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Regard critique · Justice sociale

Plus de prévention et de coordination pour les sans-abri

Une enquête de l’ULg et de l’université d’Anvers portant sur l’aide des CPAS aux personnes sans-abri prône une approche plus globale des pouvoirs publics.

12-03-2010 Alter Échos n° 291

Une enquête de l’ULg et de l’luniversité d’Anvers portant sur l’aide des CPAS aux personnes sans-abri prône une approche plus globale des pouvoirs publics.

Une des mesures du plan fédéral de lutte contre la pauvreté proposé en 2008 était une étude1 sur les liens entre CPAS et personnes sans-abri.Objectif : mieux appréhender la manière dont les CPAS leur viennent en aide et faire remonter les bonnes pratiques en la matière.

L’étude a été confiée aux universités de Liège et d’Anvers. Les chercheurs ont eu recours à une enquête quantitativeauprès de tous les CPAS belges ainsi qu’à deux séries d’entretiens qualitatifs, la première étant ciblée sur les personnes qui travaillent dansles CPAS, tandis que la seconde visait à rencontrer le secteur de l’aide.

Pour les chercheurs, les demandeurs d’aide parmi les sans-abri sont d’abord des personnes qui habitent provisoirement chez des amis ou des parents. L’étude soulignequ’il y a davantage de jeunes, de personnes ayant des problèmes psychiatriques, des problèmes d’assuétude, de familles avec enfants et de femmes. Enfin, laféminisation des sans-abri est davantage marquée en Wallonie (40 %) qu’en Flandre (17,2 %). Elle est aussi un phénomène en progression, relèvel’étude, qui s’observe aussi bien pour des femmes isolées que pour des femmes accompagnées de leurs enfants.

L’étude fait ressortir les aspects multidimensionnels du sans-abrisme et pointe les lacunes dans les données disponibles sur ce phénomène ainsi que le faitqu’elles sont peu comparables. Les capacités d’accueil des sans-abri sont insuffisantes et il manque de logements sociaux qui permettraient de sortir durablement les personnes dusans-abrisme.

Prévention

L’étude relève en outre que la prévention du sans-abrisme est relativement limitée. L’avis d’expulsion que reçoit le CPAS est l’outil leplus souvent évoqué par ces derniers comme moyen d’agir avant que les personnes se retrouvent à la rue. Comparant les situations régionales, l’étude remarqueque la Flandre a développé plus d’initiatives de prévention, au niveau des interlocuteurs locaux, des fournisseurs d’énergie ou des logements sociaux, parexemple.

Mais surtout, l’analyse des universités de Liège et d’Anvers montre la grande autonomie des CPAS en la matière et donc la grande variété desréponses qu’ils apportent à la problématique des sans-abri. Une structure et une harmonisation de l’aide au niveau national font défaut, soulignent leschercheurs.

« Le sans-abrisme est une problématique qui touche de nombreuses compétences, qui vont du logement à l’emploi en passant par la santé, entre autres. Ilfaut donc coordonner de multiples intervenants et niveaux de pouvoir, depuis la commune jusqu’au fédéral », explique Pierre-Jean Burrion, porte-parole dusecrétaire d’État à la Lutte contre la pauvreté, Philippe Courard (PS)2.

Philippe Courard propose d’assurer la coordination des politiques en matière de sans-abrisme au niveau de la Conférence interministérielle« Intégration sociale ». « Il ne s’agit pas de mettre en place une nouvelle politique, souligne Pierre-Jean Burrion, mais de coordonner les multiplesmodes d’intervention qui existent actuellement et de développer les bonnes pratiques relevées par l’étude. »

De son côté, le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale3 va rendre public, le 24 mars prochain, ladeuxième partie de son rapport bisannuel. Ce rapport traite en particulier du sans-abrisme. « La méthode que nous avons utilisée pour notre rapport estdifférente, souligne Françoise De Boe, du Service de lutte contre la pauvreté. En particulier, notre approche concerne le secteur de l’aide dans son ensemble, et passpécifiquement les CPAS. Mais nous arrivons aux mêmes conclusions, la nécessité d’un plan global et de mesures préventives. »

1. SPP Intégration sociale :
– adresse : bd du Roi Albert II, 30 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 508 85 86
– site : www.mi-is.be.
L’enquête sur l’aide des CPAS aux personnes sans-abri est disponible sur le site du SPP Intégration sociale(pdf).
2. Cabinet du secrétaire d’État à l’Intégration sociale et à la Lutte contre la pauvreté :
– adresse : rue Ernest Blérot, 1 à 1070 Bruxelles
– tél. : 02 238 28 11 (28 39)
– courriel : courard@minsoc.fed.be
– site : www.courard.be
3. Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale :
– adresse : rue Royale, 138 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 212 31 73
– courriel : luttepauvrete@cntr.be
– site : www.luttepauvrete.be

Arnaud Gregoire

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