Dans toutes les villes wallonnes qui ont réprimé la mendicité, les associations ont dénoncé une traque des plus pauvres qui mettrait en péril leur travail social. Puis il a fallu assumer une réglementation qui leur a été imposée. Quel bilan tirer de cette collaboration?
Il n’aura pas fallu attendre longtemps. Dans le centre de Namur, les mendiants ont disparu. «Je pensais que les gens allaient davantage résister à la réglementation prise par la Ville», s’étonne ce travailleur social.
Ils ont disparu, mais pas tout à fait. Ils mendient autrement ou ailleurs. Déjà à Gembloux, on s’étonne de l’augmentation récente du nombre de mendiants. Un effet domino? Après Liège, Charleroi et Andenne, Namur est la dernière ville wallonne à être intervenue dans la réglementation, voire l’interdiction de la mendicité dans l’espace public. Alors qu’en 1993 une loi a dépénalisé la mendicité, la repénalisation est apparue sous forme de réglementation communale dès le début des années 2000.
Lorsque Namur a annoncé son intention d’interdire l’occupation de certains lieux par les mendiants, les réactions des associations n’ont pas traîné. Luttes Solidarités Travail (LST), notamment, est montée au créneau en protestant dans une lettre ouverte adressée aux Namurois et à leurs représentants politiques. Mais passé l’indignation du début, comment réagissent les associations? Comment gèrent-elles la réglementation imposée aux mendiants, mais aussi à leur travail sur le terrain? «Dans tous les cas, on a imposé une réglementation sans concertation préalable avec le milieu associatif ni avec les mendiants eux-mêmes, réagit Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP). Comme s’il était impossible de la part des pouvoirs publics de parler aux mendiants, de les interroger. Ils auraient pourtant pu apporter de bonnes réponses, car il y a une intelligence du mendiant que l’on ignore. On nie leur connaissance de l’endroit où ils ont choisi de mendier. On les déstructure, on les déplace comme des objets.»
Dans toutes les villes wallonnes qui ont réprimé la mendicité, les associations ont dénoncé une traque des plus pauvres qui mettrait en péril leur travail social. Puis il a fallu assumer une réglementation qui leur a été imposée. Quel bilan tirer de cette collaboration? Lisez notre article «Des travailleurs sociaux entre résignation et résistance» et notre dossier «Cachez ce mendiant que je ne saurais voir».