À partir de l’automne prochain, les candidats inspecteurs de police suivront des cours pour mieux comprendre le comportement des jeunes.
Le cursus des candidats inspecteurs de police va être modifié à partir de l’automne prochain: ils suivront notamment un nouveau module de cours intitulé «orientation sociale».
«Lorsqu’il a été décidé il y a un certain temps de réformer ce programme de cours, nous avons décidé de partir d’une feuille blanche», explique Chris Bogaert, commissaire divisionnaire. «La police a examiné avec un certain nombre d’experts les lacunes de l’ancienne formation et a déterminé ce qui devrait certainement faire partie de la nouvelle. Et le thème de l’orientation sociale est revenu dans absolument toutes les discussions.»
Le module de cours abordera des thèmes comme la culture, la diversité, les mouvements de migration, la pauvreté ou la radicalisation. Mais, de façon plus spécifique, il sera centré sur la culture des jeunes. Et là aussi, ce sera au sens large, des sujets comme les bandes de jeunes figurant également au menu.
Chris Bogaert: «Le but est que les candidats policiers prennent le temps de s’arrêter et de réfléchir à la société avec laquelle ils vont être en contact.» De multiples études montrent que les relations sont mauvaises entre la police et la jeunesse. Ces études font l’objet de discussions lors d’une journée d’étude organisée (le 26 mars) par le Centre for Policing and Security, un organe de conseil composé de professeurs d’université et de policiers.
«C’est surtout dans les grandes villes et au sein de groupes spécifiques, comme les jeunes d’origine immigrée, que nous constatons ces problèmes», précise l’une des intervenantes, Jenneke Christiaens, criminologue à la VUB spécialisée dans l’étude de la criminalité des jeunes. Selon elle, si les relations entre jeunes et policiers se sont dégradées au cours des dernières années, c’est parce que chacune des deux parties s’est peu à peu forgé une image de l’autre en tant qu’ennemi.
Jenneke Christiaens: «Les jeunes se sentent visés par les contrôles d’identité à répétition et considérés comme une sorte de problème qui prendrait en otage une partie de l’espace public, notamment à travers les sanctions administratives communales. La police tend aussi bien souvent à voir les jeunes qui traînent souvent aux mêmes endroits comme des coupables en puissance; ils sont suspects avant d’avoir fait quoi que ce soit.»
«Cela finit par conduire à une perte de confiance générale en la police»
«Les jeunes des villes se posent souvent des questions sur l’attitude de la police. La manière de les traiter, de leur parler, de les réprimander, cela laisse souvent des traces. Ces jeunes grandissent et conservent les mêmes impressions en tant qu’adultes. Cela finit par conduire à une perte de confiance générale en la police et à une perte de légitimité de celle-ci. C’est quelque chose qu’une société ne peut pas se permettre.»
Une journée d’étude similaire avait déjà été organisée il y a quelques années, se souvient Jenneke Christiaens. «Nous avions alors remarqué que les policiers se sentaient très vite en position d’accusés. Bien entendu, tous les policiers n’ont pas des problèmes avec les jeunes. Mais les expériences négatives laissent plus de traces que les autres. Il n’est même pas nécessaire qu’un jeune ait eu personnellement une mauvaise expérience: si l’un de ses amis en a eu une, il va peu à peu se former une sorte de conscience collective et chaque incident nouveau ne fera que renforcer la perception initiale.»
C’est pour cela qu’il est important que non seulement la police mais la société tout entière arrivent à définir ce qui constitue un comportement acceptable de la part des jeunes, conclut Jenneke Christiaens. «Pourquoi n’acceptons-nous pas que des jeunes traînent dans des espaces publics? Les enquêtes montrent pourtant à quel point ils en ont besoin pour leur socialisation et leur développement.»
Revue de presse, d’après De Morgen
Aller plus loin
Alter Échos n°394 du 11.12.2014 (numéro spécial): «Police et jeunes: ‘Je t’aime, moi non plus’».
Alter Échos n°394 du 11.12.2014 (numéro spécial): «Police et citoyens, méfiance réciproque».