Le 24 juin dernier, l’Institut Émile Vandervelde (IEV)1 – centre d’études du PS – inaugurait, à la Maison du peuple de Saint-Gilles, uneréflexion consacrée au défi participatif. Trois experts y ont exposé leurs analyses enthousiastes des enjeux de la participation des citoyens à la vie politique.Marie Arena a, elle, tempéré les ardeurs…
Placé sous la bannière du « défi participatif », cette première soirée de réflexion a interrogé autant l’organisation de la prisede décision dans notre société que la perméabilité d’un grand parti comme le PS aux idées même de participation citoyenne. Le PS est en effethistoriquement porteur de la démocratie représentative au suffrage universel et se veut le représentant, de masse, des intérêts d’une classe sociale plus ou moinshomogène. La participation citoyenne, quant à elle, accompagne l’émergence et la plus grande visibilité d’intérêts circonscrits à desminorités : femmes, environnementalistes, tiers-mondistes… Elle questionne donc l’organisation du débat public et la délégation de pouvoir que pratiquenttraditionnellement les grands partis politiques, y compris de gauche. Pourtant, à l’heure où le citoyen remplace le peuple, il y a l’intuition que la participation seraitune idée plutôt progressiste…
Plus de droits, plus de réactivité
C’est ce que semble dire Loïc Blondiaux, professeur à l’Institut d’Études Politiques de Lille, quand il explique que la participation a pour finalité de« redistribuer des droits à la participation en remettant à égalité des catégories de personnes éloignées de la décision » (visionpolitique). Au contraire de l’approche managériale, qui cherche à mieux faire adhérer, et de l’approche pédagogique qui prétend éduquer lescitoyens aux complexités de la prise de décision.
Pour Marc Jacquemain, sociologue et professeur à l’Université de Liège, la participation citoyenne constitue une opportunité de lutter contre les faiblessesstructurelles de la démocratie représentative : l’impossibilité de démettre un élu durant son mandat ou encore l’impossibilité de donner unmandat impératif, ce qui a pour effet de laisser des questions de société longtemps hors de l’agenda politique.
Mauvaises expériences
Insistant plus sur les obstacles et les difficultés de la participation, Marie Arena (PS), ministre fédérale en charge de l’Intégration sociale et des grandesvilles, refuse de considérer comme point de départ de quelconques failles du système représentatif. Selon elle, la démocratie représentative doit pouvoirs’appuyer sur des processus participatifs dont la finalité reste la défense du projet collectif, en associant les organisations reconnues et en allant chercher les « sansvoix ». Et d’évoquer son expérience de ministre-présidente à la Communauté française, à titre de contre-exemple. « Lelobbying contre l’abrogation des privilèges du décret « inscriptions » ? Si c’est ça la démocratie participative… » Plus ancienne, la feuillede route comprenant cinquante mesures de réformes de l’enseignement. « Elle avait pourtant été négociée avec les syndicats et faisait suite à laconsultation de 10 000 enseignants ! Quand on a commencé à la mettre en œuvre, les points de vue particuliers ont rejailli et crispé le système. »
« Mais dans quelle mesure ces expériences malheureuses reposaient-elles sur des procédures formalisées ? », s’est demandé Henri Monceau,l’animateur de la soirée.
Retour aux sources
Parmi les pistes de participation évoquées, il y a le sondage délibératif, cher à James Fishkin, professeur à l’Université de Stanford (USA).C’est en s’inspirant de l’antiquité grecque qu’il l’a formalisé. Le principe est simple : une loterie sélectionne de façon aléatoirela composition d’un panel de citoyens qui délibèrent sur un sujet, avant de remettre un avis. Selon l’Américain, cette méthode permet de réconcilierégalité de participation et délibération de futures décisions. Expérimentée de façon transnationale au niveau européen, elle aégalement été utilisée récemment par le parti grec Paçok pour déterminer sa tête de liste aux élections athéniennes.L’Histoire, parfois… !
Pour poursuivre la réflexion, l’IEV annonce cinq séminaires durant l’automne et un colloque de conclusion en décembre2.
1. IEV (Institut Émile Vandervelde) :
– adresse : bd de l’Empereur, 13 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 548 32 90
– courriel : iev@iev.be
– site : www.iev.be
2. Plus d’infos sur le site : www.ledefiparticipatif.be