Les éditions Academia ont publié cet été un petit ouvrage dirigé par Bernard Fusulier (sociologue, UCL) : «L’ouvrier, l’usine et le syndicalisme wallons.Involutions et enjeux (1960-2000)» 1.
Le monde industriel est en déclin, les grandes entreprises en mutation. Il ne s’agit pas là seulement de transformations des structures d’une économie bâtie sur le charbonet l’acier. C’est aussi la transformation d’identités et de conflits. L’ouvrage décrit ces mouvements de l’économie wallonne en trois gros chapitres : l’un consacréà la classe ouvrière, le deuxième au secteur sidérurgique et le troisième aux syndicats. Chaque fois, la même structure : l’état des lieux dans lesannées 60, les évolutions successives depuis et le détail des enjeux actuels.
Le chapitre consacré au syndicalisme (Bernard Francq et Xavier Leloup, sociologues, UCL) est celui qui renouvelle le plus les manières de voir classiques. Comment en arrive-t-on,à travers les luttes successives depuis les grèves de 60, à un syndicalisme sans mouvement ouvrier ? Et à quoi cela ressemble-t-il, une fois devenu «un moyend’action collective parmi d’autres ? « Face au chômage de masse persistant et face à l’intervention croissante des gouvernements dans la concertation sociale – les structuresinternes des syndicats n’ayant pratiquement pas changé en 40 ans – les logiques d’action des décennies précédentes sont épuisées. Pour ledélégué de base, le plus souvent, le cadre de travail s’est inversé. Au lieu d’être au centre d’un collectif de travailleurs relativement homogène, il seretrouve mis à distance de son public du fait de l’éclatement des entreprises (multiplication des sièges, autonomisation des unités). Le GSM devient l’outilemblématique, et le quotidien du travail est envahi par la nécessité de gérer les problèmes sociaux d’un nombre croissant de travailleurs paupérisés,surendettés, etc. Le syndicat devient «fournisseur de services», en tension avec des recherches de radicalité dans le discours.
Plantant avec vigueur les enjeux des prochaines années, c’est sur une «nécessaire redéfinition du syndicalisme» que les auteurs concluent.
1 189 pages. A commander en librairie ou chez Académia, Grand-place 29 à 1348 Louvain-la-Neuve, tél. : 010/45 23 95, fax : 010/45 44 80.
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