Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Social

Noces de bois pour les acteurs sociaux schaerbeekois

La Coordination de l’action sociale de Schaerbeek (CASS) a célébré ses cinq ans d’existence. L’occasion de faire le point sur les relations entre secteur public et associatifdans la commune.

29-03-2010 Alter Échos n° 292

La Coordination de l’action sociale de Schaerbeek (CASS) a célébré ses cinq ans d’existence. L’occasion de faire le point sur les relations entre secteur public et associatifdans la commune.

CPAS-associatif, liaisons dangereuses ? À croire le titre de son colloque anniversaire, la CASS1 a choisi de jouer cartes sur table. Cette structure réunit le CPAS deSchaerbeek, d’une part, et la Coordination sociale (CS), d’autre part. La CS, qui existe depuis 30 ans, rassemble, quant à elle, associations et institutions œuvrant dans le domainesocial. CPAS + CS = CASS. Si l’équation peut paraître un brin complexe pour l’observateur non initié aux subtilités schaerbeekoises, l’objectif ne peut être plusclair : dépasser les méfiances entre acteurs pour travailler main dans la main, donc plus efficacement, à la lutte contre la pauvreté. « Dans unesociété complexe comme la nôtre, une même famille, un même individu, est souvent confronté à de nombreux défis : logement, santé, emploi…une approche transversale est gage de cohérence », souligne Marie-Rose Warichet, vice-présidente de la CASS.

À Schaerbeek, les relations entre l’associatif et le secteur public n’ont pas toujours été un long fleuve tranquille. Fin des années ’70, le CPAS fait un premier pas.Mais la concertation mise en place tourne vite court. Il faut dire que la présence au pouvoir du bourgmestre populiste, Roger Nols, n’est pas des plus romantique… Quant aux années’90, les asbl semblent plus préoccupées par la chasse aux subsides que par le travail en réseau.

En 2004, la CASS voit finalement le jour. Son comité de pilotage est composé de façon paritaire de quatre représentants du CPAS et autant de la CS. « Le CPASn’a pas voulu garder la main, mais marquer sa reconnaissance des associations par un partage égal du pouvoir de décision », souligne Dominique Decoux, l’actuelleprésidente.

Un objectif mobilisateur

Pour le couple public-associatif, le colloque fut l’occasion de prendre un peu de recul à travers le regard neutre d’un expert. C’est George Liénard, professeurà l’UCL, qui a joué le rôle du sage. Reprenant quelques principes généraux sur l’analyse des organisations, le sociologue posait le diagnostic suivant :« Nous sommes en présence de deux cultures de travail très différentes. Le CPAS est un lieu administratif, au sens non péjoratif du terme. C’est uneorganisation où la hiérarchie est très présente. Du côté associatif, au contraire, on a des structures indépendantes qui s’intègrent defaçon volontaire au sein de la CS. Le lien hiérarchique est faible, voire, inexistant. » Par ailleurs, note le professeur, « le CPAS dépend d’une logique demajorité politique, sa légitimité est fondée sur les élections. Les associations, elles, sont une émanation de la société civile ».Jouer l’interface entre organisations aux modes de fonctionnement différents, est forcément complexe. « La seule façon de surmonter les éventuellestensions, est de toujours remettre en avant l’objectif partagé », a insisté Liénard. Il ne s’agit pas moins, rappelons-le, que de mieux lutter contre lapauvreté.

Se donner le temps

En découvrant les projets mis en place par la CASS – citons par exemple la campagne contre les logements vides ou la réalisation d’un guide de l’accompagnement –nul doute que ces cinq années de vie commune auront permis de dépasser en partie les méfiances initiales. Reste que pour construire un partenariat solide, encore faut-il semontrer disponible. Les travailleurs de l’associatif n’ont pas manqué de le faire remarquer à leurs confrères du CPAS, trop débordés pour participer auxdifférents groupes de travail. Message reçu ! Devant une salle remplie, Dominique Decoux s’est formellement engagée à ce que la situation change. « Nousferons tout pour que les travailleurs du CPAS puissent avoir le temps de participer aux travaux de la CASS (…). Les équipes seront significativement renforcées dans les prochainessemaines, ce qui devrait permettre à chacun de retrouver un peu de temps. »

1. CASS :
– adresse : rue Vifquin, 2 à 1030 Schaerbeek
– tél. : 02 247 33 22 ou 02 247 33 13
– site : www.cass-cssa.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)