Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Archives

Nouvel observatoire de la sécurité en Région bruxelloise

Le ministre-président bruxellois Charles Picqué (PS)1 a annoncé la création d’un Observatoire bruxellois de la sécurité et de laprévention de la criminalité destiné à mieux comprendre et à lutter plus efficacement contre les nouvelles formes de violence urbaine. Depuis le début desannées ’90, en plus des incivilités chroniques au niveau local, les dix-neuf communes de la Région-capitale font régulièrement face à des émeutes età des actes de violence perpétrés par des bandes organisées. L’objectif d’un tel organe sera d’orienter plus efficacement les politiques menées par la Régionbruxelloise dans ce domaine.

03-11-2008 Alter Échos n° 261

Le ministre-président bruxellois Charles Picqué (PS)1 a annoncé la création d’un Observatoire bruxellois de la sécurité et de laprévention de la criminalité destiné à mieux comprendre et à lutter plus efficacement contre les nouvelles formes de violence urbaine. Depuis le début desannées ’90, en plus des incivilités chroniques au niveau local, les dix-neuf communes de la Région-capitale font régulièrement face à des émeutes età des actes de violence perpétrés par des bandes organisées. L’objectif d’un tel organe sera d’orienter plus efficacement les politiques menées par la Régionbruxelloise dans ce domaine.

Charles Picqué a émis cette proposition en marge d’un colloque organisé le 7 octobre dernier au Parlement bruxellois visant à évaluer, avec les acteurs deterrain, les contrats de sécurité et de prévention mis en place il y a déjà 15 ans et adaptés au fil du temps. Selon le ministre-président, le futurObservatoire de la sécurité aura principalement trois missions. Premièrement, il devra diagnostiquer les phénomènes sur la base d’enquêtescoûteuses (200 000 euros par enquête) afin de mieux saisir la perception de la sécurité par les habitants. Il pourra recueillir et analyser les phénomènescriminels sur la base des statistiques policières et de toute autre ressource disponible. Il devra établir un « profilage » des auteurs de violence en évitant touteforme de stigmatisation. Deuxièmement, l’observatoire devra diffuser l’information à l’aide d’une coopération avec les universités, des bulletinsen ligne et des colloques. Troisièmement, il devra développer des relations internationales avec d’autres villes qui travaillent sur la même thématique.Concrètement, l’observatoire sera basé à l’administration régionale des pouvoirs locaux. Il nécessitera l’engagement d’un(e) coordinateur(trice), d’un(e)criminologue, d’un(e) statisticien(ne) et d’un(e) assistant(e) bilingue.

En chiffres, la Région bruxelloise investit actuellement quelque 20,6 millions d’euros par an dans ces contrats de prévention, soit quatre fois plus qu’il y a dix ans. Depuis 1997,elle a injecté plus de 150 millions d’euros dans les politiques de prévention qui dépassent d’ailleurs le cadre de ces contrats (engagement de gardiens de parcs, destewards à la Stib, etc.). Les contrats eux-mêmes représentent aussi 587 emplois à temps plein.

Vers une police régionale ?

Se référant à la compétence de justice et de police des Länders allemands, le ministre-président bruxellois a déclaré – dans lescoulisses du colloque – qu’il n’y avait « pas de sujets tabou en matière de régionalisation. Le moment d’évaluer nos politiques est très bienchoisi car lors des négociations au niveau fédéral, certains voudraient évacuer vers les entités fédérées ce qu’ils appellent lescompétences usurpées. On devra être très attentif à la garantie des financements lors de l’éventuel transfert des compétences. Personnellement,je ne suis pas opposé à la régionalisation des services de police. Cela nous permettra de revoir les conditions de recrutement et le niveau de qualifications requises car ungrand nombre de jeunes bruxellois francophones qui n’ont pas terminé leurs études secondaires feraient de très bons policiers si on pouvait les former. »

Lors de la table ronde concluant le colloque, Jacques Devaux, directeur coordinateur de la police fédérale pour l’arrondissement de Bruxelles-Capitale a regrettél’absence des magistrats dans l’hémicycle. Le Directeur a plaidé pour l’insertion de la délinquance juvénile comme une priorité, lacréation d’un réseau liant plus étroitement les analystes stratégiques des six zones de police au parquet de Bruxelles comme ce qui a étéréalisé lors des récentes émeutes d’Anderlecht et il a félicité la campagne de parrainage policier des écoles bruxelloises. « Il n’yavait que trois personnes dans le service de prévention de ma commune en 1996. Aujourd’hui, c’est un service qui compte 40 personnes. Cela donne une belle idée del’importance accordée à la sécurité par les pouvoirs locaux et régionaux », a déclaré Hervé Doyen (CDH), bourgmestre de Jette, enrappelant qu’il était urgent de trouver des moyens pour pérenniser les projets au delà d’une année. Étonnée de la liste des carencesévoquées par les bourgmestres, Véronique Paulus de Chatelet (MR), gouverneur de Bruxelles, a rappelé que « l’outil de coordination entre la police et leparquet fonctionne déjà, il existe également des arrêtés royaux qui précisent la politique de prévention et le gouverneur soude ces initiatives.»

À chacun sa solution…

Vincent De Wolf (MR), bourgmestre d’Etterbeek, a évoqué l’idée de « toucher les grands frères en passant par les petits frères », unestratégie qui aurait déjà réussi à éviter des émeutes dans sa commune. Patrick Carolus, chef de la section économique et sociale au parquet deBruxelles, a rappelé la nécessité de prévenir les incivilités pour éviter la grande criminalité. « C’est la théorie de la vitrebrisée. Une vitre brisée donne l’image de l’absence de contrôle dans un lieu, ce qui engendre une criminalité encore plus grave. »

Interrogé sur sa commune, Freddy Thielemans (PS), bourgmestre de Bruxelles-Ville, a expliqué que « la Ville de Bruxelles s’appuie sur une police citoyenne car nous nevoulons pas de robocops partout sur le terrain. Nous avons mis sur pied l’asbl Bravvo pour centraliser la politique de prévention communale et nous analysons les problèmesd’accoutumance et de transit. Il y a encore du travail mais il faut aussi reconnaître le travail accompli. »

Prenant la parole lors de la séance de questions-réponses, des acteurs de terrain (agents de prévention) ont fait remarquer aux responsables politiques le manque de suivi desinitiatives, le manque d’interlocuteurs permanents et la négligence dans le traitement des diagnostics locaux de sécurité. L’insécurité et lacriminalité menacent Bruxelles, y compris ses organes chargés de la sécurité et de la prévention. Ainsi, au moment de la rédaction de ce billet, le siteweb de l’asbl Bravvo http://www.bravvo.be était piraté par un groupe de cybercriminels turcs et musulmansbasés en Suisse.

1. Cabinet Picqué
:
– adresse : rue Ducale, 9 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 506 32 11
– courriel : info@picque.be
– site : www.charlespicque.be

Mehmet Koksal

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)