Il y a un mois environ, Maggie De Block annonçait officiellement que, «faute de budgets suffisants», elle ne désignerait pas de coordinateur national pour superviser la mise en œuvre du plan sida 2014-2019. Le Plan sida, rappelons-le, avait été présenté en octobre 2013 par la ministre fédérale de la Santé de l’époque, Laurette Onkelinx. Fruit d’une longue concertation avec le terrain et entre les différents niveaux de pouvoir concernés, il est articulé autour de cinq piliers: prévention, dépistage, traitement, qualité de vie des personne vivant avec le VIH, Conseil national des personnes séropositives. Et il prévoit entre autres choses de donner une priorité à deux groupes particulièrement exposés, les hommes ayant des relations avec d’autres hommes et les migrants, ainsi que la mise sur pied d’une vaste stratégie de dépistage qui doit intégrer les infrastructures spécialisées ainsi que des programmes décentralisés (dépistage chez le médecin généraliste et à domicile) (Lire l’article «Plan VIH: la fin des retours forcés?»).
Mais depuis plus d’un an, les acteurs de terrain attendent et espèrent… un passage à l’action. Fin 2014, les trois associations Ex Aequo, SidAids Migrants et la Plateforme prévention sida manifestaient leur impatience vis-à-vis de la ministre fédérale: quid de la mise en place du Conseil national des personnes vivant avec le VIH? du lancement de démédicalisation du dépistage? (la prévention et le dépistage relèvent des entités fédérées, leur a laconiquement rétorqué Maggie De Block). Last but not least, quid du pilotage et du monitoring de ce plan via l’engagement d’un coordinateur national?
«Très peu de moyens avaient été dégagés pour ce plan, a déclaré la ministre à la presse (Belga) en janvier dernier. Et j’ai fait en sorte que l’on ait un budget qui permet que certains moyens soient dédiés à son application.» Et ces moyens ne permettraient pas, selon la ministre, l’embauche d’un coordinateur national. Difficile de ne pas y voir la marque d’un certain désintérêt en la matière…
À Bruxelles comme en Wallonie, les ministres de la Santé Cécile Jodogne (Cocof) et Maxime Prévot (Région wallonne) ont récemment formulé leur mécontentement par rapport à cette décision. «Je suis évidemment inquiète par rapport à cette position, a déclaré Cécile Jodogne au parlement francophone bruxellois. Je pense en effet que la bonne mise en œuvre d’un Plan d’une telle envergure ne peut se faire que dans le cadre d’une coordination efficace.» Une coordination qui devrait mobiliser les acteurs néerlandophones et francophones des secteurs de la prévention, du dépistage, des soins et de l’accompagnement. «C’est une décision franchement regrettable, pour ne pas dire déplorable», a quant à lui réagi Maxime Prévot au parlement wallon. L’ordre du jour de la prochaine conférence interministérielle n’est pas encore arrêté, a précisé le ministre wallon, qui compte toucher un mot de tout cela à la ministre fédérale. Une rencontre est prévue dans le courant du mois de mars.
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Fil d’info du 30.01.2015: «VIH: les discriminations persistent»
Alter Échos n°396 du 03.022015 : «VIH: la discrimination contamine encore le corps médical»