L’année européenne de lutte contre la pauvreté voit fleurir les initiatives en matière de sans-abrisme. Le projet européen Hope et la cellule Hestias’attaquent spécifiquement à la problématique des personnes en errance dans les gares.
Selon la SNCB, il y aurait à Bruxelles environ 150 personnes en errance dans les gares, dont à peu près 40 % rien qu’à la gare Centrale. Des sans-abri quioccasionnent des nuisances en termes de propreté des lieux publics mais aussi du point de vue de la sécurité, ou en tout cas du sentiment de sécurité, desvoyageurs. La SNCB est donc intéressée au premier chef par les mesures qui pourraient être prises pour endiguer le phénomène du sans-abrisme dans les gares.
Cela tombe bien ! En effet, année européenne de lutte contre la pauvreté, les initiatives en matière de sans-abrisme se multiplient. Ce d’autant que la Belgiqueassure la présidence de l’Union à partir de juillet prochain. C’est dans ce contexte qu’a été présenté le projet européen Hope instations (pour « Homeless people in european train stations »). Il s’agit d’une expérimentation sociale ciblée sur les personnes en errance dans les gares,conçue et coordonnée par l’Agence nouvelle des solidarités actives de France1 (ANSA). Il est porté chez nous par le SPF Intégration sociale et lesecrétaire d’État à la lutte contre la pauvreté et l’intégration sociale Philippe Courard (PS)2, ainsi que par la SNCB et LaStrada3 (le centre d’appui au secteur bruxellois d’aide aux sans-abri).
À la base de ce projet, une vision : celle de la gare comme un espace à partir duquel s’organisent des services à destination des sans-abri. Il s’agit de testerune nouvelle forme d’organisation de ces services et de contribuer au développement d’un socle de connaissances en la matière au niveau européen. Mené danssept pays de l’UE (Belgique, France, Allemagne, Pologne, Luxembourg Italie et Espagne), Hope est suivi par un comité scientifique.
Concrètement, chez nous, un « référent » – selon la terminologie du projet – assurera la coordination et la circulation de l’information entreles différents services qui interviennent auprès des personnes en errance dans la gare de Bruxelles-Central. Le référent sera recruté dans les deux mois et leprojet débutera véritablement d’ici le mois de septembre prochain. Une sociologue, Pascale Mistiaen, est chargée de traiter les informations recueillies àl’occasion de cette expérience. Le projet Hope devrait se clôturer au mois de décembre 2011.
Hestia après Herscham
En matière de travail avec les sans-abri dans les gares, relevons qu’une cellule de la police des chemins de fer est active depuis plusieurs années à la gare du Nord(voir Alter Échos 280 :« Les SDF orphelins de « leurs » flics »). Née du projet Herscham, qui a pris fin au dernier trimestre de l’an passé, la cellule s’intitulemaintenant Hestia.
« Nous avons souhaité pérenniser un projet qui a fait la preuve de son utilité », explique le commissaire divisionnaire Wautelet, chef de la policefédérale des chemins de fer. Une structure de long terme a donc été mise sur pied et l’équipe a été entièrement renouvelée etétoffée, sur base volontaire. Le noyau de cette équipe est composé de cinq policiers émanant de la police des chemins de fer, et plus particulièrement duposte métro Rogier. Ils consacrent 60 % de leur temps au travail avec les personnes en errance et tiennent une permanence tous les mercredis dans le bâtiment du Centre communicationnord (CCN), lieu de transit pour aller à la gare du Nord.
« Nous sommes compétents dans les matières judiciaires, pour des problèmes de papiers d’identité manquants, de personnes qui ont encore desarriérés avec la justice, par exemple », explique Jean-Marie Servanckx, inspecteur principal à la police des chemins de fer, en charge de la cellule Hestia.« Mais nous traitons de toutes les difficultés des personnes qui viennent nous voir. En fait, notre première fonction est l’écoute. Et dès que nousatteignons les limites de nos compétences, nous orientons nos visiteurs vers les services adaptés », poursuit Jean-Marie Servanckx. Et de souligner que son équipe estcapable de s’exprimer dans de nombreuses langues (français, néerlandais, allemand, anglais, espagnol, arabe). Les agents de la cellule Hestia sont en outre habillés encivil. Un des moyens de ne pas effrayer les sans-abri et de gagner leur confiance.
1. La présentation du projet « Hope in stations » sur le site de l’Ansa :
www.solidarites-actives.com/actualites/hope-stations
2. Cabinet de Philippe Courard :
– adresse : rue Ernest Blérot, 1 à 1070 Bruxelles
– tél. : 02 238 28 11
– courriel : courard@minsoc.fed.be
– site : www.courard.belgium.be
3. La Strada :
– adresse : av. Louise, 183 à 1050 Bruxelles
– tél. : 02 552 01 78
– site : www.lstb.be