La police, beaucoup l’aiment peu. D’aucuns diront «tout le monde» la déteste. Reste qu’il faut faire avec. Faire – ou défaire – la police, avec elle, la considérant comme un acteur parmi d’autres, parmi nous, sentinelle dans nos rues, satellite dans notre tissu social. La fracture est abyssale entre les citoyens et la police*. Le chantier est donc colossal.
«À travers une orientation préventive, un contact plus marqué, plus positif avec la population, la police gagnera à être davantage reconnue au travers de ses actions, avance comme piste Vincent Seron (lire son entretien), interrogé sur la police de proximité, profession qui, derrière les beaux mots, souffre d’un manque de moyens, de temps et de reconnaissance (lire «C’est arrivé près de chez vous»).
La prévention plutôt que la répression. C’est aussi ce que défend le collectif français Police contre la prohibition, qui milite pour la dépénalisation de l’usage des drogues en France (lire «Ces flics qui lèvent la voix contre la prohibition»). Un plan win-win qui permettrait d’alléger le travail des flics et de restaurer la confiance des citoyens.
La prévention s’amorce aussi dès les formations qui, «face aux préjugés, sont utiles, mais montrent aussi leurs limites» (lire «La formation contre les préjugés au sein de la police? ‘Juste un Dafalgan’»). Dans le (couvre-)chef de certains policiers, on plaide donc pour le développement d’intervisions, mais la résistance est forte.
Évaluer. Contrôler. Et sanctionner. Les mécanismes existent, mais ils sont grippés (lire: «L’impunité, plus qu’un sentiment»), laissant des victimes – vivantes et absentes – à leur sentiment d’injustice.
Ces pages ne feront pas le tour de la question de comment réformer, ou démocratiser la police. Elles ont à tout le moins le mérite de montrer que, derrière l’esprit de corps, il y a des têtes – singulières – qui pensent, parlent et, si elles ne sont pas encore prêtes à poser un genou par terre, prêtent déjà l’oreille.
* Lire aussi à ce sujet le dossier «La police en garde à vue», de nos confrères d’Imagine, septembre-octobre 2020.