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Regard critique · Justice sociale

Nouveau plan quinquennal de la cohésion sociale

Le ministre Charles Picqué, chargé de la Cohésion sociale au sein du Collège de la Cocof, a lancé la procédure de nouvelle programmation des contrats avecles communes et les associations.

01-03-2010 Alter Échos n° 290

Le ministre Charles Picqué, chargé de la Cohésion sociale au sein du Collège de la Cocof (Commission communautaire française), a lancé la procédurede nouvelle programmation des contrats avec les communes et les associations.

Après cinq ans de programmation soutenant plus de 700 initiatives et actions avec un budget de 8 millions d’euros, le gouvernement de la Cocof a revu les priorités dudécret cohésion sociale. Pour Charles Picqué, ces priorités étaient sans doute trop nombreuses : « Le programme était un peu un »fourre-tout ». Pour moi, la cohésion sociale, c’est assurer le « vivre ensemble », mais c’est aussi donner des outils pour l’ascension sociale. »

Objectifs de la nouvelle programmation : resserrer les boulons autour de trois priorités, à savoir le soutien à l’accompagnement scolaire,l’alphabétisation via l’enseignement du français, et l’accompagnement des primo-arrivants. Ces priorités se basent notamment sur une étude del’Igeat1 décrivant l’évolution de la population bruxelloise. Plus nombreuse, plus jeune, plus cosmopolite, aux écarts socio-économiques persistants,et rencontrant des difficultés dans les dispositifs scolaires et d’insertion sur le marché du travail. L’étude fait le constat qu’un quart des jeunes sortent del’enseignement secondaire sans diplôme. « C’est un avantage de formation que les Bruxellois ont perdu en environ une génération », souligneBenjamin Wayens, chercheur à l’Igeat.

Des changements pour les opérateurs

Les conséquences risquent d’être importantes pour les opérateurs. « Certains projets sportifs ne cadrent vraiment pas avec ces priorités. Mais ils sontsoutenus par d’autres dispositifs de la Cocof. Nous chercherons à prolonger l’aide faite aux opérateurs en les invitant à évoluer vers nos priorités,rassure le ministre. Quant aux projets culturels, des ateliers théâtraux peuvent bien sûr contribuer à l’apprentissage de la langue », concède celuiqui fut ministre de la Culture dans les années ’90.

Quant à l’évaluation des contrats précédents, on en parle peu. « Ils ont été évalués par le Cracs, chargé de celapar le gouvernement. » Le rapport du Cracs a été remis au gouvernement le 15 mars… qui a décidé les nouvelles priorités le 11 du même mois, soitavant la remise du rapport.

Bisbille dans la majorité ?

Une certaine tension entre les partenaires socialistes et écolos du gouvernement s’est ressentie de cette précipitation. « Le rapport n’est pas public. On nepeut préjuger de son contenu, mais il est piquant de constater que le ministre n’attend pas un rapport qu’il a lui-même subventionné pour décider »,nous déclare Alain Maron, député écolo, qui suit le dossier.

L’esquisse du rapport présentée devant les opérateurs de cohésion sociale en janvier peut nous donner une indication. On y décrivait quatre typesd’attentes des opérateurs de terrain : l’intégration sociale, la lutte contre les discriminations, l’émancipation culturelle et la valorisation desidentités de rupture et la production des identités culturelles. Ces attentes ne semblent pas vraiment rencontrées.

« Les priorités décidées risquent de privilégier une vision « socio-économique » par rapport à une vision « socio-culturelle » », estimeAlain Maron qui retient néanmoins plusieurs points positifs : la constitution d’un cadastre de l’offre existante, l’articulation des politiques en la matière avecles communes et les communautés et l’accord d’étudier un projet de décret pour l’accueil des primo-arrivants en lien avec la Commission communautairecommune.

Concernant ce projet de décret, le ministre se veut prudent. « Ce débat doit encore venir. Cette priorité se place dans cette perspective. L’ignorance desdeux langues nationales par les primo-arrivants devient une réalité problématique. Les flux migratoires amènent une population importante, il faut gérer leurarrivée », soutient-il.

La répartition des dossiers entre les treize communes concernées et les contrats régionaux signés en direct avec les associations reste approximativement de 80/20.

Concrètement, les dossiers2 devront être rentrés pour le 23 avril au plus tard.

1. Les éléments principaux de cette étude ont été utilisés dans l’établissement du baromètre social. Ce dernier est disponiblesur le site : www.observatbru.be
2. Les documents seront bientôt téléchargeables sur le site de la Cocof : www.cocof.irisnet.be/site/fr/affsoc/cohesion/justifs

Jacques Remacle

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