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Regard critique · Justice sociale

Pauvres des villes, pauvres des champs…

Le Service de lutte contre la pauvreté vient de publier une recherche sur la façon dont la pauvreté se géolocalise en Belgique et, en particulier, sur la dimension urbaine ou rurale de la précarité

Le Service de lutte contre la pauvreté1 vient de publier une recherche sur la façon dont la pauvreté se géolocalise en Belgique et, en particulier, sur la dimension urbaine ou rurale de la précarité

L’étude a été réalisée par Pierre Marissal, Xavier May et Dayana Mesa Lombillo, de l’ULB (IGEAT) et de la KUL. Elle est basée sur trois types de données : l’enquête EU-SILC sur les revenus et les conditions de vie, les données de sécurité sociale contenues dans la Banque carrefour de la Sécurité sociale (BCSS) et les variables contextuelles construites par les auteurs de l’étude dans le cadre de cette recherche. Ils ont ainsi mis au point une typologie de l’espace qui identifie en Belgique des zones « urbaines denses », « urbaines », « intermédiaires », « rurales avec foncier élevé », « rurales » et « rurales profond ».

Par ordre croissant, on retrouve le moins de pauvreté dans les zones intermédiaires + rurales avec foncier élevé (8,3 % de ménages pauvres), puis dans les zones urbaines (14,1 %), puis dans les zones rurales + rurales profond (14,1 %) et enfin dans les zones urbaines denses (21,2 %). Pour 23,7 % des ménages, les auteurs ignorent le secteur statistique de résidence.

« Certaines catégories de ménages semblent rencontrer davantage de difficultés dans le monde rural que dans l’urbain dense », notent les auteurs de l’étude. Ainsi en va-t-il des isolés (31 % sont pauvres dans le monde rural), des ménages monoparentaux (53 %, mais dans un effectif particulièrement faible) et des personnes de plus de 64 ans (15 %), principalement.

Par contre, la pauvreté est sous-représentée dans le monde rural parmi les jeunes de moins de 25 ans, les ménages composés de deux adultes avec au moins trois enfants à charge, les autres ménages avec enfants à charge et les ménages hautement diplômés.

L’étude révèle en outre que « les demandeurs d’emploi après un temps partiel volontaire ou après les études, les isolés de moins de 55 ans, les ouvriers, les personnes qui touchent des revenus irréguliers, les bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (RIS), les personnes en incapacité de travail et les grands ménages sont moins pauvres en milieu rural profond que la moyenne belge ».

En termes de géolocalisation, l’étude a en outre présenté une carte qui met en évidence la distribution de la pauvreté au nord et au sud du pays. L’image impressionnante ! Les régions les moins pauvres sont en bleu, celles les plus pauvres sont en orange ou en rouge. Le nord y est quasi tout bleu. Il apparait clairement comme ayant la plus petite part des personnes pauvres. Et Bruxelles y est logiquement représentée comme une zone orange-rouge, entourée de bleu… Quant au sud, il est quasi partout orange ou rouge !

En conclusion de leur étude, les auteurs relèvent que, si l’on considère les 10 % de Belges les plus pauvres, le monde rural semble épargné. Par contre, si l’on tient compte des 15 % les plus pauvres, la situation du monde rural est nettement moins favorable. Les personnes les plus pauvres se trouvent donc dans les villes. Mais dès que l’on va un peu au-delà des 10 % – soit entre 10 % et 15 % –, on observe que les ménages un peu moins pauvres sont surreprésentés dans le monde rural.

Enfin, les auteurs relèvent que leurs résultats sont valides, mais qu’ils auraient pu être meilleurs si certaines données avaient été disponibles : informations relatives à l’endettement, à la possession d’un véhicule, à l’état de santé, à l’état et au coût du logement.

1. Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale :
– adresse : rue Royale, 138 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 212 31 63
– site : http://www.luttepauvrete.be

Arnaud Gregoire

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