Les précédents hivers ont été marqués par la crise de l’accueil des demandeurs d’asile. A Bruxelles, ils se retrouvaient à la rue et grossissaient lesrangs des sans-abri. Cet hiver devrait être différent.
Cet hiver ressemblera-t-il à l’hiver précédent ? Au point de vue météorologique, difficile à dire. Mais au niveau de l’accueil des sans-abri, lesdéclarations officielles se veulent rassurantes : le nombre de lits prévus dans le cadre du plan hiver devrait être suffisant.
Personne n’a oublié les difficultés des années précédentes. La crise de l’accueil des demandeurs d’asile surchauffant le dispositif d’accueil hivernal dessans-abri. Des demandeurs d’asile non accueillis errant à Bruxelles, grossissant la cohorte des sans-domicile, en quête d’un toit d’urgence.
Il y eut aussi ces mineurs étrangers non accompagnés (Mena) et non-demandeurs d’asile qui échouèrent dans des Services d’aide en milieu ouvert, dont la mission estd’aider des jeunes au quotidien, mais pas vraiment d’organiser un accueil pérenne.
Alors, rebelote en 2012–2013 ? A priori, non. Les pouvoirs publics ayant décidé de travailler sur deux fronts. Le premier front est le nombre de placesd’hébergement qui seront mises à disposition des sans-abri. Le Samu social coordonnera le plan hivernal à Bruxelles. Disons plutôt les plans hivernaux. Il y a celui de laCommission communautaire commune qui offre 400 places d’hébergement réparties entre trois sites : rue Royale, au sein du Samu social1 lui-même, et àWoluwe-Saint-Lambert. Si ce dispositif sature, le Fédéral prendra le relais, conformément à la doctrine « personne ne doit dormir à la rue »de Maggie De Block, secrétaire d’Etat à l’Asile, la Migration et à l’Intégration sociale. Un ancien bâtiment de l’Onem, à Saint-Gilles, sera à nouveauutilisé pour accueillir 300 personnes, voire plus en cas de grande affluence.
Du côté du Samu Social, Christophe Thielens, chargé en communication, avoue « apprécier cette réaction du Fédéral qui reconnaîtqu’à Bruxelles il y a une problématique qui les concerne, avec des demandeurs d’asile, des sans-papiers et des demandeurs de régularisation à la rue ». L’anpassé, dans l’ancien bâtiment de l’Onem, le Samu social avait fait le compte. 10,7 % des sans-abri qui y profitaient d’un hébergement étaient des demandeurs d’asile.Un chiffre à relativiser, car 12 % des personnes interrogées préféraient garder pour elles leur statut administratif.
« Les débarqués de l’accueil »
Outre le nombre de places d’urgence, il est un fait incontestable : le réseau d’accueil des demandeurs d’asile est moins saturé. Le cabinet de Maggie De Block met en avant lameilleure organisation du réseau. « Grâce à une série de petites mesures de comptage, de monitoring, nous avons pu atteindre un équilibreprécaire », affirme Els Cleemput. Et les acteurs de terrain le confirment : aujourd’hui, les demandeurs d’asile ont des places d’accueil.
La secrétaire d’Etat met en avant son travail « à la source ». Pour tenter d’inverser la courbe du nombre de demandeurs d’asile demandant un accueil, elle n’apas hésité à prendre une série de mesure : « Procédures d’asile plus courtes, listes de pays tiers sûrs [NDLR les demandeurs d’asileoriginaires de ces pays dits « sûrs » n’ont droit qu’à un accueil limité], lutte contre les abus, travail sur le retour volontaire, campagnes deprévention dans les pays d’origine, etc. »
Un véritable tour de vis diront certains. Au Ciré, on attire l’attention sur tous ces « débarqués de l’accueil » qui, par un autre chemin,risquent de grossir les rangs des sans-abri : « Il y a les familles en séjour irrégulier, toujours pas accueillies par Fédasil, les ressortissants des payssûrs, les demandeurs d’asile multiples et tous ceux qui devront quitter le réseau d’accueil (qui refuseraient par exemple de gagner l’une des « places de retour »prévues dans des centres Fédasil). »
Quant aux Mena non demandeurs d’asile, on sait qu’ils ne sont toujours pas accueillis. Les cabinets De Block et Huytebroeck sont en discussion sur ce thème, pour faire face en cas de grandfroid. Et tenter d’éviter le fiasco de l’an passé.
1. Samu social :
– adresse : rue du Petit Rempart, 5 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 551 12 20
– courriel : info@samusocial.be