Ce 21 août, le Cunic (Centre universitaire de Charleroi)1 ouvrait sa 11e Université d’été des Formateurs d’adultes sur le thème « LePlan Marshall : valeur ajoutée pour la formation ? ». Dans ce cadre, les implications pour les opérateurs ont fait l’objet d’une table ronde. Le moins qu’on puisse dire est queles opinions restent partagées.
Dans un premier temps, Gérard Bouillot, secrétaire général de la Fédération de l’enseignement de promotion sociale catholique (Feprosoc), a rappeléque l’EPS (Enseignement de promotion sociale) était seulement concerné par l’axe 5 : « Susciter des compétences pour l’emploi ». Il participe aux mesures 1 («Répondre aux métiers de pénurie ») et 2 (« Lancer un plan ‘Langues’»).
Au-delà des conventions et de la mise en œuvre de formations, il met l’accent sur les enjeux liés aux apprenants (prise en compte de la situation personnelle et sociale,développement de la connaissance de soi, renforcement de la confiance en soi) et au dispositif (soutien social dont dispose l’apprenant, soutien du réseau personnel, etc.).
L’Ifapme et l’alternance
L’action de l’Ifapme (Institut wallon de formation en alternance et des indépendants et des petites et moyennes entreprises) concerne les mêmes mesures explique Annick Marchesini,conseillère pédagogique. Vient toutefois s’ajouter l’objectif de créer 1 500 places supplémentaires de formation en alternance en quatre ans. Pour y parvenir, des mesuresconcrètes ne suffisent pas, un changement des mentalités s’impose. L’Ifapme devra apprendre à se positionner autrement sur le marché de la formation : en fait, comme leferait une entreprise.
Dans cette perspective, une représentante de Cefa (Centre de formation en alternance) l’a invité à passer une convention avec son secteur. L’Ifapme est preneur, mais rappelle quecela dépend de la ministre en charge de la Formation, Marie Arena.
Des formations pour les plus employables ?
Plus incisif, Eric Grava, président de l’Interfédération des EFT (entreprises de formation par le travail) et OISP (organisations d’insertion socioprofessionnelle)déplore que le « financement des opérateurs de formation à l’action » se fasse « au détriment d’un financement stable dans le temps des opérateursde formation ». En d’autres termes, explique-t-il, « d’un financement au projet, nous allons passer à un financement à l’heure de formation. » Il s’agit pour lui durenforcement d’une certaine mode. « Ce faisant, estime-t-il, notre secteur sera soumis de plus en plus aux risques liés à la production : soumission aux lois du marché,contraintes liées à l’offre et à la demande, obligation de réaliser un minimum d’heures de formation…»
Selon lui, « dans le cadre d’évaluations quantitatives, la tentation sera forte d’éviter d’entreprendre un travail avec des personnes nous confrontant très probablementà l’échec. » Il redoute dès lors que les formations ciblent ceux qui en ont le moins besoin et que soient valorisés les plus employables.
Partenariats compromis
Pour sa part, Antonio Del Valle Lopez, représentant des Missions régionales à la commission consultative du DIISP (Dispositif intégré d’insertionsocioprofessionnelle), signale que son secteur perçoit le Plan Marshall comme un obstacle dans le cadre des partenariats actuels.
Une représentante de Lire et Écrire partage son point de vue : « Beaucoup de partenariats sont mis en question par les nouveaux décrets. On ne pourra plus travailler aussifacilement sur des projets atypiques, ni être aussi réactifs qu’auparavant. » Elle souligne aussi le manque de clarté dans les rôles des uns et des autres sur leterrain. Gérard Bouillot observe aussi que la survie institutionnelle commence à primer plutôt que les bonnes relations.
Former pour le développement économique
Chargé de conclure la table ronde, Paul Simar, directeur général de Forem Formation, rappelle que la plus-value apportée par le Plan Marshall est de mettre lesopérateurs de formation en réseau, afin d’identifier quel est le plus outillé d’entre eux pour mettre en œuvre telle ou telle formation.
Il signale aussi que le plan Marshall est une politique de développement économique et non une politique sociale. L’objectif est d’éviter la déperdition des moyens. Parailleurs, il admet que la table ronde était loin d’être représentative. Il y manquait en effet une série d’acteurs de la formation : les entreprises, les secteursprofessionnels, les partenaires sociaux, l’enseignement et l’enseignement supérieur, ou encore les centres de recherche…
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