Le nouveau rapport de données médico-sociales de l’ONE vient de sortir1. Avec un chapitre spécifique sur les inégalités sociales de santé. Lesa uteurs y montrent combien l’origine sociale des parents conditionne, au moins partiellement, la santé des enfants et leurs capacités langagières.
Depuis 25 ans, l’ONE possède une banque de données médico-sociales (BDMS). Elle vient de publier son 6e rapport, qui vise à mettre à disposition des intervenants en lien avec l’enfance, des données pertinentes concernant la santé au sens large des nouveaux-nés et des enfants mais aussi des futures mamans. Les données statistiques qu’il contient concernent 2006-2007.
Les deux premiers chapitres regroupent quantité de données relatives à l’enfant et à la mère à la naissance et durant la grossesse, puis aux enfantsjusqu’à l’âge de cinq ans : mortalité infantile, mode d’accouchement, âge de la mère, profils des mamans dans les consultations prénatales ONE, vaccination, mort subite, alimentation, allergies, développement psychomoteur, etc. Quasi tout y passe pour y donner une photographie fort représentative de la naissance et des premiers mois de la vie. Les données sont comparées chronologiquement à partir de 1994, ce qui permet d’identifier les évolutions les plus marquantes.
Pointons
• l’explosion des accouchements par césarienne (de 13,7 % du total des accouchements en 1994 à 20,4 % en 2007),
• l’âge de plus en plus élevé des mères (lors de l’accouchement, 1,5 % des mères avaient 40 ans ou plus en 1994, pour 4,2 % en 2007 – un quasi triplement en moins de 15 ans ; a contrario 23,3 % des mères avait moins de 25 ans en 1994, contre seulement 17,1 % en 2007),
• la diminution de durée moyenne des grossesses (le pourcentage de naissance en semaines 40 à 42 sont passées de 44 % en 1994 à 36,4 % en 2007, au profit des durées plus courtes),
• ou encore la progression de l’allaitement maternel (80,4 % des enfants allaités à la sortie de maternité en 2007 contre 68,5 % en 1994).
De nouveaux visages, de parents et d’enfants
Le troisième chapitre se penche sur les inégalités sociales de santé. Il constate que si, des années ’60 à récemment, la pauvreté touchaitessentiellement les personnes âgées et une catégorie d’ultra-précarisés, le « quart-monde », il n’en est plus de même aujourd’hui. L’ONE relève que la pauvreté a pris de nouveaux visages et « touche de plus en plus de jeunes adultes, des enfants et leurs parents et elle ne se limite plus aux personnes professionnellement inactives, elle concerne également des travailleurs ayant des conditions de travail précaires. » Ainsi, en 2007, 17 % des familles ayant des enfantsde 0 à 15 ans sont sous le seuil de pauvreté. Le risque de pauvreté est encore nettement accru (3 fois plus) dans les familles monoparentales. Le rapport met encorrélation ces derniers chiffres avec le fait que les familles monoparentales ont le taux d’emploi le plus bas, au contraire de la Suède, par exemple, grâce, là-bas,à un bon taux d’emploi féminin et à la présence de services d’accueil de la petite enfance performants.
Le rapport met en évidence que cette pauvreté aux nouveaux visages a des conséquences importantes pour les enfants qui la subissent. Les indicateurs liés aux comportements et au mode de vie sont en effet significativement plus défavorables dans les populations défavorisées : langage, alimentation, soins dentaires, etc.
Ainsi, le retard de langage des enfants calculé à 30 mois, est bien plus élevé pour les enfants dont la maman possède, au maximum, un diplôme du secondaire inférieur (51,2 %) par rapport à ceux dont la maman possède un diplôme du supérieur (43,9 %). Or « il est prouvé que le retard de langageprésent au début de la scolarisation interfère sur le parcours scolaire ultérieur et le taux de réussite », indique le rapport. Et les auteurs de pointerdes aspects du milieu familial qui favorisent l’acquisition du langage, qui conditionne tellement la réussite scolaire ultérieure : « la présence et la régularité d’activités d’apprentissage (raconter une histoire, lire un livre, apprendre les couleur…), la mise à disposition de l’enfant de matérielsuffisamment diversifié et adapté à l’âge (livres, jouets) et, enfin, la qualité de l’interaction parents-enfant (sensibilité et réceptivitéà l’égard de l’enfant, niveau de langage adapté… ) ». En conséquence, l’étude recommande de cibler les mesures préventives auprèsdes familles sur l’amélioration de ces facteurs spécifiques.
1. Le rapport « banque de données médico-sociales – données statistiques 2006-2007 » peut être sur téléchargé au format PDF