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Regard critique · Justice sociale
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Depuis 2016, la Commission européenne a mis en place «OLS for refugees», une plateforme de soutien linguistique en ligne aux réfugiés et demandeurs d’asile. Destinée à 100.000 personnes, elle peine malheureusement à attirer ce public cible.

Créé en 2014, OLS (Online Linguistic Support) était proposé aux jeunes qui partaient en Erasmus.  Il y a un an, l’Europe a décidé d’étendre ce service à 100.000 réfugiés sur une période de trois ans, gratuitement et sur une base volontaire. «Cette initiative a pour objectif d’assurer l’intégration des réfugiés dans les systèmes d’enseignement et de formation européens et de veiller au développement de leurs compétences. Tout le monde est bien conscient que l’intégration sera plus rapide et de qualité si le candidat peut apprendre la langue locale», rappelle Vanessa Debiais Sainton de la direction générale Éducation et Culture de la Commission européenne.

Ce sont des institutions, généralement des universités ou hautes écoles, qui délivrent des licences d’accès à OLS aux associations et ONG qui en font la demande pour les candidats intéressés. Une fois l’accès confirmé, les réfugiés peuvent choisir de suivre un cours de langue de l’OLS dans n’importe laquelle des langues disponibles (18 au total) et à partir de n’importe quel appareil disposant d’une connexion internet. Ils doivent d’abord passer un test de niveau destiné à déterminer leur niveau linguistique. Une fois ce test passé, ils peuvent accéder au cours de langue pendant une durée maximale de treize mois. À la fin du module, les participants peuvent télécharger un certificat de participation et passer un deuxième test de niveau pour mesurer les progrès accomplis dans la langue étudiée, s’ils le souhaitent. Les cours de langue de l’OLS comprennent une vaste gamme de modules personnalisés couvrant différents aspects de la langue, ainsi que des activités interactives: cours en ligne ouverts à tous, séances de tutorat et forums. «L’objectif est de rendre l’outil le plus flexible possible et de répondre aux besoins quotidiens des apprenants. Des modules permettent d’apprendre à acheter un titre de transport ou à se rendre chez le médecin. On y découvre le vocabulaire de base avec la possibilité d’avoir un forum pour échanger avec d’autres étudiants dans le même pays ou ailleurs, avec la possibilité d’avoir du tutorat…», continue Vanessa Debiais Sainton.

 «Je n’avais jamais étudié le français auparavant», explique Mohammad, demandeur d’asile.  Depuis quatre mois, en plus des bases, il apprend aussi le vocabulaire qui lui sert pour son métier, celui de mécanicien. S’il est content d’avoir progressé en si peu de temps, il le doit à la plateforme. «Chaque jour, j’y passe quelques heures pour apprendre une leçon.» «C’est un outil complémentaire à un apprentissage classique donné lors d’un cours», renchérit Leïla Derrouich, tutrice bénévole à l’HENALLUX (Haute École de Namur-Liège-Luxembourg) qui accompagne des apprenants comme Mohammad dans la découverte de cette plateforme. «C’est un dispositif facilitateur: ils ont moins d’appréhension d’apprendre en ligne que de se retrouver en classe face à d’autres personnes de peur d’être jugés… La souplesse de l’outil leur offre de l’autonomie: ils peuvent être acteurs de leur apprentissage, en choisissant eux-mêmes les leçons, par exemple», poursuit la bénévole.

Aujourd’hui, seules 6.000 licences ont été octroyées sur les 100.000 disponibles à travers les 18 États européens participants. «La difficulté est de mettre en relation des mondes qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Le plus difficile est de faire connaître cet outil auprès d’associations ou d’ONG en contact direct avec les réfugiés. On a développé des brochures, fait des vidéos, informé les différentes universités qui peuvent donner accès à cette plateforme, mais après un an, on doit bien constater qu’on est en deçà de notre objectif», reconnaît Vanessa Debiais Sainton.

Pierre Jassogne

Pierre Jassogne

Journaliste

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