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Regard critique · Justice sociale

Politique des grandes villes : pub, bougies et profession de foi

Organisée le 3 mars 2010 par le SPP Intégration sociale1, la conférence « Dix ans d’action sociale urbaine » a surtout valu par le débatmené en fin d’événement. Une occasion de mettre la politique des grandes villes (PGV) en perspective et de s’interroger sur son avenir.

14-03-2010 Alter Échos n° 291

Organisée le 3 mars 2010 par le SPP Intégration sociale1, la conférence « Dix ans d’action sociale urbaine » a surtout valu par le débatmené en fin d’événement. Une occasion de mettre la politique des grandes villes (PGV) en perspective et de s’interroger sur son avenir.

Mise sur orbite de manière décontractée par un Michel Daerden (PS), ministre fédéral des Grandes villes, qui devait avoir d’autres corbeaux àfouetter en ce jour, la conférence « Dix ans d’action sociale urbaine » a débuté par une présentation de huit projets urbains. Fleurant bonl’opération de marketing politique, cette énumération de près de deux heures laissa, une fois finie, un goût de trop peu pour le moins paradoxal : sil’ensemble avait paru long, le peu de temps laissé à chaque projet pour faire sa pub (15 minutes) ne permettait que d’entrevoir les maillages parfois complexes sous-tendantl’action de chacun. Un petit peu frustrant…

Dans ce contexte, le moment de débat programmé en fin de conférence donna lieu à quelques échanges plus intéressants. Animé par Mark Trullemans,adjoint à la coordination du Pacte territorial pour l’emploi de Bruxelles, le dialogue débute par une question : mise en place il y a dix ans dans l’urgence afin derépondre à certains problèmes de sécurité, de prévention ou encore de propreté, la politique des grandes villes n’a-t-elle pas doucementglissé vers des concepts de développement durable ou de plus grande prise en compte de l’élément social ou de la mixité ? « Il est clair que l’onest passé d’un mouvement de prévention à un mouvement de participation et de citoyenneté, répond Catherine Houdart, échevins de l’Education et dela Participation citoyenne de la ville de Mons. La plupart des politiques de rénovation que nous avons mises en place à Mons ont vu la population embrayer le pas à un certainmoment. »

Planification pluriannuelle : la solution ?

Empruntant des voies plus administratives, le débat s’oriente alors vers la question de la planification. Si les projets des pères fondateurs se créaient souvent sur labase d’une planification annuelle, les plus récents (à partir de 2005) sont souvent pluriannuels. Plus conséquents, ceux-ci ont aussi et surtout un impact beaucoup plusimportant. Une bonne raison pour abandonner totalement la planification annuelle, le plus souvent considérée comme un simple complément au budget communal, au profit dupluriannuel ? Éric Massin, échevin de l’Urbanisme et de l’Aménagement urbain de la ville de Charleroi, détaille sans pour autant totalement vider la question :« Il est clair que si l’on veut que les effets de certaines initiatives se fassent sentir autrement que sur du bâtiment, il ne faut pas du court ou du moyen terme, mais bien dutrès long terme. Il faut laisser aux initiatives le temps de s’intégrer. » Et l’élu de plaider pour la création d’un observatoire des grandesvilles qui puisse peser sur l’allocation des budgets.

Dans ce contexte de « primauté » de la politique des grandes villes, Mark Trullemans se pose la question de savoir si celle-ci a réussi à se mettre au centre desdébats. David Neuprez, directeur du Service développement stratégique et durable de la commune de Schaerbeek embraie. « Ce qui est sûr, c’est que la PGV apermis un échange d’expériences entre acteurs de celle-ci, ce qui est un de ses aspects fondamentaux. » Et concernant la « centralité » de ladite PGV ?« Il est évident que la PGV a mis la ville au centre des préoccupations », confirme Joris Demoor, coordinateur de la PGV de Gand.

« La compétence des villes comme politique homogène, cela n’existe pas ! »

Prenant ensuite la parole, c’est Julien Van Geertsom, président du SPP Intégration Sociale qui clôturera la journée, en tentant d’ouvrir des pistes et enplaidant aussi, un peu, pour sa chapelle. « Dans le climat actuel, certains affirment que plus de Région, ce serait mieux. Or on voit bien que la PGV dépasse les limites desquartiers, des communes, des villes, des régions. On ne peut pas mener une politique verticale dans ce domaine. La compétence des villes comme politique homogène, celan’existe pas ! Il faut la gérer de manière transversale. L’avenir de la PGV, c’est la gouvernance multi-niveaux. Dans ce cadre, la mise en place d’un accord decoopération entre le fédéral, les Régions et les villes est indispensable. Je pense d’ailleurs que le ministre Daerden va organiser une conférenceinterministérielle pour mettre cela en place. Il y a encore du travail. Ces dix ans que nous fêtons aujourd’hui, c’est notre anniversaire, pas nos funérailles !» Belle profession de foi.

1. SPP Intégration sociale :
– adresse : bd du Roi Albert II, 30 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 508 85 86
– site : www.mi-is.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

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