Le relogement des résidents permanents prend du temps. Mais peut-être est-ce le temps nécessaire pour que ce relogement soit durable ? D’autant que c’est surtout leprivé qui reloge.
À la fin mars, la ministre Éliane Tillieux (PS)1, ministre de l’Action sociale, présentait un bilan du Plan régional HP, plan qui vise à rendreleur vocation touristique aux campings, domaines et parcs résidentiels de week-end, tout en relogeant les résidents permanents sur une base volontaire. Il résume ledeuxième rapport d’évaluation réalisé par la Direction interdépartementale de la Cohésion sociale (Dics)2.
Aujourd’hui, 7 972 Wallons vivent dans une caravane ou un chalet sur le territoire des 35 communes (87 % des résidents) inscrites dans le Plan HP. La province de Namur concentreà elle seule près de 60 % de cette population (4 604) répartie sur treize communes, suivie de la province de Hainaut – 1 318 résidents sur onze communes. Entreoctobre 2003 et décembre 2008, le plan a permis le relogement de 841 ménages.
De manière générale, l’évaluation pointe l’augmentation du nombre de familles : 19 % des résidents aujourd’hui contre 13 % avant. Elle s’attardeaussi sur la hausse du nombre de résidents concernés par le dispositif : 7 680 en 2003 pour… 7 972 en 2008. Et l’explique : « (…) de nouvelles communesadhèrent régulièrement au plan HP. Une autre explication est la réoccupation d’une caravane ou d’un chalet après le départ d’un occupantvers un logement décent. » Explication évoquée d’ailleurs par le bourgmestre de Binche dans l’affaire du camping de Binche-Plage dans le courant mars (Voir AlterÉchos nº 292 : Croix jaunesà Binche-Plage : juste une communication maladroite ?). Pour rappel, à la suite d’une enquête de propriété, la police avait marqué plusieurs caravanes– certaines occupées – de croix jaunes en vue de leur démolition. La commune avait répliqué que ces caravanes avaient étérépertoriées comme vides lors du précédent passage de la police et sans doute réoccupées depuis.
Mais, cette réoccupation des caravanes ne résulte-t-elle pas tout simplement du manque cruel de logements à prix modérés ? Une sorte de dernier filet avantla rue ? Ce constat avait été formulé lors de la première évaluation en 2006.
Un relogement porté par le privé
Et de fait, le relogement reste un problème. Huit des vingt-cinq communes interrogées pointent la difficulté de reloger les résidents « dans des habitationssalubres à prix modestes, en raison notamment de la hausse continue du prix des loyers et de l’offre insuffisante de logements à loyer modéré ou de logementsocial ». Cette carence dans l’offre de logements s’observe surtout dans les communes où le nombre de résidents est important. Dès lors, on ne s’étonnera pasque 60 % des relogements aient lieu en dehors de la commune d’origine. Qui plus est, la majorité n’est pas prise en charge par des opérateurs publics ou agréés(agence immobilière sociale, société de logement, commune, CPAS), mais directement par des propriétaires privés (près de 65 %).
Les ex-résidents sont-ils pour autant satisfaits de leur nouveau logement ? Trois opérateurs du Plan HP ont mené des enquêtes auprès de ménagesrelogés. L’APIC (Action pilote intégrée camping), active en Ourthe-Amblève, constate que si certains sont enchantés de leur nouveau mode de vie, d’autres« après une phase d’euphorie » regrettent leur choix. Ces derniers éprouvent une nostalgie de la vie au grand air, sont confrontés à desdifficultés financières accentuées par le paiement tardif des aides au relogement, se sentent isolés et ne voient plus que les aspects négatifs de leur nouveaulogement. Pour sa part, le Fonds du logement wallon observe que le logement conventionnel répond aux attentes d’une frange des résidents permanents, à condition qu’ils soientbien préparés et accompagnés dans leur relogement. Le Miroir vagabond, présent dans la province de Luxembourg, abonde dans ce sens. Le relogement nécessite unaccompagnement important et une relation de confiance durant les différentes phases (démarches, déménagement, réinstallation).
Autant d’éléments dont la ministre Éliane Tillieux devra tenir compte pour finaliser ses propositions d’ici la fin de l’année pour faire évoluer le Plan HP.Peut-être faudra-t-il aussi se pencher sur le sort des 13 % des résidents permanents répartis dans les 56 communes qui n’adhèrent toujours pas au plan HP ?
1. Cabinet d’Éliane Tillieux :
– adresse : rue des Brigades d’Irlande, 4 à 5100 Namur
– tél. : 081 32 34 11
– site : http://tillieux.wallonie.be
2. Dics :
– adresse : place Joséphine Charlotte, 2 à 5100 Namur
– tél. : 081 32 13 45
– courriel : diis@mrw.wallonie.be
– site : http://cohesionsociale.wallonie.be