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Regard critique · Justice sociale

Phénix : se libérer des assuétudes et prendre son envol professionnel

L’asbl Phénix, située à Jambes, s’occupe de personnes confrontées à des problèmes d’assuétudes. Depuis 2001, elle dispose d’un service insertioninnovant, mais qui connaît aujourd’hui des problèmes de financement.

27-04-2010 Alter Échos n° 293

L’asbl Phénix, située à Jambes, s’occupe de personnes confrontées à des problèmes d’assuétudes. Depuis 2001, elle dispose d’un service insertioninnovant, mais qui connaît aujourd’hui des problèmes de financement.

« Quand je suis arrivé chez Phénix il y a deux ans, je consommais beaucoup, j’avais tout perdu, même mon boulot. À partir de mon arrivée, maconsommation a diminué petit à petit et je suis passé dans le service insertion. Mon parcours a été chaotique, mais maintenant j’ai un travail en vue… SansPhénix, je ne sais pas où je serais à l’heure actuelle. » Ce témoignage livré par Cédric, ils seraient probablement nombreux à pouvoir leproduire parmi les 104 stagiaires actuellement enregistrés au service insertion de l’asbl Phénix. Souffrant ou ayant souffert d’addiction, ils ont trouvé dans ce service unepossibilité de se former à différentes disciplines comme la cuisine, l’horticulture, les travaux en bâtiment, la menuiserie, le nettoyage ou encore l’informatique, entresautres. Mais attention, si les choses paraissent simples, le service insertion constitue en fait la troisième étape d’un parcours entamé bien plus tôt. « Ilexiste effectivement trois étapes dans le parcours des personnes prises en charge par Phénix, confirme Léonardo Di Bari, directeur de l’asbl. Le premier est constitué parle service d’accueil ou toute personne peut se présenter. La deuxième marche, quant à elle, se présente sous la forme du centre de jour en rééducationfonctionnelle où un suivi médical, psychologique, psychiatrique de même que des groupes thérapeutiques ou des groupes d’apprentissages d’habilités sociales sont misà disposition dans un suivi où l’on se centre donc sur la toxicomanie. Enfin, si ceux qu’on appelle alors les patients sont prêts, ils peuvent alors passer à la phasetrois, celle du service d’insertion, où ils deviennent des stagiaires. »

Développé en partenariat avec le CPAS de Namur et Forem conseil, le service insertion permet aux stagiaires de suivre les formations (ou ateliers) dans les murs mêmes dePhénix et de toucher, de surcroît, un euro par heure prestée, en plus du minimex. « Les rôles de nos deux partenaires sont les suivants, ajoute Léonardo DiBari : le CPAS de Namur nous a dépêché deux assistants sociaux qui aident les stagiaires à définir leur projet. Forem conseil, quant à lui, a unrôle d’orientation de son public s’ils sent qu’il y a « quelque chose » en rapport avec la toxicomanie. » Et pour ce qui concerne la rémunération, ce sontégalement les deux partenaires qui mettent la main au portefeuille : si le stagiaire émarge au CPAS, ce sera ce dernier qui versera l’euro. Forem conseil, quant à lui, entredans le jeu si le stagiaire est demandeur d’emploi.

Néanmoins, il ne s’agit pas vraiment, à cette étape du processus, d’arriver à une quelconque certification (« C’est plus un pied àl’étrier », nous dira l’un des deux assistants sociaux du CPAS), même si cela est également prévu puisque si les assistants sociaux estiment que les stagiairesen sont capables, ils les orientent alors vers des organes de certification ou vers la mise au travail.

Sept sources de financement

Si tout semble donc se dérouler pour le mieux, le financement des activités est néanmoins une question lancinante pour Phénix « Nous avons sept sources definancement différentes pour l’ensemble de l’activité de Phénix, sourit Léonardo Di Bari. Et certaines d’entre elles, comme celle pour le service insertion, ne sont pasrécurrentes, ce qui engendre un certain stress parmi l’équipe… » Reconnu comme « projet pilote » par le ministère de l’Intégrationsociale, le service insertion voit donc ainsi son financement reconduit tous les ans, ce qui n’amuse pas les neuf travailleurs qui y officient. Une situation qui pousse également le directeurà admettre qu’une convention reconduite tous les trois ou cinq ans ne serait pas pour lui déplaire.

Visitant les locaux de l’asbl ce 21 avril, Philippe Courard (PS), secrétaire d’État à l’Intégration sociale, a confirmé que le financement du service insertionserait prolongé du premier mai 2010 au premier janvier 2011. Avant d’aller plus loin ? « Il faut clairement trouver une autre solution, nous dit-il. L’activité de ce servicedoit être pérennisée. Je me suis engagé à prendre contact avec Laurette Onkelinx (PS) – ministre fédérale des Affaires sociales et de laSanté publique – et Joëlle Milquet (CDH) – ministre fédérale de l’Emploi – afin de voir si l’on peut trouver des solutions de financement de leurcôté. » C’était avant la chute du gouvernement…

En effet, ce service est « habituellement » financé d’avril à mai chaque année, mais avec les résultats des élections de juin dernier, les choses se sontcompliquées. Monsieur Courard comme convenu lors de sa visite   a cependant fait accélérer les choses pour garantir à l’asbl le financement de cette activitéjusqu’au 31 janvier 2011. Après cette date, rien n’est prévu financièrement pour assurer la continuité du service. Et ce dans un contexte de subventions« mouvantes »: perte du subside octroyé par le Forem conseil en juin 2010 ( 1 ETP ), obtention d’un subside Région Wallonne par Madame la Ministre Tillieuxpour le service « famille » ( 1 thérapeute familiale ).
Un dossier de plus sur lequel l’asbl va devoir plancher dès le mois prochain, pour ne pas voir ce beau projet tomber à l’eau faute de négociations gouvernementales àrallonge…
fin de l’encadré>

Article mis à jour le 27 septembre 2010.

1. Asbl Phénix :
– adresse : av. Bourgmestre Jean Materne, 165 à 5100 Jambes
– tél. : 081 22 56 91
– site : www.asblphenix.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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