Notre événement BruXitizen vient de passer le cap des trois ans. Il s’est attaché cette année à illustrer, à questionner et à remettre en question le rapport entre jeunes et police, jeunes et emploi, jeunes et rue, autour de la problématique du contrôle et de l’autonomie.
C’est avec 180 Bruxellois de 16 à 25 ans, d’horizons multiples, étudiants, travailleurs sociaux, chercheurs d’emploi, porteurs de projets que nous avons décortiqué ces questions pendant deux jours, à Molenbeek. À partir d’ateliers pratiques (initiation à la boxe police/jeunes, appropriation de la rue par le «Parkour», animation sur la discrimination du marché de l’emploi), les jeunes ont été invités à faire eux-mêmes le débat, à réfléchir à des enjeux qui leur sont propres, à exprimer leurs points de vue en présence de différents intervenants sociaux (artistes, policiers, éducateurs, juristes, etc.).
Pourquoi Alter se lance-t-il et persiste-t-il dans ce projet? Pourquoi Alter Échos lui fait-il cette place aujourd’hui?
Revenons à nos fondamentaux, ceux de la défense des droits sociaux, culturels, politiques et économiques. Illustrer, questionner les différents rapports de force qui existent entre jeunes, société civile ou institutions, et en débattre. À travers BruXitizen, nous voulons montrer que, face à ces trois problématiques (rue, emploi, police), les jeunes ont – et doivent reprendre – un pouvoir d’initiative sur l’ordre établi s’il est inégalitaire et s’il tend à fonctionner à la tête du client. Notre travail pour illustrer ces fameux rapports de force repose sur une certaine prise de risque, chère à l’Agence Alter: oser la confrontation entre jeunes et police sur un ring de boxe, oser une action «Legalize graffiti» pour mettre en avant le point de vue des jeunes, pour mettre ou remettre en action les jeunes dans le débat démocratique, pour qu’ils se resituent eux-mêmes sur cette ligne autonomie et contrôle. C’est à la fois en connaissant mieux les règles du jeu, en les discutant avec les professionnels en charge de leur application, que le dialogue et le lien entre jeunes et responsables de ces règles pourront se faire.
C’est aussi parce que les détenteurs de ces règles ont accepté de jouer ce jeu – policiers notamment, élus locaux, fonctionnaires «sanctionnateurs» – que l’on a pu faire ce travail. Peu de structures jeunesse ont ces marges de manœuvre, parce qu’elles ont souvent un mandat et un cadre. Et Alter a d’autant plus trouvé un intérêt à le faire hors période électorale, pour ne pas tomber dans de la participation pansement.
BruXitizen et Alter Échos se rejoignent sur ce point: il existe des zones de coconstruction entre les différentes parties de la société civile, que ce soient les précaires, les jeunes, les personnes âgées ou d’autres acteurs sociaux.
Et pour ne pas clore le débat après BruXitizen, la rédaction d’Alter Échos se prête également au jeu de bouger ses règles le temps d’un numéro spécial en laissant la plume aux jeunes sur la tribune démocratique des médias.