La Ligue des familles, le Délégué général aux droits de l’enfant et le Forum bruxellois de lutte contre la pauvreté lancent une campagne sur les effets ducoût de la rentrée scolaire sur les ménages pauvres. Ils dénoncent une nouvelle fois une école pas si gratuite que ça.
C’est la triste réalité, mais le coût de l’école comme facteur aggravant des inégalités sociales devient un marronnier, un sujet récurrent derentrée. Car rien ne bouge. L’an passé, le Délégué général aux droits de l’enfant lançait son manifeste « Pauvreté etécole, quelles priorités ? ». L’année d’avant, ce même délégué publiait son rapport sur la pauvreté intitulé« Dans le vif du sujet ». L’école y occupait une bonne place. La Ligue des familles, entre autres acteurs, sort régulièrement des études et rapportssur le thème.
Cette année, le Forum bruxellois de lutte contre la pauvreté1, le Délégué général aux droits de l’enfant2 et la Ligue desfamilles3 ont lancé la campagne « Pour une rentrée solidaire ». Le ton est donné par Céline Frémault, vice-présidente duForum bruxellois de lutte contre la pauvreté : « C’est inadmissible que des enfants soient pris en otage par des réalités qui les dépassent »,s’indigne-t-elle.
L’école n’est pas gratuite, elle génère des inégalités et la rentrée des classes cristallise cet écart grandissant entre les enfants. Ce messagefut martelé le 30 août lors d’une conférence de presse donnée par les trois institutions qui unissent leur voix pour « briser le cercle de laprécarité », un cercle vicieux ou précarité et échec scolaire sont intimement liés. Plus particulièrement en région bruxelloiseoù 30 % des familles sont « socio-économiquement lésées ».
« Des écoles utilisent ces frais pour faire de la sélection »
Cette campagne vise à alerter l’opinion publique et les responsables politiques sur cette mise à l’écart par l’argent des élèves défavorisés. Elles’appuie notamment sur une récente étude de la Ligue des familles qui a évalué le coût de la rentrée scolaire à 169 euros en maternelle, 384 enprimaire et 570 en secondaire. Vêtements, matériel et autres remises à niveau grevant sérieusement le budget des parents. A cela s’ajoutent pendant l’année des fraisimportants non prévus par la loi, mais rendus obligatoires dans certaines écoles. Voyages scolaires, remédiation ainsi que certains supports pédagogiques en font partie.Delphine Chabbert, directrice des études à la Ligue des familles affirme même que certaines écoles « utilisent ces frais pour faire de la sélection dupublic. »
Que faire pour que l’école cesse de pénaliser les enfants les plus pauvres ? Pour Bernard De Vos, le Délégué général aux droits de l’enfant,« il existe une série de textes qui organisent la gratuité, mais cela reste une chimère. Il faudrait une institution indépendante pour traquer ceux qui ne lesappliquent pas. » Les organisateurs de cette campagne insistent en effet sur l’importance de faire respecter la gratuité en rendant le contrôle des écoles plussystématique et effectif. Ils suggèrent d’instaurer des structures de coordination entre politique de lutte contre la pauvreté et politique scolaire. Enfin, ils proposent ausside déterminer un plafond des dépenses, par exemple à l’occasion des voyages scolaires.
Pour que cette campagne trouve des implications concrètes, une récolte de fonds est proposée. Elle permettra à des écoles de devoirs – dont la mission estjustement de s’adresser à des enfants vivant dans la précarité – d’acheter le matériel scolaire indispensable à la rentrée.
Une initiative intéressante qui n’éclipse pas tout à fait le sur-place politique en la matière, malgré les multiples interpellations, rapports et étudesqui s’entassent sur les bureaux des décideurs. Si quatre députées à la Communauté française étaient présentes lors de la conférence depresse – Julie De Groote (CDH), Caroline Désir (PS), Françoise Schepmans (MR) et Barbara Trachte (Ecolo) – Bernard De Vos ne peut que constater qu’au niveau politique,« cette question n’avance pas du tout ».
1. Forum bruxellois de lutte contre la pauvreté :
– adresse : rue Fernand Bernier, 40 à 1060 Bruxelles
– tél. : 02 348 50 23
– site : www.fblp.be
2. Délégué général aux droits de l’enfant :
– adresse : rue des poissonniers, 11-13 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 223 36 99
– site : www.dgde.cfwb.be
3. Ligue des familles :
– adresse : avenue Emile de Beco, 109 à 1050 Bruxelles
– tél. : 02 507 72 11
– site : www.citoyenparent.be