Il y a Sylvie, qui prépare le sac de vêtements qu’elle va apporter à son compagnon détenu. Cindy, qui partage un café avec une amie aux prises avec des problèmes de logement et d’addiction. Iris, qui narre son rituel de préparation et de transformation avant d’aller travailler.
Quelques plans plus tard, on retrouve aussi Iris, poing levé, verbe aiguisé, plaidant pour la reconnaissance des travailleuses du sexe et la protection des femmes exploitées. Sylvie, devant la prison de Saint-Gilles, qui en appelle à respecter les droits des détenu·es et de leurs proches, encore moins respectés pendant le Covid. Cindy, qui trie, avec d’autres femmes, des vêtements dans une donnerie.
S’organiser en collectif, soutenir sa communauté à prendre la parole, trouver des pairs… Pour ces femmes, militer, c’est aussi parfois devoir prendre des risques, affronter les obstacles et les interdits.
Femme proche de détenu, femme au parcours de rue, femme travailleuse du sexe, toutes les trois ont en commun d’être confrontées au quotidien aux précarités, à la désapprobation sociale, à la marginalisation, à l’exclusion. Parce qu’elles savent ce que c’est, elles ont aussi décidé de donner de la voix et du temps pour défendre leurs droits et celles et ceux qui les entourent. S’organiser en collectif, soutenir sa communauté à prendre la parole, trouver des pairs… Pour ces femmes, militer, c’est aussi parfois devoir prendre des risques, affronter les obstacles et les interdits.
Les «marges au centre»
Porté par un collectif de journalistes, militantes, féministes (dont deux journalistes d’Alter Échos qui ont accompagné le projet), rassemblé autour de la grève du 8 mars, Pas sans elles est né d’une envie: non pas, cette fois, de documenter la grève du 8 mars, de rencontrer les femmes qui y sont, mais d’aller vers des femmes qu’elles ne côtoyaient pas – ou pas assez – dans les actions féministes. «Remettre au centre», selon l’expression de la féministe bell hooks des parcours de combattantes, de résistantes, particulièrement marginalisées.
Sans que ces trois femmes ne se parlent ni ne se rencontrent dans le film, se tissent entre elles et leurs parcours des liens, s’écrivent des discussions et des propositions.
«Le principal moteur du film fut d’interroger dans quelle mesure ces femmes, souvent confrontées à de lourdes difficultés au quotidien, avaient la possibilité de mener des actions ou d’y participer pour s’exprimer sur ce qui les concerne, partager leurs expériences avec d’autres, et ainsi prendre part à la défense de leurs droits», explique le collectif.
Sans que ces trois femmes ne se parlent ni ne se rencontrent dans le film, se tissent entre elles et leurs parcours des liens, s’écrivent des discussions et des propositions. De leurs témoignages singuliers, sincères et pudiques, se dégage une force collective. Un film – tant dans le processus que dans le produit fini – qui célèbre la sororité en actes, dans sa simplicité et sa puissance.
Prochaines projections:
Le 24 mai 2022 chez QUINOA, Bruxelles.
1er juin 2022 au VECTEUR, Charleroi.
Toutes les infos sur https://zintv.org/video/pas-sans-elles/