Professionnelle pour les chômeurs, sociale pour les allocataires sociaux, le mot d’ordre, aujourd’hui, est : activation.
Un concept né dans les années nonante et qui a pris forme en Belgique à travers des mesures toujours plus contraignantes et individualisantes. Ici et là, les services font signer des contrats aux bénéficiaires, et leur non-respect rime avec sanction, mais aussi avec échec, puisque l’individu en situation de pauvreté est désormais tenu pour responsable de sa situation.
Les chômeurs comme les allocataires sociaux sont ainsi passés en quelques années du statut de « personnes à protéger » à celui de « coupables ». Pour les remettre sur le droit chemin – et éviter ainsi à la Sécurité sociale et à la protection sociale de les prendre trop longuement « en charge » – leurs parcours sont balisés par les autorités. Des parcours normalisés, mais qui prennent des tours absurdes. Demandeurs d’emploi exclus du chômage désormais au CPAS, allocataires sociaux en contrat article 60 pour recouvrer leurs droits au chômage, chômeurs malades en incapacité de travail expédiés à l’Inami… Les trajectoires ballottent l’individu, telle une boule de flipper, d’une caisse d’assurance ou d’assistance à l’autre, donc d’un niveau de pouvoir à l’autre, donc d’un service public à l’autre, avec le risque qu’il se volatilise en chemin et sorte ainsi des radars des politiques publiques.
L’activation, parfois portée à son paroxysme par certains travailleurs sociaux sous pression – les recours à l’égard de nos institutions n’ont jamais été aussi nombreux –, et la normalisation des politiques sociales qui en découle engendrent le chaos.
Ce numéro hors-série, « Politiques sociales, un chaos organisé », téléchargeable gratuitement, fait le point sur vingt ans de politiques sociales en matière d’activation à partir des archives d’Alter Échos et de la revue Ensemble! Il a été réalisé à l’occasion du débat organisé ce 26 octobre au Festival des Libertés par l’Agence Alter et le Collectif Solidarité contre l’exclusion, avec autour de la table Yves Martens (CSCE), Bernadette Schaeck, militante de l’aDAS (association de défense des allocataires sociaux) et Martin Wagener, chercheur et professeur en politiques sociales (UCL) – vous les croiserez également dans ce numéro ou en ligne.