Alors que le processus de confection d’un pacte associatif – désormais rebaptisé « Charte associative » pour marquer son aspect unilatéral – restelargement dans les coulisses des gouvernements concernés (Région wallonne, Communauté française et Cocof) depuis près de six mois. Un colloque organisé parl’Institut Jules Destrée, ce 16 mai, à l’initiative de la ministre-Présidente de la Communauté française, Marie Arena (PS), a tenté de relancer ledébat, en le portant sur le plan local.
D’abord exclu du processus, le niveau local serait-il appelé à en devenir le moteur ? Bien des intervenants l’ont rappelé : sur les 30 000 associations actives en Wallonie età Bruxelles, 80 % le sont exclusivement au niveau local, et c’est peut-être surtout à ce niveau que les effets d’une future charte pourraient êtrebénéfiquement ressentis.
Quelles relations entretiennent les associations avec l’échelon politique local (communal ou provincial) ? Pour répondre à cette question, Michael Vancutsem, directeur derecherche à l’Institut Jules Destrée, a présenté les conclusions d’études de terrain dans six communes wallonnes et bruxelloises (Charleroi,Liège, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Pont-à-Celles, Saint-Gilles, Somme-Leuze).
Ces conclusions renforcent la pertinence d’une charte associative, qui est souhaitée par la plupart des acteurs locaux rencontrés. Elles pointent également versl’utilité de « grands projets mobilisateurs », tels que le parcours d’artistes à Saint-Gilles, événements transversaux qui « favorisent lacréativité, l’échange, le pluralisme, la participation et, in fine, consolident des logiques partenariales entre associations et autorités communales, mais aussientre les associations elles-mêmes. »
Pour Michaël Vancutsem, certains des silences des interlocuteurs rencontrés, associatifs ou politiques locaux, sont également révélateurs. Ainsi, il semblerait queles clivages politico-philosophiques ne marqueraient plus fortement la dialectique associatif-pouvoir local. Celle-ci serait désormais plus fondée sur la permanence et la qualitédes services ou, sur un plan plus subjectif, sur les relations interpersonnelles.
Notons que ce constat de dépilarisation locale dans les faits a été contesté par quelques-uns des membres de l’assistance, notablement les représentants desorganisations de jeunesse. Nombre des intervenants ont en outre confirmé que la part d’interpersonnel (et donc, d’arbitraire), est beaucoup plus importante dans les relations avecles échevins qu’avec les ministres.
Le local par défaut?
Pierre Malaise, directeur de la Cessoc (Confédération des employeurs des secteurs sportifs et socio-culturels) s’est inquiété de ce que la journéed’études puisse constituer une espèce de déclinaison d’un fantôme – la charte n’existe pas encore au plan communautaire et on veut déjàl’appliquer localement – et s’est étonné de ce qu’il perçoit comme un retournement dans la méthode. « Au début du processus, quand lesassociations sont venues avec l’exigence de mettre en œuvre une version locale de ce pacte, elles se sont fait renvoyer à leurs chères études. Et maintenant que leprocessus semble piétiner au niveau communautaire et régional, on nous propose de l’étudier au niveau local. Le problème est qu’on ne sait toujours pasexactement de quoi on parle puisqu’aucun texte n’a été adopté aux niveaux gouvernementaux. »
Le directeur de la Cessoc a en outre insisté sur la nécessité de maintenir le processus de négociation aux niveaux communautaire et régional : « le seuloù puisse s’instaurer un rapport de force ». D’autres, tels Stéphanie Ardu (Barricades asbl), ont insisté sur la nécessité de se mettre d’accordsur un lexique commun – nécessité d’autant plus impérative lorsque les discussions tournaient, comme c’était le cas ce 16 mai, autour d’un texte officieux, quecertains avaient reçu et lu, et d’autres pas.
En ce qui concerne une éventuelle officialisation de ce projet de charte, il semble qu’aucun texte ne devrait être présenté aux différents gouvernementsconcernés (Cocof, Région wallonne, Communauté française) avant les élections fédérales du 10 juin. Après le débat qui rassemblait lesreprésentants des différents partis démocratiques, il était difficile de comprendre ce qui coinçait précisément : tous se sont déclarésfavorables au principe, et à un organe supra-communal chargé de trancher les recours.