La question aurait pu être : Où vivront nos enfants demain ? Ou encore : Est-ce que mes enfants auront un emploi demain ? Autant de questions qui rejoignent la première. Et, à bien y regarder, il est légitime de se poser ces questions. Et nombreux sont ceux qui le font. Qu’il s’agisse de simples citoyens ou d’élus locaux. Il y a quelques années, à Waterloo, les édiles communaux se demandaient déjà quelle politique de logement la ville devait mettre en œuvre pour garder ses jeunes. Ils constataient que nombre de jeunes waterlootois n’avaient d’autre possibilité que d’aller voir ailleurs pour trouver un logement décent à prix abordable. Et il y a peu de chances qu’ils l’aient trouvé sur Bruxelles, où les classes moyennes actives peinent de plus en plus à trouver un logement. Quant aux petits salaires qui font tourner la Région bruxelloise, il serait intéressant de savoir où vivent les caissières des supermarchés, les chauffeurs de la Stib, les policiers… Avec leurs revenus, certains ont déjà opté depuis longtemps pour la vie en périphérie, voire bien au-delà.
Et même là, si l’immobilier est parfois moins cher qu’ailleurs, la question qui se pose de plus en plus est celle de la mobilité. Malgré quelques microbaisses occasionnelles, le coût du carburant ne va pas en diminuant. Tout comme celui de l’énergie. Ainsi, en province de Luxembourg, les quatre façades campagnardes n’ont plus la cote. Parce que si leur prix à l’achat peut se révéler avantageux aujourd’hui, ce gain risque vite d’être englouti par les coûts liés à la mobilité et au chauffage. Ce constat, la CPDT (Conférence permanente du développement territorial) l’a déjà analysé en mesurant les conséquences à venir de l’impact du pic pétrolier (voir Alter Echos n° 306-307 du 15.12.2010 : « Pic pétrolier : « Il faudra bouger moins et mieux »). Les plus précaires trinqueront. Et ceux qui sont à la limite basculeront dans la précarité.
Le décor dans lequel nos enfants risquent d’être amenés à grandir est plutôt sombre. D’autant plus que les chances de décrocher un emploi s’amenuisent. Aujourd’hui, les faillites se succèdent. La précarité du travail et les minijobs gagnent du terrain. Quant à ceux qui arrivent à conserver leur emploi, leur charge de travail se fait de plus en plus pesante. Avant même d’entamer un simple cursus scolaire d’école primaire, leur avenir professionnel semble davantage s’apparenter au slogan punk : « No future ! »
Il est heureux dans ce contexte que les projets citoyens se multiplient depuis quelques années. Que nombre d’entre eux tranchent avec le pessimisme ambiant. Que des projets rassembleurs, comme les coopératives, reviennent sur le devant de la scène économique et sociale pour créer des logements, des emplois, des sources d’approvisionnement énergétique, ou de nouvelles institutions financières. Peut-être est-ce cela la solution, tous comptes faits.