En 2004, l’agence immobilière sociale (AIS) Gestion Gembloux
et Fosses1 traversait une crise. À la suite de cela, trois communes se sont retirées de celle-ci et l’associatif a créé une plateforme – la Plateformelogement – pour participer au redressement de l’AIS. Aujourd’hui, la gestion est saine mais trouver des logements reste un défi.
Historiquement, l’AIS était active dans huit communes : Floreffe, Fosses-la-Ville, Gembloux, Jemeppes, Mettet, Profondeville, Sambreville et Sombreffe. Ses instances (AG, CA etComité de gestion) étaient composées à 60 % de représentants des communes, des CPAS et de la Province de Namur, et à 40 % de représentants du secteurassociatif. Sa mission est identique à celle des autres AIS, à savoir la prise en gestion de logements privés ou publics pour les louer à des personnes à faiblesrevenus, tout en leur offrant un accompagnement social.
Il y a quatre ans, des dysfonctionnements ont été à l’origine de la crise qui a frappé l’AIS. Une comptabilité mal tenue, une mauvaise gestion de ressourceshumaines, des instances non convoquées, des promesses de travaux non tenues vis-à-vis des propriétaires sont quelques-uns des éléments qui ont amené lescommunes de Gembloux, Profondeville et Sombreffe à se retirer de l’AIS. « L’attitude du monde associatif a été, par contre, de s’investir encore davantage dans la gestionde l’outil dont nous continuons à dire qu’il est important et utile », nous dit Claudio Pescarollo, directeur du GABS (Groupe animation de la Basse-Sambre)2.
La Plateforme
La Plateforme logement réunit des militants d’associations, surtout d’éducation permanente, de tous bords et de différentes communes. C’est ainsi qu’on y retrouve desreprésentants du MOC, de la CSC, de Vie Féminine, des Femmes prévoyantes socialistes, du PAC, des Équipes populaires, de la Ligue des familles, d’ATD Quart Monde, de laMutualité libre, d’une association travaillant avec des personnes à mobilité réduite, d’une association qui s’occupe de réfugiés politiques ou encore duGABS, qui assure la coordination et le secrétariat de la Plateforme. Plus précisément, celle-ci se définit comme un « groupe pluraliste de coordination surl’exclusion sociale en Province de Namur ». C’est dans ce but que la Plateforme s’investit dans l’AIS.
Au moment de la crise, « l’associatif a demandé l’intervention du Fonds du logement, qui a envoyé le directeur adjoint, tuteur en quelque sorte de l’AIS pendant la périodede reconstruction, explique Claudio Pescarollo. Période pendant laquelle l’associatif est resté en première ligne en accédant notamment à la fonctiond’administrateur délégué [NDLR : le temps nécessaire]. »
Dans ce cadre, divers remaniements ont eu lieu, parmi lesquels :
• l’intervention d’un réviseur d’entreprise ;
• la réécriture des statuts pour que l’asbl soit plus « gouvernable ». Ainsi, l’AG est passée de plus de 70 personnes à une trentaine, tout en maintenantla répartition 60 % pouvoirs publics et 40 % associatif ;
• la mise en place de procédures pour clarifier les rapports avec les propriétaires et les locataires ;
• le fait que le CA aborde des discussions jusqu’ici ignorées : quel type de logements prendre en gestion en fonction des personnes inscrites sur les listes d’attente, quid del’efficience énergétique des logements, etc.
À la suite de ce travail, l’AIS est à nouveau sur les rails et ne nécessite plus le même investissement de la part de la Plateforme. Celle-ci s’est définie denouvelles priorités, comme la participation au travail de décodage des plans communaux du logement.
Perspectives pour l’AIS
Actuellement, Gestion Gembloux et Fosses gère quelque 110 logements contre 70 deux ans plus tôt. Un nouvel administrateur délégué est en place. L’asbl travaillebeaucoup en réseau avec les CPAS et les services sociaux de chaque commune. Toutes les attributions se font en concertation. Dans le cadre de la pédagogie de l’habiter, l’AIS estattentive aux aspects énergétiques. « En amont, on essaie de prendre des logements pas trop énergivores, nous explique-t-on à l’AIS. Si c’est le cas, on essaied’apporter des modifications, soit via le propriétaire, soit via le locataire s’il est prêt à isoler lui-même. Nous avons aussi un ouvrier qui va sur place et aide àréaliser les travaux. On sensibilise les personnes à l’utilisation rationnelle de l’énergie et on relaie vers les services concernés pour voir si la personne peutbénéficier d’un tarif social ou de client protégé. » À cela s’ajoute aussi la gestion des loyers impayés en partenariat avec les CPAS pour la guidancebudgétaire. S’il y a d’autres dettes que celles des loyers, les personnes sont orientées vers les services de médiation de dettes.
Quant à renouer des collaborations avec les communes qui se sont retirées, l’idée reste dans l’air. Si nous n’avons pas pu joindre la commune de Sombreffe, ducôté de Gembloux, Monique Dewil, échevine en charge du Logement3, nous affirme qu’il n’est pas prévu de renouveler la collaboration avec l’AIS : « Nousn’avons pas de critiques à formuler contre cette association aujourd’hui. Sauf que lorsque nous participions à l’AIS, on versait une cotisation de X francs par habitant et celan’apportait pas plus de services à la population. Et puis, Gembloux est Gembloux : les propriétaires préfèrent louer à des étudiants que de remettre lagestion de leurs biens à une AIS. On le voit lorsque l’AIS fait des informations à l’attention des propriétaires gembloutois. De plus, aujourd’hui, les modificationsapportées au Code du logement permettent à la société de logement public ou au CPAS de jouer ce rôle en prenant des logements en gestion. Et nous-mêmes, noussommes confrontés à cette même difficulté à trouver des logements. »
À Profondeville, on est plutôt dans l’attente. « L’AIS ne gérait qu’un logement, gestion reprise depuis par la commune, commente Jean-Marie Bournonville, échevin duLogement4. Notre problème est que nous sommes trop proches de Namur, du coup les loyers sont très élevés et les propriétaires n’ont pasd’intérêt à confier leurs logements à une AIS. Toujours est-il que si, pour l’instant, on n’envisage pas de réintégrer l’AIS, on ne ferme pas la porte pourautant. »
Pour l’anecdote, on notera que l’action menée par la Plateforme Logement a éveillé l’intérêt jusqu’au Grand-Duché de Luxembourg. Le ministère de laFamille et du Logement grand-ducal envisagerait de créer des AIS sur son territoire et, à cette fin, a demandé à rencontrer le GABS pour qu’il lui fasse part de sonexpérience.
1. Gestion Gembloux et Fosses asbl :
– adress
e : rue Victor Lagneaux, 40/1 à 5060 Tamines
– tél.: 07174 33 74
– courriel : aisglgf@perso.be
2. Gabs :
– adresse :
• rue des Glaces nationales, 142-144 à 5060 Auvelais
• rue Haute, 8 à 5190 Spy
– tél. : 071 78 42 71
– courriel : citoyennete@gabs.be
3. Monique Dewil, échevine du Logement, rue du Huit Mai à 5030 Gembloux – tél. : 081 62 63 28 – courriel : monique.dewil@gembloux.be – site : www.moniquedewil.be
4. Jean-Marie Bournonville, échevin du Logement, chaussée de Dinant, 2 à 5170 Profondeville – tél. : 0495 22 30 77 – site : www.profondeville.be