplus facilement obtenir un permis de séjour. Il lui cherche ensuite un logement et du travail. Après six mois, la nouvelle venue peut se déplacer librement en Europe et part auxPays-Bas où, après un certain laps de temps, elle peut demander la naturalisation. Selon la ministre néerlandaise de l’immigration, Rita Verdonk (VVD), le nombre deNéerlandais résidant en Belgique a pratiquement doublé en deux ans, et « un très grand nombre » de ceux-ci ne sont pas néerlandais de souche.
Pour Nahima Lanjri, toutefois, le problème ne se limite pas à ces situations types. Beaucoup de parents ou de grands-parents d’immigrés vivant en Belgique s’engouffreraientégalement dans ce schéma, faisant ensuite venir ici leurs enfants restés au pays. Ce « système » a des conséquences au Maroc. Tout un circuit de mariages en cascades’est créé là-bas. Un mariage avec un Belge d’origine marocaine se vend entre 5.000 et 7.000 euros dans la rue, parfois jusqu’à 20.000 euros. Certains sont mariéstrois, quatre ou même cinq fois. Dans d’autres cas, il n’y a pas de transaction financière, c’est une forte pression familiale qui pousse à épouser le neveu ou lanièce, par exemple. Enfin, certains font venir une jeune femme du Maroc pour en faire, pratiquement, une esclave.
Mais, selon Nahima Lanjri, les femmes ne sont pas les seules victimes du système. Elle cite le cas d’un jeune Marocain qui avait fait venir sa future épouse du Maroc aprèsl’avoir rencontrée une seule fois. Le mariage avait mal tourné dès le premier jour, son épouse avait immédiatement pris ses distances, demandé le divorce etexigé une pension alimentaire. Le mari s’en était sorti en faisant constater par un médecin la virginité de sa partenaire. Pour des jeunes gens issus d’une cultureplutôt machiste, il est souvent difficile de faire valoir ses droits de victime, ou même d’admettre qu’ils ont été grugés. Selon Nahima Lanjri, dans le cas oùle mariage tient bon, l’étape suivante est souvent la venue des parents en Belgique, suivie de celle des frères et sœurs, bien souvent, au moins dans un premier temps, sous letoit des jeunes mariés.
Mariages arrangés et sécurité sociale
Il y a aussi des tendances plus spontanées qui poussent les Belges d’origine marocaine à chercher un ou une conjointe au Maroc. Ainsi, les jeunes Belgo-Marocains auraient un peu,auprès des Marocaines, une image de « loosers« , incapables de trouver du travail, et moins modernes que les jeunes de là-bas. De la même façon, les jeunesBelgo-Marocaines passeraient pour moins bonnes ménagères que les jeunes femmes restées au pays. Toutefois, lorsque ce type de mariage se concrétise, les « couples mixtes »ainsi formés découvrent bien souvent des désavantages insoupçonnés à cette union en constatant que les différences de mentalité entre ici etlà-bas sont bien plus considérables qu’ils n’imaginaient au départ.
En résumé, pour la députée CD&V, les mariages arrangés font de nombreuses victimes dans les familles et creusent le trou de la sécuritésociale. Elle estime qu’il existe, au sein même de la communauté immigrée, une demande pour davantage de réglementation en matière de sécurité sociale,les « plus intégrés » s’étonnant de la rapidité avec laquelle les nouveaux arrivants obtiennent des droits. Nahima Lanjri pose enfin également le problème del’intégration de tous ces nouveaux arrivants qui, selon elle, constitueraient « en fait une fausse troisième ou quatrième génération ».
D’après De Morgen et De Standaard.